Décidément, le sort semble s’acharner sur les événements culturels d’envergure et autres manifestations à caractère national au Burkina Faso. En effet, les communiqués de rapports d’événements se succèdent. Le dernier en date étant celui du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) dont le 16Et L’édition était prévue pour se tenir du 28 octobre au 6 novembre 2022 à Ouagadougou. C’est connu, la biennale de l’artisanat n’est pas le seul évènement ajourné même s’il reste le plus emblématique. Car, sur la Lista, illustrant la Semaine nationale de la culture (SNC), la Nuit des Galian, Africallia, les Rencontres musicales africaines (REMA). Des Hommes de culture qui avaient dans leur agenda de tenir d’autres manifs ces jours-ci, ont dû y renoncer. Pourquoi une telle avalanche de reportages ? D’abord, ils peuvent être perçus, à raison, comme des conséquences d’insécurité que connaissent depuis quelques années, le pays des Hommes intègre. En plus de la crise sécuritaire, le Burkina Faso, jadis havre de paix, s’est payé le luxe de rejoindre la Lista des pays instables avec deux coups d’Etat en huit mois en cette année 2022. Avec près de 10 000 morts ( civils et Forces de défense et de sécurité (FDS)), 1 520 012 déplacés internes dont 353 915 femmes, 267 302 hommes, et 898 795 enfants, près de 4148 établissements scolaires et 564 formations sanitaires fermées, le tableau national est très sombre. Au niveau de l’Etat dont l’appui budgétaire reste déterminant dans l’organisation d’un évènement comme le SIAO, on peut se demander si toutes ces crises n’ont pas joué sur le budget initial.
Le Burkina Faso a ainsi perdu des occasions de vendre l’image d’un pays résilient et debout
D’autant qu’à l’heure actuelle, les priorités de l’État sont connues : rétablir et renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; apporter une réponse urgente, efficace et efficiente à la crise humaine ; promouvoir la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ; engager des réformes politiques, administratives et institutionnelles en vue de renforcer la culture démocratique et de favoriser l’État de droit ; œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale ; assurer l’organisation d’élections libres, transparentes, équitables et inclusives. La nouvelle transition en cours, il vous dira peut-être pas. Mais elle devrait être embarrassée de voir l’Etat mobilisateur des centaines de millions de F CFA pour faire la fête alors que dans le même temps, près de 40% du territoire échappe à son contrôle et qu’il est incapable de doter par conséquent les FDS de moyens pour contrer les terroristes et assurer le minimum des besoins des PDI. Mais postérieurement, la raison ici en milite au rapport du SIAO, est d’ordre administratif. Le Burkina Faso n’ayant pas encore été mis en place et les autres institutions de la Transition n’ayant pas encore été mis en place. Mais apparemment que cette raison officielle ne cache pas la prise en compte des autres soucis et raisons déclinées plus haut, qui ne manqueraient pas du reste de pertinence. Et qu’au finish, tout ne serait donc qu’une question de quelques jours ou semaines, pour le grand soulagement du monde Artistique. Car, il faut le dire, les conséquences de ces rapports restent très dommageables pour les acteurs concernés, notamment les acteurs culturels. Les 4000 exposants du SIAO et les partenaires commerciaux engagés dans cette édition, si font certiinement du mouron. Cela dit, sur le plan international et diplomatique, le Burkina Faso perd ainsi des opportunités de vendre l’image d’un pays résilient et debout malgré la menace terroriste qui pèse sur lui. Et cela, avec le risque de voir des événements sous-régionaux de moindre envergure, ravir la vedette au SIAO, à la SNC et à d’autres événements nationaux. Cette situation inconfortable liée aux rapports, pose, à souhait, la problématique de la vulnérabilité des grands événements nationaux au Burkina Faso. N’est-il pas temps de travailler, entre autres, à assurer un financement pérenne et autonome aux manifs comme SIAO, le FESPACO, la SNC ? Sinon lier systématiquement leur sort à la capacité financière de l’État, c’est prendre le risque de les noyer dans des incertitudes économiques.
Michel NANA