Le COJEP (Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples) exprime son inquiétude après l’annonce de l’augmentation du coût de l’électricité par les autorités ivoiriennes. Le parti de Charles Blé Goudé a appelé le gouvernement ivoirien à envisager de mettre fin au monopole de l’exploitation et de la distribution de l’électricité et de l’eau.
Côte d’Ivoire : le COJEP inquiet après l’annonce de la hausse du coût de l’électricité
RÉACTION DU COJEP À LA CROISSANCE DU COÛT DE L’ÉLECTRICITÉ EN CÔTE D’IVOIRE
Le 8 juin 2023, le gouvernement ivoirien a annoncé l’augmentation du prix de l’électricité en Côte d’Ivoire, effective en juillet 2023. Le gouvernement précise que ce changement de tarif concerne 11% des abonnés en Côte d’Ivoire. des contrats de 15 ampères et plus, ainsi que les professionnels, qui verront une augmentation de 10 %, tandis que ceux qui utilisent la moyenne tension et la haute tension verront leur facture augmenter de 15 %.
Entre autres raisons, le gouvernement évoque un déficit financier du secteur de l’électricité qui justifierait cette augmentation.
Le gouvernement, par l’intermédiaire du ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, a également assuré que l’impact de cette augmentation sera limité, voire nul, sur le coût de la vie. Il a indiqué que des discussions ont eu lieu avec les associations de consommateurs et qu’une correspondance a été envoyée à la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) pour réguler cette augmentation.
Toutefois, le COJEP tient à exprimer sa vive inquiétude face à cette mesure qui fait peser un réel risque d’inflation sur les produits de consommation, et donc sur le niveau de vie des Ivoiriens.
En effet, sans porter objectivement atteinte à la capacité du gouvernement à maîtriser l’inflation à la suite de cette hausse du coût de l’électricité, on se demande, en l’absence de mesures d’accompagnement, notamment de taxes ou de subventions, comment un commerçant ou un industriel qui verrait sa production augmentation des coûts à la suite de cette augmentation des tarifs d’électricité, ne les répercutera pas sur le prix du produit final. Il est constant que l’électricité représente au moins un coût fixe compris entre 15% et 20% du coût total de production, il nous semble donc utopique de croire qu’un industriel qui supportera une augmentation de 10% ou 15% du coût d’électricité , n’en tiendra pas compte lors de la tarification de ses produits.
Nos inquiétudes sont d’autant plus fondées qu’au-delà des déclarations du gouvernement, les populations sont restées seules face aux récentes augmentations anarchiques, abusives et généralisées du coût des transports, malgré les dernières augmentations des transports, le carburant n’a pas touché le diesel, utilisé par presque tous les moyens de transport public.
Cette nouvelle inflation potentielle s’ajoute ainsi à une inflation généralisée déjà existante et à peine supportable, qui a marqué la vie des Ivoiriens pendant près de deux ans. La hausse de l’inflation a des conséquences bien plus importantes pour les populations à revenu faible ou intermédiaire, qui dépensent une grande partie de leur revenu en biens et services essentiels, qui augmentent plus que les biens non essentiels. Cet état de fait a sans doute des répercussions sur le pouvoir d’achat et le niveau de vie de nos concitoyens, et entraîne par conséquent une baisse des salaires et des revenus réels.
Les récentes mesures sociales, notamment l’augmentation des salaires des fonctionnaires et le SMIG, saluées par tous, n’auront finalement aucun effet sur la vie de leurs bénéficiaires. Les populations qui n’ont pas bénéficié de ces mesures seront encore plus durement touchées.
Dans ces conditions, l’idéal aurait été de suspendre purement et simplement cette mesure à fort potentiel inflationniste.
Le COJEP reconnaît l’engagement public du gouvernement à éliminer les effets de cette augmentation tarifaire sur le coût de la vie.
Ainsi, le COJEP invite le gouvernement, au-delà des discussions avec les associations de consommateurs et des correspondances avec la CIE, à :
– Adopter des mesures concrètes et efficaces pour contenir l’inflation, notamment des mesures fiscales, la réduction du niveau de vie de l’Etat afin de dégager des ressources destinées à soutenir le secteur ou à stabiliser les prix ;
– Engager au plus tôt des discussions avec les producteurs/importateurs et distributeurs afin de s’entendre sur les prix de certains produits de première nécessité avant l’entrée en vigueur de cette augmentation tarifaire.
Par ailleurs, le COJEP appelle le gouvernement à ouvrir une enquête sur les coûts des biens et services essentiels, afin de s’assurer que les hausses de prix sont bien transparentes, c’est-à-dire qu’elles sont justifiées dans leur principe et dans leur proportion.
Le COJEP souhaite inviter le gouvernement, avec la contribution de tous les pouvoirs, à mener une réflexion plus approfondie et structurante sur la situation du secteur de l’énergie, dont le déficit, malgré de nombreux financements et refinancements, contraste avec les résultats positifs des concessionnaire de services depuis plusieurs années.
Enfin, le COJEP souhaite inviter le gouvernement à envisager de mettre fin au monopole de la gestion et de la distribution de l’électricité et de l’eau en Côte d’Ivoire afin de faire place à une politique de la concurrence au bénéfice des clients et des autres consommateurs.
Fait à Abidjan le 12 juin 2023
Le secrétaire général