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Coup d’Etat au Burkina : dans l’espoir d’une solution antiterroriste

Si les événements sont confirmés par une déclaration officielle de démission du président Kaboré, tout aura changé d’ici 24 heures au pays des honnêtes gens ! Et la puissance de Roch Marc Christian Kaboré a subitement vacillé avant de s’effondrer. Les militaires prennent les rênes du pays et le nom avancé comme celui du nouvel homme fort du pays est celui d’un certain lieutenant-colonel Damiba. Une Nouvelle se confronte au spectre politique des Burkinabè avec des acteurs anciens et nouveaux. Acteurs directs et indirects, entrants et sortants.

Les acteurs traditionnels de ce scénario : l’armée

C’est un putsch militaire. Une question de soldats, une intervention de l’armée dans les affaires de l’État, certains diront une intrusion du grand muet dans la politique. Cela a commencé dans la caserne comme une mutinerie, avec la spécificité qui semble avoir été concertée. Les ralliements n’ont pas tardé à arriver entre les différents corps de l’armée burkinabè. Ce qui voudrait dire que c’est l’armée qui prend le pouvoir, pas seulement un soldat avec quelques hommes. Toute l’armée burkinabé, donc, qui accepte de prendre le pouvoir en temps de crise grave, pour mettre de l’ordre dans les affaires nationales ? Nous n’avons qu’à attendre que la séquence des événements soit claire à cet égard, en espérant que l’intérêt supérieur du pays sera favorisé par de sages décisions.

Sortant : Roch Marc Christian Kaboré et le nouveau gouvernement Lassina Zerbo.

C’est un départ assez paradoxal car attendu, car maintes fois réclamé (démission), mais inattendu au passage, celui d’un coup d’État en bonne et due forme. Tout comme le président Kaboré est intervenu en tant que porte-parole des chefs d’État anti-coup d’État de la CEDEAO. Les coups d’État reviennent dans tous les sens en Afrique et le Burkina Faso ne figure plus sur la liste des pays qui semblaient avoir interdit à jamais la pratique de ses coutumes politico-militaires. C’est Roch et son nouveau premier ministre qui apprennent à leurs dépens, deux mois seulement après la formation du nouveau gouvernement du nouveau premier ministre.

Les participants. Un futur gouvernement de transition et un nouveau parlement

Une nouvelle équipe va bientôt se préparer à gérer la succession d’événements autour du premier responsable de ce putsch, qui pendant quelque temps aura son boulot à couper, devant la communauté internationale et surtout les institutions africaines qui ne manqueront pas de lui dire clairement que les coups d’Etat ne sont plus acceptés. Et qui par conséquent devra en tirer toutes les conséquences. Soit remettre le pouvoir au président déchu, c’est-à-dire ramener Roch à Kosyam (ce qu’il ne fera pas), soit gérer une courte transition vers des élections démocratiques (le principal point de discussions et de négociations qu’il devra gérer). Il y aura bientôt un nouveau gouvernement et un nouveau parlement dont la prochaine composition devrait être connue. On n’est pas loin du cas actuel du Mali ou de la Guinée, avec la crainte d’éventuelles sanctions ciblées par les autorités régionales et sous-régionales. De quoi susciter quelques craintes au sein des populations, chez des personnes qui pourraient en être la première victime.

Des acteurs plus ou moins indirects : une certaine opinion nationale, les OSC, l’opposition politique, la rue, la presse libre

C’est une combinaison de protestations contre le régime de Kaboré qui servira de base morale à l’intervention armée qui vient de le limoger, en l’absence de soutien explicite aux nouveaux putschistes. Les restrictions sur l’internet mobile et autres interdictions de conduire ou de manifester auront été inutiles. Pas plus que le dernier couvre-feu instauré par le pouvoir démantelé. Le régime est tombé comme une banane mûre après une série de coups croisés face aux failles sécuritaires contre les terroristes.

Le peuple du Burkina Faso : plus spectateur qu’acteur de son destin

Le petit peuple, comme on le disait autrefois, celui des campagnes, et qui vit généralement en dessous du seuil de revenu minimum malgré le clinquant des villes, est le plus muet sur son destin national. S’il ne vote pas sans comprendre ce qui est en jeu, c’est généralement en spectateur impuissant qui ne comprend pas grand-chose qu’il voit aller et venir de l’un à l’autre à la tête des institutions républicaines. On vient de lui proposer un nouveau sujet de conversation, rien de plus. Mais son sort, qui s’en soucie vraiment ? Reste à savoir si les nouveaux patrons feront exception à cet égard. S’il y a une chose que cette population peut espérer de ce coup de force militaire, c’est qu’il contribuera à mettre un terme au problème national du terrorisme.

Sibiri SANOU

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