Une femme médecin a été battue par un homme du rang, dont les coups ont fait perdre une dent à la pauvre femme. La nouvelle circule depuis plus d’une semaine sur les réseaux sociaux et aurait pu susciter l’indignation générale dans les milieux féministes. Mais non ! Outre ses collègues médecins, des activistes, des leaders féminins et d’autres organisations prétendant lutter contre les violences basées sur le genre semblent faire de cet incident un non-événement.
Le mardi 21 mars, une technicienne de laboratoire de 26 ans de l’hôpital du Mali a été sévèrement battue par un capitaine de la gendarmerie nationale. L’agent de santé s’est retrouvé avec la bouche pleine de sang et une dent cassée. Ce grave incident commis par un officier de l’armée malienne n’a été signalé que par les travailleurs de l’Hôpital du Mali, dont le syndicat a déposé une plainte auprès de la brigade territoriale de Faladiè.
Il s’agit pourtant d’une violence contre une femme, qui plus est contre un agent de santé, pendant le mois de mars consacré à la défense des droits des femmes.
Face à la gravité de cet acte, nous nous attendions à une forte réaction des groupes et associations de femmes maliennes pour dire non à l’irrecevabilité, mais hélas.
Il s’agit à notre avis d’un acte condamnable à plusieurs égards.
Tout d’abord, l’agression physique dont cette dame a été victime est d’une gravité singulière, car elle a été commise par un agent des Forces de défense et de sécurité de notre pays, dont la mission royale est la protection de chaque Malien en tous lieux et en toutes circonstances.
Rien ne justifie donc cet acte de la part d’un officier d’une unité très importante de notre armée. Hélas, depuis une semaine, nous entendons les FAMa présenter leurs excuses aux femmes du Mali en général et à cet agent de santé en particulier, en vain.
Deuxièmement, il s’agit d’une femme, d’une mère, d’une sœur et d’une épouse qui a été agressée et qui a perdu son travail. Il était crucial de voir la réaction des groupes et associations de femmes pour déplorer cet acte qui touche les femmes. Malheureusement, une fois de plus, ces femmes prouvent aux observateurs nationaux que leur combat pour le bien-être des femmes signifie autre chose. Pas une seule déclaration de condamnation, pas une seule action de soutien à cette femme dont la bouche a été soufflée par un homme plus fort qu’elle.
Pourtant, les dames qui se disent leaders féminins au Mali sont capables de remplir des stades et des espaces pouvant contenir des milliers de femmes. La preuve en est que, dans un passé très récent, ces femmes qui se disent leaders ont drainé des centaines de femmes de la Place de l’Indépendance au Monument de la Paix pour une marche de soutien aux autorités de transition.
Autre exemple : il y a un mois, ces groupes de femmes, représentés par quelques femmes, ont exigé la tête d’une autre femme devant le siège de la MINUSMA à Sénou.
La raison était que cette dernière avait accusé les plus hautes autorités de la transition de dégrader les droits de l’homme. « Nous sommes des femmes du Mali, nous sommes venues demander à la MINUSMA de nous remettre cette femme apatride pour que nous puissions la traduire en justice. Elle veut ternir l’image de notre transition », a déclaré une femme de la Commune VI qui se dit membre de la CAFO. Cette affirmation a été confirmée par un communiqué officiel de la CAFO, qui a présenté Amina DICKO comme une femme de la société civile malienne.
En tout état de cause, le cas de cette dame n’est qu’une partie de l’iceberg. Cette serveuse brûlée à l’eau chaude par son patron à Bamako, cette femme tuée et culpabilisée par son mari à Kita, cette autre femme dont la tête a été écrasée par son mari à Koutiala, et des centaines d’autres femmes qui souffrent dans leur âme et dans leur chaire ne peuvent compter que sur un peu de soutien, car les femmes leaders du Mali ont apparemment d’autres chats à fouetter.
PAR CHRISTELLE KONE