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REUNION DES CHEFS D’ETAT DE LA CEDEAO A ABIDJAN SUR LE TERRORISME

Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, accueille du 17 novembre le 41Et réunion du Comité des Chefs d’Etat-Major de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Ce conclave d’officiers supérieurs de la structure sous-régionale, le 41Et du genre, il examinera la reconfiguration de l’opération Barkhane et ses éventuelles conséquences dans la sous-région. On peut dire d’emblée que cette réunion est appropriée, pour les raisons suivantes. Premièrement, la menace terroriste touche presque tous les pays de la sous-région. En effet, si l’on devait représenter en rouge, sur une carte, tous les pays de la structure touchés par le phénomène, on remarquerait que l’hydre a poussé ses tentacules dans plus de 80% de l’espace CEDEAO. Ce que l’on craignait, à savoir l’expansion des activités de groupes terroristes actifs au Mali, au Niger et au Burkina Faso, vers les pays côtiers du golfe de Guinée, est désormais devenu une réalité dans des pays comme le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire. Bref, et sans forcément être un trouble-fête, on peut affirmer sans se tromper qu’aucun pays membre de la CEDEAO n’est à l’abri des terroristes. L’autre raison qui explique que la réunion des hauts fonctionnaires de la CEDEAO ait lieu à l’heure est liée au sujet. Ce dernier, en effet, réfléchira ensemble, pendant trois jours, sur la configuration de l’opération Barkhane et sur ses éventuelles conséquences dans la sous-région. Le retrait de cette opération de certains endroits au Mali est désormais une réalité à Kidal et Tessalit. Et l’élan se poursuivra dans de nombreux autres endroits.

L’heure n’est plus aux longs discours mais aux actions pour changer la peur du camp

Cette nouvelle situation impliquera évidemment un réajustement de la réponse au terrorisme dans cette région et au-delà. Il est donc logique et heureux que les chefs des armées de la zone commencent à réfléchir sérieusement à l’ère post-Barkhane, afin que le retrait des troupes françaises n’apparaisse pas comme un boulevard ouvert aux forces du mal. En tout cas, le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, redoute le retrait progressif des troupes françaises du Sahel. Le ministre ivoirien n’a pas forcément tort d’afficher cette inquiétude. Car, et c’est dommage de le dire, nos armées manquent pratiquement de tout pour apporter la riposte nécessaire aux terroristes. En tout cas, chaque pays membre pris individuellement n’inquiète pas les terroristes. Cette triste réalité tend à devenir une évidence au vu des attentats terroristes récurrents et meurtriers qui affligent les pays du Sahel depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Dans certains de ces pays dont nous taisons les noms, ainsi que de ne pas sauter à leurs pieds Irrités par certains de leurs dirigeants, les terroristes ne méritent plus le nom commode de personnes non identifiées, agissant jour et nuit, le visage découvert. Et lorsqu’ils arrivent, ils font preuve d’une cruauté extraordinaire envers les populations et d’une puissance de feu extraordinaire qui perturbe tout sur leur passage. De ce point de vue, la seule alternative ouverte aux pays de la CEDEAO, s’ils ne veulent pas être rayés de la carte en tant que pays civilisés, est de s’engager dans la lutte contre le terrorisme. Et ils ont les ressources pour y arriver. Qu’un pays comme le Burkina n’ait pas d’avion cargo pour apporter de la nourriture au front ou d’avions de guerre pour casser les reins des terroristes est non seulement une honte pour ce pays, mais aussi une honte pour tous les pays de la CEDEAO. Pourquoi n’est-il pas dit à juste titre que « la honte du vautour est celle de tous les oiseaux » ? Il est impératif que cette réunion, qui s’achève aujourd’hui, ait le devoir impératif de déboucher sur des mesures fortes, probablement non seulement pour sauver les pays de la zone en difficulté, mais aussi pour repousser le terrorisme au-delà des frontières de la CEDEAO. Et cela ne pourrait se faire sans une mutualisation des moyens humains et matériels, sans opérations conjointes et sans partage d’informations. De toute façon, les populations blessées n’attendent que des résultats de cette réunion des officiers supérieurs de la CEDEAO. Car, pour des pays comme le Burkina Faso, le Mali ou encore le Niger, le temps est révolu des longs discours sur l’insécurité au Sahel tenus dans des salons d’accueil, mais des actions pour changer la peur du camp.

Pousdem PICKOU

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