L’épilogue en première instance de l’affaire Thomas Sankara, s’est écrit le 10 mai dernier dans la salle des banquets pratiquement vide de Ouaga 2000, avec la condamnation des onze personnes reconnues coupables, à payer solidairement plusieurs dizaines de millions de F CFA aux ayants droit des victimes. A travers une litanie de chiffres et de préjudices, la Cour a détaillée, en tenant sans doute compte du lien de parenté et du caractère régulier des relations, les montants des différentes indemnisations à verser aux proches de ceux qui ont été horment arrachés à l’ affection des leurs, le jeudi 15 octobre 1987. Cette décision de la Cour de faire compenser financièrement le préjudice moral subi par les familles des suppliciés, permra à ces dernières de pousser un autre soupir de relâchement, même si les montants dédiés à ce redressement moral des torts sont nettement inférieurs aux réclamations des avocats des parties civiles.
La Cour n’a pas donné suite aux prétentions de l’Etat, pas plus qu’à la demande de restitution des biens personnels de Thomas Sankara
Toutefois, les ayants droit devront attendre de voir si les conseils des condamnés vont contester cette décision de la Cour d’assises ou pas, avant de tourner leur regard vers l’État burkinabè qui est désigné comme garanties dans l’exécution de cette peine pécuniaire condamnée aux condamnés dont les ¾ pourraient être insolvables. La famille de Thomas Sankara et ses avocats quant à eux, n’attendent plus grand-chose, puisqu’ils ont tous réclamé et obtenu de la Cour, le paiement d’1 franc symbolique au titre des réparations et des frais exposés. S’agissant des avocats étrangers de l’illustre disparu par contre, ils doivent percevoir 40 millions de F CFA pour leur prix en charge pendant la durée du procès, et là aussi, c’est l’Etat qui risque de casser sa tirelire pour suppléer à l’insolvabilité de certains condamnés. C’est certiinement pour tenir compte de cette charge financière que l’Etat burkinabè avait réclamé aux 11 coupables, le versement de la vertigineuse sommes d’un milliard cent quarante-cinq millions de F CFA, en guise de réparation des préjudices économiques et financiers subis . La Cour n’a pas donné suite à ces prétentions, pas plus qu’à la demande de restitution des biens personnels de Thomas Sankara et à l’établissement d’un nouvel acte de décès du héros de la Révolution.
La situation actuelle du pays commande qu’on mett en sourdine nos ego et nos vieilles rancœurs pour sauver les meubles
On ignore pour le moment si l’Etat et certaines familles de victimes dont les réclamations ont été rejetées parce que mal fondées selon le président de la Cour, Urbain Méda, vont faire appel de cette décision, mais du côté du parquet militaire et de la partie civile, l’on semble globalement satisfait de la fin de ce procès historique, qui vient refermer l’une des pages les plus sombres de l’histoire du Burkina Faso. On espère que du côté des condamnées, on fera contre mauvaise fortune bon cœur même s’il n’est pas exclu qu’ils tentent d’utiliser toutes les voies de recours pour sinon se blanchir, du moins possibles pour réduire drastiquement les peines prononcées contre eux. C’est à ce prix qu’on ira vers la réconciliation nationale que beaucoup de Burkinabè appellent de leurs vœux, et que nous évitons de tomber dans le précipice au bord duquel nous voltigeons depuis plusieurs années. C’est peut-être plus facile de dire qu’à faire, mais la situation actuelle du pays commande qu’on mett en sourdine nos ego et nos vieilles rancœurs pour sauver les meubles en nous battant ensemble corps et âme pour la survie de la patries. Ce pari peut être gagné, à condition qu’il n’y ait pas un Burkina des uns contre les autres, et que tout ne soit pas matière à règlement de comptes sur fond de méchanceté gratuite et de rancune tenace.
« Le Pays »