« La grève des aspirants est l’expression d’un ras-le-bol. Depuis trois ans, ils subissent le martyre et ne manquent pas une occasion de poser leurs problèmes. Le gouvernement ne les écoute pas et viole toutes les lois applicables. En réalité, le texte qui régit les aspirants n’est autre que le décret no. 2015-373 du 24 juin 2015 portant régime juridique des agents contractuels de l’Etat. C’est ce texte qui régit tous les entrepreneurs au Bénin. Les candidats sont également des contractuels mais en CDD. A ce titre, elles sont régies par les textes de la République. Alors, pour rien au monde, on ne peut leur attribuer des messes horaires de 22h à 30h. Il s’agit d’une première violation de la loi. La deuxième violation de la loi est de leur verser un salaire qui ne respecte pas la grille salariale. Les salaires qui leur sont proposés ne respectent rien. En fait, les aspirants ne sont pas des stagiaires. Ce sont des entrepreneurs du gouvernement en bonne et due forme. Nous ne respectons pas l’échelle salariale et leur avons fixé des salaires arbitraires. A chaque fois ils posent des problèmes mais ne sont pas écoutés. Ils ont fini par faire grève. L’article 65 du décret 2015-373 prévoit le droit de grève pour tous les entrepreneurs publics. Ils ont donc le droit de grève et c’est pourquoi ils ont commencé la grève sans pouvoir le faire plus parce que le droit de grève dit que si les négociations échouent, vous pouvez faire grève. Depuis trois ans, le gouvernement ne veut même pas que des négociations aient lieu. Incapables de résister, ils ont déclenché le mouvement de grève et le gouvernement s’est permis de citer l’article 12 du contrat qui n’a même pas été signé par les aspirants. C’est un contrat de l’année dernière. Nous leur avons demandé confirmation pour ceux qui voulaient continuer l’aventure mais nous ne leur avons pas fait signer un nouveau contrat. Un contrat de 9 mois a été signé. Si on les reprend, il faut leur faire signer un autre contrat de 9 mois avec des clauses très claires.
La désorganisation d’un établissement visée au dernier alinéa de l’article du contrat entre les requérants et l’Anpe n’est pas une grève. La grève n’est pas une désorganisation volontaire. Il s’agit d’une interruption de travail concertée. C’est pour que les usines fonctionnent bien que les aspirants ont lancé la grève. S’ils font grève, c’est pour être bien payés, revenir au taux horaire normal pour que le travail se passe bien. L’article 12 ne doit donc pas s’appliquer aux demandeurs. Ils sont en effet visés par l’article 67 du décret de 2015. C’est le gouvernement qui est doublement et triplement coupable. C’est à lui de corriger cet état de fait au lieu d’essayer de le supprimer. Il y a près de 28 000 candidats (14 000 au primaire, 13 000 au secondaire). Au lieu de traiter avec eux, nous nous engageons à nous battre avec eux. Ce n’est pas normal. Au vu de tout ce qui précède, leur grève est légale et légitime car ils sont un peu comme des esclaves.
Le CSTB condamne l’acte du gouvernement et invite tous les travailleurs, syndicats et tout le peuple à soutenir par tous les moyens les aspirants qui ont raison. Il demande au gouvernement de les écouter et de résoudre leurs problèmes s’il veut que l’école soit sauvée ».
Propos recueillis par Serge Adanlao