A la faveur d’un récent passage de Tv5 Monde, le juge en exil en France Essowé Batamoussi, s’est prononcé sur la condamnation de l’opposant Reckya Madougou. Il accuse la Cour de répression des crimes économiques et du terrorisme (Criet) d’être au service du pouvoir et taxe la juridiction spéciale de tous les noms. Du coup, le juge démissionnaire apporte de l’eau au moulin de ceux qui l’accusent d’être en mission pour l’opposition.
Après son exil en France, l’ancien juge du Tribunal pour la répression des crimes économiques et du terrorisme (Criet), Essowé Batamoussi, poursuit ses attaques contre les juridictions d’exception. Après que Reckya Madougou a été condamné à 20 ans de prison, il a de nouveau chevauché la bûche pour parler. L’ancien juge considère que cette sentence est logique au regard de la ligne tracée à l’encontre de l’opposant depuis le début de l’affaire. « Je n’étais pas surpris d’en arriver là, car le Criet ne pouvait pas reculer », a déclaré l’ancien juge. Pour lui il s’agit plus ou moins d’une implacabilité envers le candidat à la présidentielle d’avril 2021. Ceci, malgré les démonstrations avérées énoncées dans l’acte d’accusation du procureur spécial, « il n’y a aucun élément d’accusation qui puisse justifier la condamnation ». Il défend sa chapelle, peu importe. Ce manque d’objectivité et d’impartialité chez Essowé Batamoussi n’est pas nouveau et se justifie pleinement par son incroyable parcours plein de rebondissements. Après son départ de La Criet, il avait également proféré de nombreuses incohérences et mensonges. Évoquant le motif de sa démission, il a dénoncé les conditions dans lesquelles travaillent les juges de Criet. Selon lui, les magistrats ne sont pas totalement libres dans l’exercice de leurs fonctions. Il a également évoqué la prétendue pression de la chancellerie sur Criet. « Le Criet ne serait pas indépendant ». Dans le cadre de l’affaire Madougou, « ils auraient reçu des instructions », a-t-il ajouté. Des propos qui, à l’époque, avaient suscité l’ire du ministre de la Justice, Séverin Quenum.
Visiblement dans
mission
Après les déclarations d’Essowé Batamoussi en avril dernier, le ministre de la Justice a vivement réagi. Pour le ministre Séverin Quenum, le juge démissionnaire était en mission pour le compte du camp politique de Reckya Madougou. « Une telle déclaration faite en faveur de l’accusé Madougou le 5 avril 2021 n’est ni surprenante ni anodine. Madougou et ses alliés de l’opposition dite radicale jurent par tous les dieux que les élections du 11 avril n’auront pas lieu et qu’à partir du 5 avril ils déclencheront une insurrection pour mettre fin au mandat du président en exercice », a-t-il avait confié au garde des sceaux. Pour Sévérin Quenum, les dépenses du juge Batamoussi sont une affaire de manipulation politique », a-t-il déclaré, évoquant le travail du magistrat. Cependant, depuis sa création, Criet a résolu plusieurs affaires, allant du trafic de drogue aux affaires de corruption et de criminalité économique. Dans le cas d’Icc-Services et autres, l’institution judiciaire s’est avérée compétente et exemplaire. Plusieurs proches de membres du gouvernement et même du chef de l’Etat ont été accusés, jugés et punis par Criet selon les lois en vigueur en République du Bénin. Même à ce stade, n’y a-t-il eu aucune manipulation ? Une question tourmente les esprits dans cette affaire. Pourquoi est-ce l’affaire Reckya Madougou qui a conduit à la démission du juge ? Du coup, de nombreux observateurs se demandent si Essowé Batamoussi ne devrait pas être poursuivi pour trouble à l’ordre public. Mieux, si vous n’avez pas à ouvrir une enquête par contumace sur votre cas pour violation de l’éthique et non-respect de l’éthique de la société. Pour beaucoup, sa démission avait été arrangée par des membres de la défense de l’opposant Reckya Madougou. Rien ne pourrait aujourd’hui confirmer ces allégations selon lesquelles la procédure rapide engagée en France pour obtenir, avec les membres de sa famille, le statut de réfugié en France a déjà abouti. En effet, quatre mois après sa démission du Tribunal pour la répression des crimes économiques et du terrorisme, le magistrat Essowé Batamoussi a atterri à Paris, la capitale française. Bien qu’ayant pu trouver refuge à Lomé, le juge a réussi à rejoindre Paris grâce à l’assistance de l’avocat français, membre du collège des avocats constitué pour la défense de Reckya Madougou.