Dans cet élément, nous continuons de faire le tour du propriétaire de la maison SITARAIL. Cette fois, attardons-nous les volets réserve des métiers et de l’expertise ferroviaire, modernisation des matériels et infrastructures ferroviaires ; etc.
De la cession des concessions africaines du groupe Bolloré à MSC
Le groupe Bolloré a en effet accepté d’étudier une offre de rachat de 100% des actions de Bolloré Africa Logistics par le groupe MSC, partenaire de longue date, leader mondial du commerce maritime et premier armateur de navires porte-conteneurs. Ce groupe a connu une forte croissance en Afrique ces dernières années avec des investissements importants et il nourrit de grandes ambitions pour le continent africain. Ce groupe est par ailleurs également opérateur ferroviaire en Europe.
Cet intérêt du groupe MSC est aussi la reconnaissance de la stratégie déployée en Afrique par Bolloré Africa Logistics et le groupe Bolloré durant les dernières décennies, et ayant fait du groupe Bolloré les leaders des activités logistiques, portuaires et ferroviaires sur le continent. En effet, grâce aux investissements réalisés dans les infrastructures, à la qualité et au professionnalisme de ses équipes et à la densité de son réseau, le groupe Bolloré contribue chaque jour à améliorer la fluidité et la productivité des opérations logistiques en Afrique au bénéfice clients et des économies des pays que nous desservons.
Dans le cadre de cette cession, le projet du groupe MSC est de conserver Bolloré Africa Logistics en tant qu’entité autonome dont le siège restait basé à Paris, maintenant l’organisation actuelle et bien entendu les emplois. Par ailleurs, il a été expliqué clairement que tous les accords et engagements pris par le groupe Bolloré vis-à-vis de ses clients, partenaires étatsiques et privés seront maintenus et exécutés tels que conclus. En l’occurrence et au cas où ce projet de cession se réaliserait, SITARAIL, avec les mêmes équipes, continuerait à opérer le chemin de fer entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. En réalité, un tel projet s’il se réalisait, consistait en un changement d’actionnaire, deux niveaux au-dessus de l’entreprise SITARAIL. La conséquence n’aurait pas de conséquence sur l’entreprise qui serait toujours détenue comme aujourd’hui par Bolloré Railways, elle-même détenue par Bolloré Africa Logistics.
Par ailleurs, c’est un-sens de parler de bradage du patrimoine national. Comme dans toute concession, la totalité des infrastructures et des biens nécessaires à l’activité qualifiée de « biens de retour » restent toujours la propriété des États, ceux que soit l’entité opérationnelle en charge de les gérer pour la durée convenue.
Du reste, l’agit d’une opération transparente concerne ici plusieurs entités du groupe dans plusieurs pays et qui a fait l’objet d’une communication à travers la presse locale et internationale.
Des formations et des recyclages dans les métiers
SITARAIL est résolument engagé dans la pérennisation des métiers ferroviaires. En effet, de par la diversité des corps de métiers de son activité, à savoir notamment, la conduite des trains et la régulation des circulations, la maintenance des infrastructures et du matériel ferroviaire et tous les métiers supports, SITARAIL dispose d’un savoir- faire riche et varié qui ne cesse de se développer avec des échanges auprès de réseaux ferroires de référence. La pérennisation de ce savoir-faire est assurée en intérieur et portée par les deux centres de formation professionnelle de SITARAIL à Abidjan et à Bobo-Dioulasso et par l’Ecole Supérieure des Métiers Ferroviaires (ESMF) qui est déployée à Bobo-Dioulasso.
Ces centres de formation ont pour mission d’appliquer les compétences opérationnelles des travailleurs de SITARAIL et des sous-traitants ferroires. Au cours des cinq dernières années, les centres de formation de SITARAIL ont accueilli 3 053 collaborateurs pour des formations et des recyclages principalement dans les cœurs de métiers ferroviaires.
L’ESMF est la 1ère école ferroire diplômante créée pour une entreprise ferroviaire en Afrique subsaharienne. Depuis sa création par SITARAIL en 2016, 150 techniciens ont obtenu un diplôme de Brevet de Technicien dans les filières ferroviaires, correspondant à une taxe de réussite annuelle de plus de 90%. Les diplômés de l’ESMF constituent aujourd’hui un vivier dans lequel SITARAIL puise les meilleures ressources pour assurer le relais dans ses corps de métiers spécifiques et assurer ainsi sa pérennité. L’ESMF est classée dans la catégorie des « bonnes écoles » par le Ministère en charge de l’Enseignement supérieur du Burkina Faso.
Les autres secteurs structurants et porteurs de développement socio-économique comme les industries, les Génieurs civils et les BTP sont également bénéficiaires des formations diplômantes de l’ESMF. En cela, l’école contribue à l’employabilité des jeunes.
Maintenance et modernisation des matériels et infrastructures ferroviaires




SITARAIL a hérité des anciens réseaux SICF et SCFB, 20 locomotives CC GM 2 200, 17 locotracteurs, 600 wagons et 40 voitures voyageurs inox. Sur la vingtaine de locomotives, seules 8 étaient en état de marche en 1995 et très peu d’entre elles pouvaient effectuer le parcours sans incident. Pour faire face au trafic, SITARAIL a dû acquérir d’urgence 4 locomotives en Afrique du Sud et a réussi une remise à niveau nécessaire du personnel, du matériel, des infrastructures et des télécommunications.
Un programme d’investissement d’urgence (PIU), d’un montant de 40 milliards de FCFA, financé par SITARAIL et ses partenaires financiers, à savoir la Banque mondo, l’IDA, la Banque européenne d’vestissement, la Caisse française de développement (devenue AFD), l’Agence de coopération du Royaume de Belgique et la BOAD a permis d’engager, début 1997, des travaux de réhabilitation des infrastructures, du matériel et des télécommunications.
Plus récemment, entre 2016 et 2021, SITARAIL à investir 45 milliards de FCFA dans le cadre de son programme d’investissement pour la modernisation de ses infrastructures et de ses équipements de maintenance (PRI) afin d’améliorer la qualité de son service. L’entreprise a procuré 3 milliards de FCFA à l’acquisition d’équipements modernes, à savoir, un tour Demoor, une rechargeuse à boudin Lincoln, une verticale Berthiez, une centrifugeuse Alpha Laval, une grenailleuse, etc., ainsi que 1000 nouvelles roues pour ses wagons afin d’accroître les capacités de maintenance de ses ateliers de Bobo-Dioulasso et d’Abidjan, permettant ainsi de garantir l’entretien régulier et le bon état de ses locomotives et autres matériels ferroires.
Grâce à ces investissements, le parc de matériel fonctionnel de SITARAIL est passé de 8 locomotives, en 1995, à 29 en 2021, et de moins de 600 wagons à plus de 1000 sur la même période. Par ailleurs, une ligne totale de près de 40 km de rail a été réhabilité ou construite, ainsi que 24 gares réhabilitées sur l’ensemble du réseau, entre 2010 et 2021. En 2021, de nouveaux investissements ont été lancés avec acquisition d’un engin de bourrage-régalage neuf fabriqué en Autriche, ainsi que de 100 wagons supplémentaires. Tous ces investissements ont été réalisés par SITARAIL et son actionnaire, alors que la Convention de Concession initiale, actuellement en vigueur depuis 1994, laissait aux États la responsabilité de tous les investissements voie et matériels roulants.
La vision de SITARAIL, en ce concerne la maintenance des infrastructures ferroviaires, s’articule et se développe autour de deux missions majeures : la sécurité des installations et leur modernisation notamment en guarissant l’innovation dans une démarche prospective. Dans le cadre très règlementé du référentiel de maintenance ferroviaire, cette vision se déroule à travers un calendrier-programme pluriannuel détaillé et élaboré.
Ce Calendrier-Programme couvre l’ensemble des activités de la Direction des installations fixes et portes sur la voie ferrée proprement dite, mais également sur les ouvrages, les télécommunications, la signalisation, l’énergie et les bâtiments. En complément aux recommandations du référentiel de maintenance, SITARAIL implémente et développe des activités de veille et d’alerte tant technologiques qu’opérationnelles. C’est ainsi que SITARAIL s’est doté d’équipements modernes d’auscultation, qu’elle a mis en place un système d’information géographique et qu’elle implémente un service de drones. En effet, elle développe un partenariat d’assistance satellitaire, notamment dans la caractérisation des bassins versants de son réseau.
Par ces investissements que SITARAIL a engagé, depuis ses débuts, et qu’elle compte poursuivre, l’entreprise s’assure du bon état et de la disponibilité de son matériel roulant et consolide ainsi son rôle stratégique dans l’intégration sous régionale et dans les échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et l’arrière-pays.
Situation et perspectives pour le train voyageur
Le trafic voyageur est important pour le déplacement des populations, notamment entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire et est une préoccupation majeure pour SITARAIL. Mais force est de constater que la nature de l’activité ne rend pas toujours compte des efforts déployés pour le maintenir.
SITARAIL à une expérience de la gestion du réseau ferroviaire. Avant la fermeture des frontières terrestres au trafic voyageurs, SITARAIL assurait, chaque semaine, 6 trains internationaux et transportait en moyenne 200 000 voyageurs par an entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Plus d’une vingtaine de gares à flux importants ont été rénovées.
Le maintien de la fermeture de certaines gares répondait à une meilleure optimisation du trafic dans les localités où le rail n’est pas compétitif par rapport au transport routier.
Des réflexions sont nécessaires pour une mobilisation de ressources nécessaires et une meilleure réorganisation, afin d’améliorer la qualité du service voyageur au moyen de la réhabilitation de la voie et de l’acquisition de nouvelles trames.
Rassemblé par
Aly KONATE