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Dr Doumbia major ex-dirigeant FESCI pro-Ouattara : corruption, népotisme et clanisme prend des proportions inquietantes.

Regard très critique du Dr Doumbia Major, ex-dirigeant de la Fesci et pro-Ouattara :

Jusqu’ici leader suave et discret, Ouattara est à sa manière un kamikaze qui aura du mal à accepter l' »injustice » dont il a été victime de la part d’un patron français tout-puissant.

Pris entre ses responsabilités de président de la Côte d’Ivoire et les exigences constantes des parrains internationaux, Ouattara a succombé à leur pression. Son ancien Premier ministre (Amadou Gon Coulibaly) a été assassiné le 12 mai 2011 après avoir tenté de mettre une certaine distance entre lui et Paris. Les autorités judiciaires soupçonnent que cet assassinat pourrait être lié aux services secrets français, mais ne veulent ou ne peuvent pas mener les enquêtes nécessaires .

Le Conseil de sécurité de l’ONU, alors présidé par l’ambassadrice brésilienne Maria Luiza Ribeiro Viotti, décide de remplacer les troupes françaises par une force africaine (MISCA) et une force européenne (EUCAP). Les forces armées ivoiriennes étaient censées être démobilisées. Mais nous savons tous que les armes circulent facilement en Afrique de l’Ouest. Il ne sert à rien de manifester contre le trafic de drogue et d’armes si vous ne prenez pas des mesures concrètes : détruisez les caches d’armes et confisquez les armes grossières comme les « tontons macoutes » qui portent des clubs ou des couteaux !

L’opération a été un échec dès le début car Ouattara ne voulait pas que ces anciens soldats pro-Gbagbo déposent leur armes. Il a préféré s’allier avec des criminels dans les rues et dans les ministères, comptant sur eux pour maintenir son emprise sur le pouvoir par l’intimidation et l’extorsion. Malgré les demandes répétées du Conseil de sécurité de l’ONU, il a refusé de les désarmer .

La « militarisation » française d’Abidjan a été effectuée très discrètement par environ 2.500 soldats à bord de 80 véhicules blindés (VBCI) stationnés autour de Yopougon (nord-ouest), Port Bouet (sud) et Plateau / Cocody (centre). Les hélicoptères français étaient censés être désarmés mais ils ont tiré des coups de semonce sur quiconque s’approchait à moins de 500 mètres de leurs bases. Ils ont dispersé des manifestations et protégé des soldats ivoiriens envoyés par Ouattara pour tuer des manifestants (qui appartenaient souvent à la même classe sociale que les victimes).

Depuis, les soldats français ont commis plusieurs crimes à Abidjan. Le 21 avril 2012, ils ont tiré et blessé 15 civils qui célébraient l’élection de Ouattara dans un hôtel du Plateau (centre), tuant deux personnes. L’armée française a prétendu que des manifestants leur avaient tendu une « embuscade » avec des grenades, mais ils n’ont pas présenté leurs preuves ni nommé de suspects ! Ils ont seulement dit qu’ils menaient une enquête. Nous savons tous comment ces enquêtes fonctionnent en France … .

Depuis décembre 2011, le général Henri Poncet commande l’opération Licorne en Côte d’Ivoire sous les ordres du général de division Philippe Ponties par l’intermédiaire du général Didier Castres, ancien commandant des forces françaises en Côte d’Ivoire.

Le Conseil de sécurité de l’ONU auquel Licorne rend compte aurait dû savoir que son opération Licorne ne pouvait être utile. Il n’a pas compris que Ouattara était incapable de réformer son administration publique, de contrôler ses troupes et de mettre en œuvre d’autres réformes. La communauté internationale a décidé de lancer une chasse aux sorcières contre tous ceux qui avaient travaillé pour Laurent Gbagbo ou l’avaient aidé à se maintenir au pouvoir, en espérant que cela les forcerait à se soumettre. C’est ainsi que le Dr Simon Compaoré a fini par être arrêté le 24 mai 2012, juste parce qu’il avait été ministre sous Gbagbo ! Contre toute logique, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a adopté les mêmes mesures répressives que celles utilisées par Ouattara et ses soutiens français.

Les opérations Licorne ont été prolongées par le Conseil de sécurité de l’ONU en janvier 2012 jusqu’au 30 juin 2013 avec la résolution 2085. L’objectif était de « stabiliser » la Côte d’Ivoire, puisque le pays n’avait pas respecté les engagements qu’il avait pris à Yamoussoukro. Licorne a commencé à évacuer ses bases et à concentrer la plupart de ses forces autour d’Abidjan, ne laissant que quelques centaines d’hommes à Bouaké et Assinie. Elle continue à soutenir les troupes de Ouattara qui attaquent à plusieurs reprises les manifestants à Abobo (nord), Adjamé (centre) et Koumassi (ouest). En tant que président de la « Maison de la Francophonie », je peux vous dire que les reporters étrangers ne peuvent pas n’y vont plus.

Depuis l’arrivée de Ouattara au pouvoir, les seules manifestations que Licorne a dispersées étaient celles organisées par des militants pro-Gbagbo et d’anciens soldats qui refusaient de déposer les armes. Si l’on additionne toutes les manifestations qui ne menaçaient pas les intérêts français ou ne mettaient pas en danger la mainmise de Ouattara sur le pouvoir, on constate qu’il y en a eu très peu – mais chacune a été violemment réprimée par l’armée française ! En décembre 2011, lorsqu’un groupe de partisans de Gbagbo a tenté de construire un mémorial en souvenir de sa victoire électorale à Yopougon (ouest), Licorne a ouvert le feu sur eux. Neuf personnes ont été blessées et deux ont succombé à leurs blessures : Antoine Bangui et Narcisse Koffi Dogbé.

En mars 2012, François Noudégbessi a été tué dans le quartier du Plateau (Abidjan), où il était allé acheter du pain. Ce jour-là, un véhicule blindé et un 4×4 appartenant à Licorne ont été incendiés par des manifestants qui avaient demandé à Ouattara et au président français Nicolas Sarkozy de ne pas oublier les victimes de la crise ivoirienne alors qu’ils célébraient de nouvelles élections en France ! Selon des témoins, Licorne a ouvert le feu sur le groupe de François Noudégbessi sans aucun avertissement ni provocation. Les témoins ont également déclaré qu’il y avait parmi eux deux hommes portant des uniformes militaires mais sans badges ni insignes sur leurs bras – tout comme les agents de sécurité de l’hôpital Donka qui ont abattu 11 personnes le 28 avril dernier 2005 dans des circonstances similaires. Le lendemain de ce dernier incident, Ouattara a exigé que la France « sanctionne » les responsables de ces meurtres ! Le 24 avril, le gouvernement français a publié son rapport d’enquête qui rejetait la faute sur le commandant local de Licorne.

L’équipe d’enquête a conclu que François Noudégbessi a été tué par un soldat de Licorne qu’elle a identifié comme étant le caporal Habib Tahirou Diallo. Ce dernier « a tiré sans sommation sur deux manifestants qui jetaient des pierres et portaient des bâtons. Quelques secondes plus tard, il a pointé son arme sur un autre manifestant qui n’avait jeté aucun objet. » Mais François Noudégbessi n’était pas un manifestant comme les autres – c’était quelqu’un qui avait clairement attiré l’attention sur lui en portant des vêtements militaires et portait une arme. L’équipe d’enquête n’a pas dit ce qu’il avait fait de son arme, et il ressort clairement du rapport que, bien que le caporal Diallo l’ait vu, il n’a pas attendu d’explication.

« Il a tiré sans sommation », ont dit nos politiciens. Mais il s’agissait d’un assassinat, puisque Noudégbessi était armé et représentait une menace pour les troupes de Licorne -Licorne affirme que ses soldats ont été attaqués par un groupe de manifestants le 25 mars au Plateau à Abidjan alors qu’ils défendaient leur camp [ndlr : source]. Cette manifestation a nécessité l’intervention de l’ensemble des forces [ndlr : c’est-à-dire de tout le personnel disponible], dont certaines dont la mission n’était pas d’intervenir dans les manifestations mais qui ont néanmoins pris le relais des troupes Licorne pour disperser la manifestation. La mission de ces forces se limitait uniquement à la protection, et elles n’étaient pas du tout censées participer à des missions anti-émeutes ou à des manifestations !

Selon un rapport des Nations Unies daté du 14 avril 2012, que j’ai lu à Banjul (Gambie) le 16 avril, « l’utilisation de la force disproportionnée par les forces françaises dans l’État ouest-africain se poursuit depuis le 28 novembre ». Un mois après l’adoption de cette résolution du Conseil de sécurité de l’ONU demandant une enquête sur les violations des droits de l’homme commises en Côte d’Ivoire depuis le 1er janvier 2011 – y compris celles commises à l’encontre de François Noudégbessi – un autre homme est mort dans des circonstances très similaires aux siennes. Le 3 mai à Abidjan, Sonny Léandre a été tué lors d’affrontements entre la police et des manifestants dans le quartier d’Attécoubé à Abidjan. Selon des témoins, il s’était joint à une foule de jeunes gens qui s’étaient rassemblés devant le palais de justice pour protester contre une erreur administrative qui avait permis à une personne accusée de viol d’être libérée après cinq jours de détention. Il a été abattu par un membre non identifié des forces françaises déployées pour maintenir l’ordre.

Le rapport de l’ONU daté du 4 mai 2012 n’accuse pas les troupes françaises de l’opération Licorne de la responsabilité de ces deux meurtres, mais il les identifie comme en étant les « garants ». Le document confirme également que les troupes Licorne ont été impliquées dans les manifestations du 30 avril dernier, puisque leurs véhicules blindés ont été vus en train de tenter de disperser des manifestants dans le quartier d’Attécoubé à Abidjan. Il s’agit d’une violation manifeste de la résolution 2085 de l’ONU, qui interdit aux troupes étrangères de prendre part à des manifestations impliquant la société civile.

L’intervention militaire française en Côte d’Ivoire est truffée de violations et en ignorant totalement la résolution du Conseil de sécurité, la France cautionne ces abus. Afin de s’assurer qu’elle ne soit pas perçue comme complice ou responsable des violences commises par les forces sous son commandement, la France doit éviter d’être impliquée dans la pratique de la répression contre les manifestants car cela pourrait être interprété comme une approbation tacite de ces actes. Nous avons également appris qu’il y a eu deux cas de torture aux mains des soldats de l’opération Licorne. Le 21 mars 2012, un groupe de 11 hommes a été arrêtés par des soldats de l’opération Licorne lors d’un raid à Man, près de la frontière libérienne. Ils ont été arrêtés pour « possession d’armes illégales ». Deux d’entre eux ont été retrouvés pendus dans leur cellule. L’armée française a attribué leur mort à un suicide, mais d’autres sources rapportent qu’ils sont morts des suites de la torture. Dans un autre incident, le 13 avril, deux autres hommes ont été torturés après leur arrestation à la place Agbanon à Abidjan.

Le rapport de l’ONU indique en outre qu’il y a eu trois autres cas qui nécessitent une enquête approfondie :

  • 1) Le 4 janvier au quartier de Yopougon-Sorbonne III, un agent de service a été sévèrement battu et brûlé à mort par des inconnus qui ont ensuite tenté de l’incendier ;
  • 2) Le 7 février, à Abobo-Doumé, un cas de torture par un soldat français à l’encontre d’un jeune homme a été porté devant la gendarmerie ;
  • 3) Le 1er mai à Adjamé, des individus non identifiés ont utilisé la torture par chocs électriques pour soutirer des informations à deux jeunes hommes

En plus de tous ces cas, de nombreux témoignages indiquent que des troupes de l’opération Licorne ont été impliquées dans des actes de disparition forcée. En décembre 2011, par exemple, les membres de la famille d’Isidore Dofini (ancien garde du corps de l’ancien président Laurent Gbagbo), ont été informés par des soldats sous le contrôle de l’Opération Licorne que ce dernier était mort après être « tombé » lors d’une tentative d’évasion. La vérité est qu’ils l’ont fait disparaître. Il n’a jamais été revu depuis, et sa famille n’a pas été en mesure de récupérer le corps.

Deux cas de disparition forcée ont également été signalés en février 2012 : l’un à Port Bouët, et l’autre à Komoné, Abidjan. Dans les deux cas, des personnes qui avaient été arrêtées par des soldats français ont disparu sans laisser de traces. En outre, de nombreux rapports indiquent que les troupes de l’opération Licorne ne sont pas intervenues à plusieurs reprises lorsque des personnes manifestant contre la France étaient violemment réprimées par les forces sous leur commandement :

  • 1) Le 19 février lors de manifestations à Dabou ;
  • 2) Le 26 février à Tabou ;
  • 3) Le 4 mars lors de l’occupation de Yopougon-Sorbonne III
  • 4) Entre le 13 et le 16 avril près du lycée de Sokodougou
  • 5) Le 25 avril dans le quartier d’Abobo-Doumé
  • 6) Le 4 mai près du stade Félix Houphouët-Boigny et au Plateau, après un match entre le Nigeria et la Côte d’Ivoire. Selon un rapport de Licorne, « les manifestants ont été dispersés par la force » après qu’un engin explosif ait été jeté sur les troupes françaises

Au total, il y a eu au moins sept cas de recours excessif à la force impliquant l’arrestation ou la détention de manifestants pacifiques par des membres de l’opération Licorne. En outre, le 11 janvier 2012, cinq personnes ont été blessées lorsque des soldats français ont ouvert le feu avec des balles en caoutchouc contre une foule qui s’était rassemblée près de Yopougon-Sorbonne III pour protester contre la mort de deux jeunes hommes de ce quartier abattus par un soldat français le 7 janvier.

Selon les rapports, les troupes de la Licorne ont été rejointes par un groupe de policiers des Nations Unies qui les ont « renforcées » tout en procédant à des arrestations et en utilisant des balles en caoutchouc contre les manifestants. En outre, il y a eu plusieurs incidents au cours desquels des manifestants antifrançais ont été sévèrement battus par des soldats sous le commandement de Licorne après avoir été arrêtés. L’incident le plus grave a eu lieu lors des manifestations du 9 mars près de la place Guémon, lorsque cinq personnes ont été blessées après leur arrestation. Ces incidents suscitent des inquiétudes non seulement quant aux violations commises par les membres de l’opération Licorne, mais aussi quant à l’usage excessif de la force par des policiers de l’ONU dont les règles d’engagement n’étaient pas adaptés à la situation dans laquelle ils étaient déployés – une violation majeure des normes des Nations Unies, mais aussi des propres lois de la Côte d’Ivoire.

Outre les actes de violence commis par les membres de l’opération Licorne, de nombreux rapports indiquent que les soldats français de cette opération ont pris part à un système de détention arbitraire et de torture. Notamment

  • 1) En janvier 2012, deux jeunes hommes détenus à la caserne de Séguéla ont raconté avoir été battus et asphyxiés au gaz de chlore avant d’être libérés
  • 2) Le 13 avril, lors de manifestations à Yopougon-Sorbonne III contre l’occupation du même quartier par des soldats français, huit personnes ont été arrêtées par des « soldats français » qui les ont battues tout en les menottant et ont emmené ;
  • 3) Le 19 janvier, trois garçons ont été arrêtés dans la soirée par « trois hommes habillés en noir avec des bérets et portant des bottes » dans une rue de Yopougon-Sorbonne III. Les soldats les ont frappés avant de les emmener à la caserne Seguela à Marcory, où ils ont été battus pendant plusieurs heures ;
  • 4) Entre le 16 avril et le 25 mai 2012, des membres de l’opération Licorne ont arrêté au moins huit personnes lors de manifestations contre leur présence en Côte d’Ivoire près de l’école de Sokodougou et du stade Félix Houphouët-Boigny

En outre, de nombreux rapports indiquent que des soldats français ont fait partie d’un système de détention arbitraire et la torture utilisés par le gouvernement de Côte d’Ivoire contre des personnes soupçonnées d’être membres ou partisans d’un mouvement rebelle séparatiste dans l’ouest du pays.

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