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Mali-Burkina Faso-Niger : jusqu’où ira la chasse à la France ?

La France continue d’essuyer des revers en Afrique de l’Ouest, plus précisément dans les pays du Sahel, où elle est soudainement devenue indésirable. Après avoir été évincée du Mali et du Burkina Faso, l’ancienne puissance coloniale espérait utiliser le Niger comme base pour ses contingents militaires et pour sauvegarder ses intérêts dans la région du Sahel. Mais depuis le changement de régime à Niamey, la population nigérienne réclame le départ des troupes françaises. Jusqu’où ira cette chasse à la France au Sahel ?

Au Sahel, la présence militaire française à Barkhane suscite incompréhension, interrogations et colère des populations locales. Tout a commencé au Mali, où des associations représentant la société civile dénoncent depuis des années le « jeu sombre » de l’ancienne puissance coloniale dans le nord du Mali, suivi par le Burkina Faso. Aujourd’hui, le Niger emboîte le pas à ces deux pays voisins. En d’autres termes, la France fait face à une véritable tempête au Sahel, dans un contexte de manifestations, d’hostilité et de rejet.

Depuis deux ans, les pays du Sahel voient se multiplier les manifestations de colère de leurs populations contre l’encombrante présence française. Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le slogan « France, va-t-en » est devenu le refrain de toutes les manifestations de rue. Dans ces trois pays, des intellectuels, des militants et même certains hommes politiques ont dénoncé la présence militaire française au Sahel. Et le changement de régime au Mali en août 2020 a contribué à ouvrir la voie à une nouvelle politique entre la France et le Mali, qui aura des conséquences au Burkina Faso puis au Niger. Entre-temps, Bamako avait dénoncé la coopération militaire entre les deux pays. Finalement, le 17 février 2022, la France et ses alliés sont contraints de plier bagage et de quitter le Mali avec le retrait des contingents Barkhane et Takuba. Ils se replient au Niger…. mais pas pour longtemps !

Ouaga et Niamey… après Bamako : à bas la France !

Après le Mali, le Burkina Faso n’a pas tardé à intervenir lors de l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré. Conscient de l’hostilité de son peuple à l’égard de la France, le jeune maître de Ouaga prend plusieurs initiatives pour remettre en cause la mainmise française sur le Pays des Hommes intègres. Le 18 janvier 2023, le Burkina Faso dénonce l’accord réglementant la présence des forces armées françaises sur son territoire depuis 2018.

Puis, le 18 février 2023, les 400 hommes de l’opération Sabre sont contraints de quitter le Burkina Faso après une présence de plus de 15 ans. Leur présence a suscité la colère du peuple fasoï, qui a organisé une série de manifestations pour exiger leur départ. Le peuple burkinabé, comme celui du Mali et du Niger, a de nombreux griefs à l’encontre de la France : complicité avec les groupes terroristes, pillage des ressources naturelles, duplicité avec les groupes armés, etc.

Après le Mali et le Burkina Faso, Macron pensait avoir trouvé en Bazoum un allié fiable sur lequel il pourrait compter pour préserver les intérêts de la France au Niger et dans la sous-région. Mais l’armée nigérienne a décidé de changer le cours de l’histoire du pays en mettant fin au régime de Bazoum le 26 juillet 2023. Parmi les premières mesures prises par le nouveau régime de Niamey, la dénonciation de tous les accords de défense signés entre le Niger et la France. Et l’escalade continue entre Niamey et Paris….

Comment expliquer ce refus de la France au Niger ? Il faut savoir que depuis des mois, les Nigériens ne cessent de dénoncer la présence des soldats français dans leur pays et des voix s’élèvent pour réclamer leur départ. Plusieurs membres de l’opposition nigériane et de simples citoyens ont fait entendre leur voix depuis des mois.

Pour rappel, en septembre 2022, plusieurs centaines de personnes ont manifesté contre la force française dans les rues de Niamey à l’appel du M62, un mouvement de la société civile, qui a renouvelé son appel à manifester après le coup d’Etat. Des pancartes anti-françaises sont brandies, avec des slogans tels que « Débarrassez-vous de l’armée française criminelle » ou « L’armée coloniale Barkhane doit partir ». La France venait de transférer le gros de ses troupes au Niger, après le départ de la force du Mali.

En d’autres termes, la France est confrontée à une tempête de manifestations et d’hostilités au Sahel.

Mémé Sanogo

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