Rokia Doumbia est en prison depuis deux mois pour « incitation à la révolte » et devait être libérée sous caution début mai.
Arrêtée le 13 mars 2023 après avoir dénoncé la cherté de la vie au Mali sur les réseaux sociaux, Rokia Doumbia, bien qu’ayant bénéficié d’une libération provisoire, est toujours en prison. DR
Ses quelque 160 000 abonnés sur TikTok devront attendre qu’elle réapparaisse sur leurs écrans. Rokia Doumbia a été arrêtée le 13 mars après avoir dénoncé la cherté de la vie au Mali sur les réseaux sociaux.
Libérée sous caution
Placée sous mandat de dépôt pour « incitation à la révolte » et « trouble à l’ordre public par l’utilisation des technologies de l’information et de la communication » après avoir critiqué le gouvernement de transition malien dans l’une de ses vidéos, elle devait être libérée sous caution le 3 mai, dans l’attente de son procès qui aura lieu le 14 juin.
Rokia Doumbia, bien connue des internautes maliens, exprime depuis des années ses préoccupations concernant les prix élevés, en publiant des vidéos presque quotidiennement. L’une de ces vidéos a attiré l’attention des autorités. Cette transition est un échec avec un bilan de 0 %. Aucun Malien ne vit en paix. Lors de mes émissions en direct, les gens réagissent en dénonçant la flambée des prix du riz, du gasoil, de l’huile et du sucre », a-t-il déclaré sur TikTok.
Nouveau mandat d’arrêt
Sa caution, fixée à 1 million de francs CFA par le tribunal de la commune IV de Bamako, qui a entendu l’influenceur le 29 mars, a été payée le jour même par ses parents, qui n’ont pas eu le temps de consulter leurs avocats. « Je leur ai dit qu’ils avaient perdu leur argent », raconte Me Tapo, qui défend Rokia Doumbia. Avant qu’elle ne franchisse les portes de la prison, le procureur a demandé au juge d’instruction de délivrer un nouveau mandat de dépôt, la maintenant ainsi en prison.
Ses avocats doivent maintenant attendre un nouvel « interrogatoire de fond » avant de soumettre une nouvelle demande de mise en liberté. « Nous espérons qu’elle sera entendue avant le 14 juin », a déclaré M. Tapo. En attendant, la femme, également connue sous les surnoms de « Tata Rose » ou « Rose poivron », est détenue à la prison pour femmes et mineurs de Bollé à Bamako.
Ses avocats affirment qu’ils n’ont pas encore eu accès au dossier, qui est entre les mains du procureur de la commune IV de Bamako, Idrissa Touré. Egalement en charge de l’affaire Ras Bath, Idrissa Touré a déjà été critiqué pour avoir multiplié les mandats d’arrêt. L’activiste, également arrêté le 13 mars pour « outrage au chef de l’Etat », a vu sa demande de liberté rejetée. Ses avocats ont dénoncé une « surenchère judiciaire ».