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Après l’accident de voiture, un fils d’Assinie crache ses vérités aux patrons

La route d’Assinie, mon village, a été coupée en deux par la pluie le lundi 5 juin 2023.

Philippe Pango, Ph.D. : « Assinie ne se réduit pas au bien-être de ceux qui ont vue sur la mer »

Cette route reliant Assouindé au village d’Assinie Mafia a été construite en 1979, pour permettre au président Houphouët-Boigny d’assister aux funérailles de ma grand-mère, Anne-Marie Béniétchi épouse Pango. Cet honneur, et cette reconnaissance, lui vient de son passé de militant politique dans la colonie de Côte d’Ivoire, aux côtés de ses fils les plus illustres. Elle faisait partie de la marche des femmes sur Grand-Bassam. Mais c’est surtout dans sa résidence de Treichville (avenue 16) que se tiennent certaines réunions secrètes de la bande d’Houphouët pendant la lutte pour l’indépendance. Enfin, ma grand-mère est le père de l’abbé Pierre-Michel Pango (mon oncle), auteur de la musique de l’Abidjanaise.

Cette route, faite de bon vieux goudron du temps d’Houphouët, dure depuis plus de 40 ans. Je ne suis pas un spécialiste des travaux publics, mais il me semble évident que la cause de ce qui se passe aujourd’hui réside dans le fait que l’eau de pluie, piégée sur le bord de la route, ne parvient plus à se diriger vers la lagune, pourtant très proche. Deux raisons possibles :

– les caissons sous la route, qui devaient permettre à l’eau de « traverser la route » de manière contrôlée, se sont obstrués au fil du temps par les sédiments transportés par les eaux de ruissellement ;

– les riches et célèbres, ainsi que les hôtels situés du côté de la lagune, les pieds dans l’eau, ont fini par boucher eux-mêmes les canaux avec leurs jolis jardins, voire même à construire dessus. 40 ans plus tard, les anciens dalots ne sont même plus traçables.

« Aidez la petite ville d’Assinie, vous qui la visitez tous les week-ends »

Il y a un dicton qui dit : Dieu pardonne toujours ; les hommes pardonnent parfois; mais la nature ne pardonne jamais. Eh bien, l’eau, en colère d’avoir été obligée de dormir sur la terre des hommes, loin de son lit naturel, a fini par faire son chemin le 05 juin 2023, et continuera à le faire encore et encore, chaque année. Les habitants en savent quelque chose, étant donné que chaque année, à la saison des pluies, la route devient un barrage de fait, et crée une lagune saisonnière le long de la route, qui finit par inonder toutes nos maisons, jusqu’au Canal.

Mais Assinie ne se réduit pas au bien-être de ceux qui ont vue sur la mer, les pieds dans l’eau. Nous aussi, de l’autre côté de la rue, avons droit à la magnificence de l’État et à vivre sur une terre sèche, non sujette aux inondations lorsqu’il pleut. Cet écrit constitue donc un recours auprès des autorités compétentes. Ne nous contentons pas de combler ce trou et d’annoncer pompeusement que « la route est réparée ». Ce sera pareil l’année prochaine.

Aidez la petite ville d’Assinie, vous qui la visitez tous les week-ends. Vous qui vous prélassez sur nos belles plages, et qui y avez vos résidences secondaires, faites un geste de bienveillance envers cette commune qui vous accueille. ÉTUDIER EN BONNE ET DUE FORME, EN PARTICULIER LE DRAINAGE, ET RECRÉER LES POINTS DE PASSAGE DE L’EAU VERS LA LAGUNE, quitte à inonder certaines parcelles côté lagune. Un travail de cette ampleur ne peut être supporté par le petit budget de la commune d’Assinie.

C’est ma demande et mon cœur pleure en ce jour, espérant que de bonnes oreilles entendront. Dans les airs, grand-mère Pango appréciera le geste. En bonne croyante, elle dira même des prières pour vous.

Philippe Pango, Ph.D.

Que cela inspire qui que ce soit.

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