A Accra ce dimanche 9 janvier débutera le double sommet avec celui des chefs d’Etat de l’Union monétaire ouest-africaine. Cette union regroupe huit pays de la zone CFA (Mali, Côte d’Ivoire, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Bénin, Guinée-Bissao et Togo). Les chefs d’État de ces pays (à l’exception du Malien dont le pays est suspendu en raison d’un coup d’État) devraient réagir à la réunion sur le Mali. Et la doxa du moment est de prendre des sanctions fortes pour obliger les soldats de Bamako à organiser rapidement un retour à une vie constitutionnelle normale.
Tous les chefs d’Etat des pays membres de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) sont attendus dimanche 9 janvier à Accra, écrit notre envoyé spécial à Accra, Serge Daniel. Sur la table, le dossier malien. Et plusieurs interlocuteurs ne le cachent pas : sauf redressement de dernière minute, des amendes seront annoncées.
La force et l’importance de l’UEMOA résident dans le fait que tous les pays membres ont une monnaie commune. Et la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) joue un rôle clé. S’il reçoit – par exemple – des instructions des chefs d’Etat pour arrêter les transactions avec le Mali, et l’empêcher d’en avoir, le pays pourrait bientôt avoir des problèmes de liquidités pour payer les salaires des fonctionnaires.
En tout cas, le circuit financier malien prendra bientôt le relais. Ajoutons que des institutions comme la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) travaillent en étroite collaboration avec l’UEMOA et si celle-ci reçoit elle aussi des instructions, plusieurs projets ne seront pas mis en œuvre au Mali. D’autres projets de sanctions économiques seraient sur la même table que la réunion des chefs d’Etat de l’UEMOA.
Deux visions du Mali
A la veille du double sommet des chefs d’Etat du Cdao et de l’UEMOA qui s’est tenu ce dimanche à Accra sur la situation au Mali, deux points de vue s’opposaient à Bamako, indique notre envoyé sur place, Kaourou Magassa. Le calendrier est critiqué, qui prévoit une prolongation de la transition de cinq ans supplémentaires. L’autre soutient les autorités dans ce processus. Pour se faire entendre, les deux camps ont organisé des manifestations à Bamako et sa banlieue de Baguinda.
Sur le plané du Monument aux Martyrs de la Révolution de mars 1991, des représentants de diverses organisations politiques se réunissent. A Bamako, cette place est le symbole de la naissance de la démocratie au Mali. Un principe que Cheik Oumar Diallo, président du mouvement Nouvel Horizon, veut défendre : il est vrai qu’il y a eu beaucoup d’erreurs dans la démocratie malienne, mais cela ne veut pas dire que ses acquis, ses valeurs et ces principes ne doivent jamais être abandonné. Cinq ans, six ans de transition, disons non ! Car c’est trop long et c’est quelque chose qui ne risque guère de nous sortir de cette démocratie qui nous est très chère.
A près de 40 kilomètres à l’est, dans la commune de Baguineda, l’histoire est bien différente. Les membres du mouvement Yerewolo – Debout sur les remparts soutiennent majoritairement la mise en œuvre des réformes issues du fondement national de la refondation. Adama Ben Diarra est le président de l’organisation : ces personnes souffrent depuis des décennies et veulent tracer une nouvelle direction pour un Mali meilleur. Par conséquent, nous pensons que cela ne mérite pas de sanctions, mais au contraire ces personnes méritent le soutien du Cdao, de toute l’Afrique sinon de toute la communauté internationale.
De part et d’autre de la ville, et malgré les divergences d’opinion, tout le monde attend les conclusions du double sommet du Cdao et de l’UEMOA qui se tiendra ce dimanche. La question des sanctions suscite de vives inquiétudes