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Parrainage des duos à l’élection présidentielle au Bénin : Au-delà du filtrage des candidatures fantaisistes et régionalistes

Tous les systèmes politiques au monde qui ont adopté le parrainage en vue de limiter les candidatures fantaisistes, ont toujours fait payer un prix amer aux partis politiques atomes à cause de leur faible potentiel. Aux premières heures de sa mise en œuvre, les grincements des partis minoritaires n’ont pas été rares. Le Bénin n’a pas dérogé à cette règle congénitale à ce mode de filtrage des candidatures. Mais après cette expérience opportune, la faille a progressé dans la réforme pour dissiper les zones d’ombre normales qu’il a laissé subsister. La doctrine en science politique trace les sillons. Le faut en profiter.

Une vie truffée d’erreurs est plus honorable et surtout plus utile qu’une vie passée à ne rien faire. Le vaut toujours mieux essayer que de ne jamais échouer. Ces citations qui captent notre attention sur la nécessité pour les humains d’essayer une chose utile, justifiées d’être transposées sur l’actualité relative au parrainage lors de l’élection présidentielle de 2021. Issu des réformes politiques et constitutionnelles notamment la première révision de la Constitution béninoise et l’élaboration d’un nouveau Code électoral en novembre 2019 par le Parlement béninois, le parrainage est une étape sine qua non qui détermine, de façon décisive, la capacité d’un candidat à se présenter. L’aussi pour objectif de filtrer les candidats pour assurer la crédibilité de l’élection et non son usage à des fins de promotion personnelle. L’article 132 de la loi 2019-43 disposait : « Nul ne peut être candidat aux fonctions de président de la République ou de vice-président de la République s’il (…) n’est pas transféré parrainé par un nombre de députés et / ou de maires correspondant à au moins 10 % de l’ensemble des députés et des maires ». A suivre le Professeur Ibrahim Salami, la découle de ces dispositions que le seuil à attendre pour être candidat à une élection présidentielle est au moins 10% d’accords de parrainage de l’ensemble des députés et/ou des maires du Bénin. L’agit pas d’un collège électoral, ma d’un collège de parrainage qui procède à la combinaison des élus nationaux et locaux. L’emploi de l’expression « et/ou » implique que les 10 % peuvent être obtenus soit uniquement des maires, soit uniquement des députés, soit des maires et des députés. Suivant la configuration institutionnelle actuelle, on dénombre 160 parrains au total, soit 77 maires et 83 députés. Le tableau de parrainage se décline comme suit : soit par 16 députés, soit par 16 maires, soit une combinaison de 16 élus (députés et maires).

Droit apparu sur le parrainage

L’une des spécificités du mode de désignation du président de la République en France réside dans le fait que les représentants déterminent l’offre politique au sein de laquelle les représentants tranchent. Cette procédure de sélection des candidats n’existe pas pour d’autres élections présidentielles dans le monde. Les parrainages citoyens ou les désignations par les partis politiques sont privilégiés. En Finlande, en Slovaquie, en Autriche et en Ukraine, les candidats doivent disposer du soutien d’un parti disposant d’élus à la chambre basse et obtenir leur parrainage officiel (de 1 en Ukraine et Finlande à 15 en Slovaquie). Cette demande peut être annulée par des parrainages citoyens (de 6.000 en Autriche à 20.000 en Ukraine et Finlande). La première condition étant plus facile à accepter, la majorité des candidats cherchent à obtenir le soutien d’un parti. Dans d’autres pays, le parrainage citoyen est la seule procédure pour investir un candidat à la présidence. Les différents seuils entre 1 500 en Islande et 200 000 en Roumanie. Dans ces pays, l’appartement partisan est primordial. Les parrainages sont collectés, pour la majorité, parmi les adhérents des partis. Seuls les candidats disposant d’un réseau de militants suffisamment étendus peuvent prétendre participer à l’élection.

En Afrique de l’ouest, la Côte d’ivoire à ouvert le bal du parrainage. Au pays de Laurent Gbagbo, chaque candidat à l’élection présidentielle doit effectuer au moins 1 % de son électorat local dans 17 régions de son choix sur les 31 que compte le pays. Le parrain doit être inscrit sur la liste électorale, accorder son parrainage au lieu où le vote et ne doit parrainer qu’un seul candidat. Certains endroits tels que les hôpitaux et les casernes sont interdits aux collecteurs des parrainages.

De ce qui précède, on a conçu que de nombreux pays avaient recouru au parrainage sous des formes diverses, comme un outil de régulation de l’élection présidentielle. L’on arrive à appréhender qu’il faut distinguer le parrainage citoyen du parrainage politique. « Le parrainage citoyen suppose que le candidat potentiel doit obtenir le soutien d’un nombre déterminé de citoyens alors que le parrainage politique exige le soutien soit d’un ou plusieurs partis politiques ou d’un nombre déterminé d’élus (maire, conseiller, sénateur, député etc.). Le parrainage citoyen est un mode de sélection des candidats où une candidature est validée lorsqu’un certain nombre de citoyens donnent leur accord à cette candidature est attiint. Par exemple, au Portugal, pays qui comporte en 2014 environ 10 millions d’habitants, une candidature à l’élection présidentielle est validée lorsqu’elle est approuvée par 7500 électeurs. En Roumanie, pays behaant environ 20 millions d’habitants en 2014, il faut 200 000 électeurs pour qu’une candidature soit acceptée. Le parrainage citoyen peut être conçu comme alternatif ou complémentaire du parrainage d’élus. Par exemple, en Slovaquie, une candidature à l’élection présidentielle peut être approuvée soit pour un minimum de 15 000 citoyens, soit par 15 députés du Conseil National. Le système slovaque apparaît ainsi plus ouvert et plus démocratique », a présenté le professeur Ibrahim Salami.

Parfaire le parrainage pour l’avenir

Analytiquement, tous les États qui ont opté pour le parrainage avaient pour première intention de filtrer les candidatures. Mais très tôt, la doctrine, quoi que squelettique parce que les recherches empiriques ont négligé la question, certains pays si sont rendus à l’évidence que l’iginalité qu’elle constitue n’est pas un atout. Malgré son avantage, il ouvre subtilement la brèche à des inconvénients qu’il faille conteir. Mais le paradoxe est que le béninois, dans son imitation adaptée, a commis l’erreur de faire la fixation uniquement sur le filtre. Il a travaillé tout en ignorant que le parrainage, dans un tel état brut, un fonctionnement jugé peu optimal, voire injuste. A cet effet le sociologue Vincent Tiberj, dans  » Présidentielle : la course aux parrainages, un système injuste ?  », A précisé pour le cas de la France que ce système est théoriquement la pour éviter que la Présidentielle se transforme en foire de candidats folkloriques. C’était l’oeée du déclenché quand il a mis en place ce système, notamment après l’élection de 1974 où il y avait énormément de candidats (douze candidats) dont beaucoup n’ont pas reçu que 1% à 2% des voix, notamment parce qu’il a étendu les candidats des partis bien appliqués localement et dessert d’autres qui ont pourtant soutenu plutôt. Tout en éliminant les candidatures sans fondement, le système de parrainage peut également éliminer les candidatures de partis peu représentés. Après, le problème de ce système est qu’à un moment, il peut aussi donner l’impression qu’il verrouille, qu’il empêche l’ensemble du spectre de l’expression politique de participer au débat. Ça, c’est un enjeu. On peut se demander si ce n’est pas aussi une manière pour les grands partis d’assurer leur monopole face à des petits partis qui pourraient leur tailler des croupières, voire empêcher leur candidat d’être au second tour. C’est notamment l’enjeu à gauche aujourd’hui. Brièvement le parrainage étendu favorise les candidats des partis bien introduits locaux et dessert d’autres qui ne soutiendront pas plutôt. Tout en éliminant les candidatures sans fondement, le système de parrainage peut également éliminer les candidatures de partis peu représentés. Une réalité incontestable de la science politique que l’opposition béninoise n’a pas voulu désigner en invitant la Cour constitutionnelle déclarée inapplicable le parrainage. Tout compte fait, il n’y a pas lieu de revenir à l’ancien. Le prochain pas à franchiser est de décortiquer les imperfections du parrainage pour le polir pour les autres échéances.

Bienvenue Agbassagan

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