On assiste depuis plusieurs années à l’effondrement récurrent d’immeubles dans les villes de Côte d’Ivoire et principalement dans les communes d’Abidjan. L’extension galopante des logements liée à la surpopulation génère la ruée effrénée des promoteurs immobiliers de tous bords dans ce vaste ensemble immobilier qui est aussi un élément important du projet social et du programme gouvernemental du Président Alassane OUATTARA.
Effondrements d’immeubles à répétition : le ministre Bruno Koné s’inquiète
En effet, malgré les résolutions législatives et gouvernementales, le fléau demeure. Bien sûr, on voit ici et là la démolition par le Ministère du Logement, de la Construction et de l’Urbanisme de certains immeubles qui ne respectent pas les lois et règlements en vigueur, par contre, il est regrettable de voir la catastrophe se poursuivre. L’image est sombre. Pour rappel, le Groupement Ivoirien du Bâtiment et des Travaux Publics (GIBTP) a enregistré certains des incidents suivants, parmi tant d’autres :
– En 2018 : l’effondrement d’un immeuble à Attécoubé tue 8 personnes. Un immeuble R+4 à Yamoussoukro fait 10 morts
– En 2020 enregistré 9 décès
– En 2021 enregistré 11 décès
– 27 février 2022 : effondrement d’un immeuble en construction R+5 à Treichville Avenue 3 rue 17 fait 7 morts et plusieurs victimes.
– 7 mars 2022 : l’effondrement d’un immeuble à Angré fait 6 morts
– 26 mars 2022 : Effondrement d’un immeuble à Abobo et tue 1 enfant –
4 février 2023 : un immeuble en construction R+4 s’effondre à Angré
– 9 février 2023 : la dalle d’un immeuble s’effondre et fait 5 victimes dont 2 morts
– 13 février 2023 : un immeuble R+3 s’effondre à Treichville Avenue 9 Rue 20
Les drames révèlent un secteur du BTP anarchique en proie à la corruption
Par ailleurs, sans préjudice de la délibération gouvernementale du 9 février 2022 relative à la mise en place d’un organisme de contrôle paritaire regroupant communes, arrondissements et à la soumission à l’exploitation de l’attestation de conformité de bonne exécution délivrée par un Conseil d’Ingénieurs, la construction et le secteur immobilier peine à suivre cette décision. Elle est du ressort du gouvernement et notamment du département ministériel qui lui est rattaché.
Le paradoxe est que, malgré la répression en cours, certains continuent de contester l’autorité de l’État avec la duplicité et la complicité de certains agents corrompus du secteur. Alors qui sont responsables de ces drames qui coûtent chaque jour des vies humaines et causent d’énormes dégâts matériels ? En fait, les deux parties s’accusent mutuellement. Cependant, on peut d’ores et déjà dire que face à ces drames il manque une véritable volonté politique pour laquelle rien n’est impossible pour accompagner des décisions et des mesures contraignantes.
Il est essentiel de noter que ces drames sont révélateurs d’un secteur du bâtiment et des travaux publics anarchique en proie à la corruption qu’il faut combattre avec la plus grande imprudence pour protéger et sauver des vies innocentes. Par conséquent, il est nécessaire de consolider les acquis existants qui commencent à produire des effets et de les mettre en œuvre à travers la décentralisation des guichets uniques à Abidjan et dans les villes de l’intérieur, ainsi que de faciliter l’établissement des permis de construire. A cela s’ajoute le contrôle qualité des matériaux de construction. Il faut un potentiel humain de probité morale exclusive.
Par Idriss DAGNOGO, chroniqueur.