Lors de la dernière séance du conseil municipal du Plateau qui s’est tenue en avril 2023, les conseillers municipaux ont été informés de l’état d’exécution des travaux municipaux. Mais ce document comporte plusieurs failles et reflète une appréciation globalement faussée de la gouvernance de l’équipe sortante dirigée par Jacques Ehouo.
Etat d’exécution des travaux municipaux du Plateau : le maire sortant, Jacques Ehouo, produit un faux rapport sur son gouvernement
A l’approche des élections municipales, la pression est partout sur les dirigeants sortants. C’est notamment le cas à la mairie du Plateau. Mais ici, le patron du club a trouvé le moyen de rendre son record inattaquable. Ainsi, lors du dernier conseil municipal tenu le 30 avril 2023, un document a été porté à la connaissance du conseil qui récapitule l’ensemble des travaux municipaux prévus ainsi que l’état de leur exécution. Mais ce document serait trompeur à bien des égards.
Par exemple, sur le chapitre « allocation de carburant », le document prévoit qu’un montant net de 250 millions de FCFA a été entièrement versé à la société Shell pour permettre aux différents services de faire face à leurs propres dépenses. Cependant, les opérateurs de services disent n’avoir reçu de carburant que pendant cinq mois. Où est passé le reste du carburant ? Difficile d’y voir plus clair puisque le conseil municipal ne se pose généralement pas de questions et se contente des documents produits par les services du maire.
De plus, la plupart d’entre eux sont vassalisés de plusieurs manières par le maire qui peut révoquer ou augmenter les subventions auxquelles ils ont droit. Dans ces conditions il vaut parfois mieux fermer les yeux pour ne pas les mettre en danger. De ce fait, très peu d’élus pensent à vérifier la véracité des déclarations du maire, ce qui explique les écarts entre celles-ci et la réalité des résultats. Sinon, aucun d’entre eux n’aurait su qu’en dehors de la ville d’Esculape, la mairie n’a pas construit d’autre cour de récréation dans la commune.
Cependant, les dispositions du document indiquent que 60% de ces aires de jeux ont été réalisées et ont nécessité un investissement total de 54 millions de FCFA. Il en va de même pour la fourrière municipale qui a pourtant coûté aux contribuables environ 26 millions de FCFA et qui aurait été construite en quatre mois par la société RSSA Group. Selon des observateurs avertis, ces irrégularités budgétaires, comme autant de formes de malversations financières, trahissent surtout un circuit de financement occulte qui permet au maire de se mettre dans les poches à la fois des autorités de tutelle et des politiques pour assurer sa survie dans la capitale.
Pour avoir le dessus sur les finances de la commune, le maire a décidé de ne rien déléguer
Signe des temps, le week-end dernier, Jacques Ehouo a bénéficié du soutien de l’ancien maire du Plateau, Noël Akossi Bendjo avec qui il s’est dit à couteaux tirés. Il semblerait que les deux hommes se soient rapprochés ces derniers mois. Mais avant, le maire sortant devait se montrer généreux et soulager son ancien patron affaibli politiquement depuis son retour d’exil. Pour avoir le dessus sur les finances de la commune, le maire a décidé de ne rien déléguer.
Par exemple, le service technique chargé de la conception et de l’exécution des travaux municipaux « découvre ces travaux comme tout le monde », assure notre source. C’est le cas du coûteux projet de redéveloppement des bâtiments administratifs de la mairie, avec un chiffre d’affaires d’environ 1,3 milliard. Mais à ce jour, seule la salle de réunion de la mairie a été réhabilitée. A cela s’ajoutent les peintures visibles à l’extérieur du bâtiment de la mairie, celui du secrétariat général et du bureau de la mairie.
Le même sort fut réservé à la salle panoramique de la mairie qui, dans sa conception, comportait une salle de spectacles dotée de tout le confort. Le financement problématique de ses travaux a également poussé la mairie à ne pas l’inscrire. Tout comme le parking de Sylo, qui n’a pas changé depuis la première pioche. Malgré l’existence de ces documents et leur exposition, les services de contrôle de l’Etat se gardent bien de réagir. Quant aux populations, elles se demandent sans doute ce qu’elles auraient pu faire là où les services de probation assermentés se sont révélés si impuissants.
En 2018, Noël Akossi-Bendjo a été limogé de son poste de maire de la commune du Plateau, pour « déviations graves dans sa gestion et faux écrits publics ». Nos tentatives pour joindre les services de la municipalité d’Altopiano n’ont pas abouti. Joint, un proche de Jacques Ehouo, n’a pas voulu réagir.