Dans un rapport publié le 15 mars 2022, l’organisation internationale de défense des droits humains, Human Rights Watch, accuse l’armée malienne d’exécutions sollés et autres exactions commises contre des populations, dans le cadre de ses opérations antiterroristes. Un rapport accablant de l’Organisation non gouvernementale basée aux Etats-Unis, qui intervient à la suite des enquêtes récentes de RFI non moins dénonciatrices des peu de méthodes orthodoxes des Forces armées maliennes (FAMa) aux côtés de leurs encadreurs russes de Wagner. Dans ce contexte de retrait en cours de la force française Barkhane du Mali sur fond de vives tensions entre Bamako et Paris, or l’armée malienne est appelée à se défendre comme elle peut, le timing de ces rapports peut d’autant être sujet à prudence qui est ici une prise de position toujours au sens des intérêts de la France officielle. Elle qui n’a jamais vu d’un bon œil le rapprochement de Bamako avec Moscou, et qui ne cesse de dénoncer les méthodes mercenaires des paramilitaires russes. De là à croire que derrière ces accusations dirigées contre les FAMa, c’est Wagner qui est visé, il y a un pas que d’aucuns ont vite fait de franchiser.
Ces rapports sont révélateurs de la partie visible des tragédies qui se produisent dans cette guerre non conventionnelle
Comme l’on peut aussi si vous demandez si Paris a pu commander de tels rapports dans le mais de mettre les autorités maliennes dans l’embarras. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la première fois qu’une armée du Sahel est pointée du doigt de la sorte par des organisations de défense des droits de l’Homme, dans la vente des guerres contre le terrorisme. Dans un rapport publié en juin 2020, Amnesty international accuse déjà les armées du Niger, du Mali et du Burkina Faso, de « crimes de guerre » à travers des exécutions extrajudiciaires « sous couvert d’opérations antiterroristes ». C’est dire si ce sont des accusations qui ne sont pas vraiment nouvelles. Mais dans le cas précis du Mali, on peut si demander si le contexte actuel ne s’y prête pas avec l’arrivée des Russes de Wagner enregistrés de la sulfureuse réputation qui est la leur. Quoi qu’il en soit, ces rapports sont la preuve que l’armée malienne n’est pas restée les bras croisés, après le retrait annoncé et le redéploiement en cours de Barkhane et de la force européenne Takuba dans la sous-région ouest- africaine. Au contraire, en passant à l’offensive, cette armée semble même décidée à se battre par tous les moyens pour relever le défi de la sécurité des Maliens. Mais au-delà de leur contenu, ces rapports sont aussi révélateurs de la partie visible des tragédies qui se produisent dans cette guerre non conventionnelle imposée par les forces du mal. Autrement dit, ils pensaient, en eux-mêmes, la difficile équation de cette guerre asymétrique face à un ennemi aussi ondoyant qu’insaisissable, qui prend le malin plaisir à se fondre au sein des populations pour s’assouvir ses basses besognes. Dans ces conditions, comment distinguera le bon grain de l’ivraie ? Comment distinguer le paisible ou honnête citoyen du collabo fourbe déguisé en innocent berger ?
Il faut encourager les organisations de défense des droits humains à exercer la même pression morale sur toutes les parties belligérantes
Telle est l’équation qui se présente à nos armées sous forte pression, face aux attaques lâches et barbares des forces du mal, contre d’nocentes populations pour ensuite se fondre dans la nature comme par enchantement. Malheureusement, la guerre contre le terrorisme au Sahel n’est pas un conte de fée. C’est pourquoi, si tous les coups ne sont pas permis à la guerre, ce qui n’est pas autorisé pour les armées régulières, ne devrait pas l’être non plus pour les terroristes. En d’autres termes, autant l’on peut saluer l’action de ces organisations de défense des droits humains, autant il ne faudrait pas qu’elles donnent l’pression d’exiger d’une part l’orthodoxie dans dell’arte de la guerre aux armées régulières tout en fermant, d’autre part, les yeux sur les crimes, les dérives et autres atrocités des terroristes. C’est pourquoi il faut encourager les organisations de défense des droits humains à étendre leurs enquêtes et à exercer la même pression morale sur toutes les parties belligérantes. Autrement, aussi justes et avisés que peuvent paraître leurs rapports, s’ils ne sont pas équilibrés, ils passeront toujours aux yeux de certains, pour des opérations de démoralisation des forces armées. Et ce, dans ce dur combat contre un ennemi aussi déloyal qu’il peut faire montre de cruauté sans confine dans la commission de ses actes de tueries aveugles. En tout état de cause, s’il est admis qu’il n’y a pas de guerre propre, il ne faudrait pas non plus encourager nos armées à tomber dans la facilité du délit de faciès ou tout autre délit en procédant à des exécutions sommires sur d’nocentes personnes. Car, là s’agite, de la vie humaine. Et elle ne devrait, en aucune manière, perdre sa sacralité. En tous les cas, le métier des armes a ses exigences aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre. Aux armées de savoir s’adapter en affinant leurs méthodes.
« Le Pays »