La Côte d’Ivoire adopte la licence à points. Nouvelle empreinte de modernité ou expression d’un copier-coller détaché des réalités locales ? La question doit être posée.
Le permis à points permettra-t-il de mettre fin aux incivilités et accidents sur la voie publique ?
Dans un Abidjan où, sous les yeux de tous, la police enregistre des rackets qui permettent à des chauffeurs, parfois sans permis, d’effectuer des rotations avec de vrais cercueils tournants, mettant en danger la vie des passagers, les points du permis de conduire mettront-ils un terme à cette source intarissable d’incivilités et d’accidents de la voie publique ?
Dans un pays où les transporteurs trouvent mieux les privilèges qui leur permettront de passer leur contrôle technique que l’argent nécessaire pour changer les pneus ou le moteur de leurs camions, le permis à points va-t-il crédibiliser le travail de SICTA ? Il est difficile de répondre par l’affirmative à ces questions.
Alors évidemment on peut espérer que les automobilistes réduisent leur vitesse sous la pression du permis à points et que par conséquent le ciel d’ivoire soit un peu moins chargé en particules cancérigènes qui se déposent sur des objets comme les muqueuses de nos poumons. Comment ne pas penser que cette mesure n’est qu’une façade, ou qu’elle ne sert qu’à assurer la communication au gouvernement, un sujet qui sent bon la modernité et les caisses de l’État, la nouvelle pompe aspirante de l’argent des contribuables ?
Nul ne peut nier le cauchemar du trafic à Abidjan, mais notre sécurité et notre fluidité routières auraient été grandement améliorées si, avant la mise en place du permis à points, nous avions mis en place une véritable politique de renouvellement du parc de véhicules utilisés pour le transport des passagers et cargaison. C’est probablement une illustration quasi-parfaite de la différence entre le court terme clinquant et le moyen terme efficace.
Jean-Antoine Zinsou
Docteur de formation
