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Gobi, réalisateur de black santiago : « nous sommes restés fidèles à notre style musical »

Black Santiago créé en 1964 au Ghana par feu Ignace de Souza est un orchestre béninois reconnu pour ses spécialités musicales que sont la salsa et l’afrobeat. Après 60 ans d’existence, l’orchestre chemine toujours joyeusement sous la direction de Gobi. Dans cette interview il revient sur le parcours de l’orchestre et dévoile ses projets.

Parlez-nous un peu de l’histoire de Black Santiago.
L’histoire de l’orchestre remonte à l’époque où les Black Santiagos étaient au sommet de leur art. Ils ont d’abord eu l’idée de donner le nom  »les noirs de Santiago », c’est-à-dire les noirs qui portent le Santiag. Il y a aussi une ville à Cuba appelée Santiago. Ils en ont déduit qu’il s’agissait de Noirs de Santiago, d’où le nom de  »Black Santiago ». Par la suite, ils sont restés au Ghana jusqu’à ce que le chef du groupe Ignace de Souza reprenne le groupe dans lequel il jouait et en devienne le propriétaire. Mais avec les rapatriements ils sont revenus au Bénin. Ensuite, ils sont allés au Nigeria pour jouer pendant un certain temps. Il faut dire qu’ils ont beaucoup voyagé. Le chef d’orchestre de l’époque était un grand trompettiste et saxophoniste bien connu en Afrique de l’Ouest. Il a joué en Côte d’Ivoire et partout. C’était un ami de Fela Kuti qui venait aussi souvent l’écouter au Bénin. C’est pour ces raisons qu’il revendique le rythme Afrobeat. Fela Kuti, venu travailler avec lui, a accéléré ce rythme au Nigeria. Mais pour preuve, son premier morceau en Afrobeat est enregistré en 1966 tandis que celui de Fela Kuti est enregistré en 1968. A noter qu’Ignace de Souza a toujours revendiqué avoir été le créateur de l’Afrobeat. J’ai rejoint le groupe en 1983. Je fais partie de l’orchestre depuis 40 ans. J’ai adhéré lorsque l’opportunité m’a été offerte. J’étais élève en terminale. Je poursuivais encore mes études mais j’étais déjà musicien professionnel. C’est comme ça que je suis entré dans Black Santiago et j’y suis encore aujourd’hui. Le 16 février 1988, nous avons eu un accident alors que nous faisions une tournée dans le Nord. Le bus s’est renversé et le conducteur est décédé. Il y avait eu 3 morts. En plus du chef d’orchestre, il y avait Miguelito senior et Eric Medrid. Nous étions aussi dans le bus. Bayo a pris la relève et dirigé l’orchestre pendant 28 ans et j’étais toujours son adjoint. Lui aussi est décédé après une courte maladie et j’ai pris la relève. Nous ne voulons pas que l’orchestre Black Santiago disparaisse. J’ai continué avec les musiciens mais maintenant je recrute des jeunes pour donner un nouveau souffle à l’orchestre. L’orchestre est resté fidèle à son style de musique, en particulier l’afrobeat.

Quels sont les projets de l’orchestre ?
Actuellement, nous avons de nombreux projets. C’était peut-être ma chance. Sinon, force est de reconnaître que l’orchestre de Black Santiago n’a jamais traversé l’océan pour se rendre en Europe depuis l’époque d’Ignace de Souza jusqu’à Agonglo Bayo. Mais quand j’ai eu l’orchestre, nous avons pu voyager. Nous étions au Quai Branly. C’est nous qui avons accompagné le retour des objets d’art. Pendant que nous y étions, il y avait la semaine culturelle à Paris et nous étions sélectionnés parmi ceux qui devaient l’animer. Nous avons donc eu beaucoup d’opportunités. Le directeur de Canal+ nous a contactés. D’autres ont eu l’idée d’écrire le scénario de Black Santiago et nous avons réussi à tourner une série de 8 épisodes qui est actuellement en préparation et le nom de la série qui sortira le 27 juin est  »Black Santiago Club ». Il sera diffusé sur Canal+Première. C’est vrai qu’il y avait un peu de fiction, mais c’est inspiré de la vie de l’orchestre. Ça a été tourné à Cotonou et ça a été une super expérience pour nous. Parce que c’est la première fois qu’on fait un film et on espère que ça va continuer. Nous avons encore d’autres plans comme aller au Canada et aux États-Unis. Aussi, il est à noter qu’en France nous avons eu la chance de rencontrer Florent Mazzoleni qui avait écrit un livre sur Black Santiago. Il est souvent appelé le spécialiste de la musique africaine et possédait une collection de pièces d’Ignace de Souza…

Combien d’albums sont crédités au groupe à ce jour ?
A l’époque d’Ignace de Souza, Black Santiago avait 15 albums, 3 à l’époque de Bayo et 4 albums avec moi. Ce qui fait 22 albums depuis 60 ans.

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Le 24 juin, l’institut français du Bénin est incendié. Tous les publics sont invités.
Propos recueillis par Fidegnon HOUEDOHOUN

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