La précédente rébellion appelle également les pays d’Afrique de l’Ouest à lever l’embargo et à relancer « de toute urgence » le dialogue avec les militaires au pouvoir à Bamako.
Le Cadre Stratégique Permanent (CSP), qui regroupe plusieurs groupes politiques armés du nord du Mali, est rentré en fonction en fin de semaine sur la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation (APR) issu du processus d’Alger, nous avons droit dans le long communiqué de presse qui a sanctionné la rencontre des 15 et 16 janvier. Affirmant « fortement préoccupé par le niveau de détérioration de la confiance entre les parties et la lenteur persistante dans la mise en œuvre de l’APR, le CSP invite le gouvernement de transition à accélérer la mise en œuvre des engagements pris lors de la 45ème session du Comité supérieur de l’Accord (CSA) », lit-on dans ce communiqué, qui annonce également « la suspension de tous les postes de sécurité et de contrôle couverts par les forces des différentes organisations membres jusqu’à nouvel ordre ».
Déjà en souffrance sous feu le président Ibrahim Boubacar Keïta, décédé en milieu de semaine dernière, l’accord de paix souffre encore sous la junte qui a pris le pouvoir le 14 août 2020. Au lendemain de l’éviction d’IBK, le colonel Assimi Goïta et le les membres de la junte se sont engagés à sauvegarder ce texte, promettant qu’il serait au centre de leurs priorités durant la délicate phase de transition. Mais depuis, hormis les quelques réunions du CSA présidé par l’Algérie sous l’égide de l’ONU, il n’y a pas eu d’évolution tangible sur le terrain, regrette-t-il le CSP, qui « attire l’attention du gouvernement de transition sur le caractère inéluctable de la mesures et mécanismes prévus par l’APR pour la défense et la sécurité durable du pays ». Et d’insister sur le fait que « toutes initiatives parallèles risquent de compromettre les résultats obtenus et de compliquer une situation déjà jugée dramatique ».
Par ailleurs, « le CSP prend acte du dernier communiqué de presse de la médiation internationale conduite par l’Algérie qui appelle à la reprise du processus de mise en œuvre de l’Accord ». En effet, M. Le Goïta, qui a conduit à des sanctions diplomatiques et économiques contre Bamako, n’a cessé d’inquiéter l’ex-rébellion qui multiplie les demandes de retour à l’ordre institutionnel et constitutionnel dans le pays. L’embargo imposé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a ajouté au climat d’incertitude dans un Mali déjà en proie à une instabilité chronique et victime, depuis une décennie, de l’expansion du terrorisme islamiste au Sahel.
Tenant compte de ces derniers développements, le CSP invite la CEDEAO à « reconsidérer les sanctions dans le meilleur intérêt des populations déjà fragilisées par la lenteur du processus de paix et la pandémie de Covid-19 ». Dans son communiqué, le CSP invite également « le gouvernement de transition et la CEDEAO à relancer de toute urgence le dialogue sur la base de propositions consensuelles afin de trouver un terrain d’entente ». Ce qui n’est pas gagné d’avance.
Lyès menaçant