Au moins 10 civils tués dans deux attaques djihadistes au Burkina Faso
Le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a reconnu des « attaques de plus en plus récurrentes contre les civils », estimant que les djihadistes font preuve de « lâcheté ».

Le capitaine Ibrahim Traoré s’en prend aux « impérialistes » qui « ont imposé cette guerre », critiquant notamment le FMI.
AFP
Au moins dix civils ont été tués lundi dans deux attaques distinctes menées par des jihadistes présumés contre deux villes de l’ouest du Burkina Faso, ont indiqué mardi à l’AFP des sources sécuritaires et locales.
« Hier (lundi) vers 22h (minuit heure suisse), des individus armés ont tiré des balles sur Nouna », chef-lieu de la province de la Kossi dans la région de la Boucle du Mouhoun, ont indiqué à l’AFP des habitants. « Malheureusement, il y a eu des victimes dans le secteur 1 (de Nouna). Le bilan est de six morts et quatre blessés », a indiqué l’un d’eux.
Des murs percés
Ces derniers mois, la ville de Nouna a servi de refuge à des milliers de déplacés chassés de chez eux par les attaques djihadistes récurrentes dans la région. « Nous avons entendu plusieurs détonations pendant la nuit. Tout le monde est resté chez soi. Mais ce matin, nous avons découvert des grenades dans un des quartiers et des murs perforés avec des traces d’impact », explique un habitant.
Une source sécuritaire contactée par l’AFP a confirmé l’attaque, expliquant que « des fragments de roquettes ont été retrouvés dans la zone ». Le même soir, à 400 km plus au sud, la ville de Tondoura (sud-ouest), près de la frontière avec la Côte d’Ivoire, a également été la cible d’une attaque d’individus armés, a indiqué à l’AFP un responsable local sous couvert d’anonymat.
« Des terroristes ont attaqué le village vers 18 heures (20 heures, heure suisse). Des villageois, armés de fusils, ont tenté d’intervenir mais ont été rapidement maîtrisés. Au moins quatre personnes ont été tuées, d’autres blessées et plusieurs propriétés ont été endommagées », a-t-il ajouté.
« Impérialistes
Confirmant l’attaque, plusieurs citoyens et résidents ont déclaré que depuis plus d’un mois, les gens fuient les petites villes vers les villes principales voisines de Niangoloko et Banfora, par crainte d’attaques terroristes, qui sont également en augmentation dans la région.
Mardi, le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch en septembre 2022, a reconnu « des attaques de plus en plus récurrentes contre les civils », estimant que les djihadistes faisaient preuve de « lâcheté ».
Dans un discours devant des représentantes d’associations de femmes de toutes les régions du pays, il s’en est également pris aux « impérialistes » qui ont, selon lui, « imposé cette guerre », critiquant notamment le Programme d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI), mis en place dans les années 1990. « C’était un moyen d’affaiblir les civils », a-t-il déclaré. « C’était un moyen d’affaiblir nos armées. Ils ont réussi », a-t-il dénoncé.
Le Burkina Faso est pris dans une spirale d’intensification des violences jihadistes depuis 2015. En huit ans, ces violences ont tué plus de 16.000 civils et militaires, selon les ONG, et déplacé plus de deux millions de personnes. Depuis leur arrivée au pouvoir, le capitaine Traoré et son gouvernement ont exprimé leur volonté de diversifier les partenariats dans la lutte contre le djihadisme, notamment avec la Russie. Mi-janvier, ils ont appelé au départ des troupes françaises au nom de la « souveraineté ».
AFP
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