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Choguel K. Maga LAube : L’agenda caché de la révision constitutionnelle est la division du Mali !


En 2019, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kta, entendait procéder à une révision constitutionnelle. Cela a incité le Dr Choguel K Maga, président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) et candidat malheureux à l’élection présidentielle, à demander une révision constitutionnelle.

L’objectif final, inavoué et non avoué, de la révision constitutionnelle est de créer les conditions juridiques de la partition du Mali, déjà programmée. Personne n’est dupe ! », a déclaré dans une interview accordée à nos confrères du journal LAube le 05 août 2019.

Près de quatre ans après, et à la veille du référendum du 18 juin 2023, dont l’objectif est de doter le Mali d’une nouvelle loi fondamentale, Le Wagadu republie l’intégralité de son interview avec le journal LAube.

Le Dr Choguel Kokala Maga, président du MPR (Mouvement patriotique pour le renouveau) et ancien ministre, parle en exclusivité avec LAube du dialogue national, de la révision constitutionnelle, de la division programmée du Mali et des jeux occultes des gouvernants pour y parvenir. Maga appelle les Maliens à se mobiliser pour s’opposer au plan mis en œuvre contre le pays.

LAube : L’actualité est dominée par les préparatifs du débat national. Quel est votre avis sur la question ?

Choguel K. Maga : Tout le monde dit vouloir un débat national. Mais j’ai le sentiment que les différents acteurs n’ont pas la même compréhension de ce que doit être ce Dialogue. La preuve en est que tout le monde en parle depuis plusieurs mois, mais à ce jour, il n’y a même pas de termes de référence (TdR) consensuels. Il est clair qu’il y a un malaise.

Pensez-vous que ce débat peut amener les Maliens à se parler et à trouver des solutions aux maux qui rongent actuellement le pays ?

Choguel K Maga : Le débat n’aura de sens que si les acteurs s’accordent sur les TdR et si les résultats du débat les engagent tous dans l’obligation de mettre en œuvre les conclusions.

Certains s’interrogent déjà sur la volonté du gouvernement d’organiser une véritable conférence pour sortir le pays de la crise.

Choguel K. Maga : Si l’on analyse ce qui se passe depuis la signature du fameux Accord politique sur la gouvernance le 2 mai 2019, on a le sentiment que le gouvernement ne cherche qu’à gagner du temps, à calmer le front politique et social et à vider lesdites assises du contenu attendu par le peuple malien. Le délai envisagé et convenu pour la préparation et la tenue du Dialogue n’a cessé de changer, passant de deux semaines à un mois, et enfin le plus tôt possible.

A l’heure actuelle, personne ne sait quand, comment, sur quels sujets, dans quelles conditions et avec quel nombre et qualité de participants le Dialogue se tiendra. L’incompréhension est permanente et le flou total depuis la nomination du soi-disant Triumvirat dans des circonstances controversées, et surtout depuis l’interview controversée du Chef de l’Etat à JEUNE AFRIQUE.

Une nouvelle plateforme AWN KO MALI vient d’être créée. La FSD a adhéré à cette organisation qui a défini les préalables à la tenue d’un dialogue national. Pourquoi la FSD a-t-elle adhéré à cette plate-forme ?

Choguel K. Maga : La FSD a été l’un des premiers mouvements politiques à réclamer et même à formuler le cadre du dialogue. Il était donc normal qu’elle soit avec tous ceux qui partagent le même combat, même s’il y a des nuances dans les approches.

Il est important d’avoir un front le plus large possible pour donner tout son sens au Dialogue. Pas celui qui se profile à l’horizon, dont le but ultime est essentiellement de forcer la révision constitutionnelle, dont l’objectif principal est d’inscrire dans la Constitution la stratégie de mise en œuvre de l’Etat unitaire à travers un processus de division de l’Etat malien déjà planifié et programmé, sous la pression des forces centrifuges séparatistes et avec l’appui à peine dissimulé de certaines forces extérieures. Le tout sous le prétexte de la décentralisation et de la régionalisation.

Comment voyez-vous la situation actuelle du pays ?

-Sur le plan de la sécurité ; -Sur le plan économique ; -Sur le plan social

La situation actuelle du pays parle d’elle-même. Elle est mauvaise à tous points de vue. Demandez à n’importe quel Malien ordinaire et il vous dira la même chose.

La question du référendum a été remise sur le tapis par le chef de l’Etat. Quelle est votre position sur ce processus de révision constitutionnelle qui divise (encore) les Maliens ?

Choguel K. Maga : L’objectif final, non déclaré et non avoué de la révision constitutionnelle est de créer les conditions juridiques de la division du Mali, déjà programmée. Personne n’est dupe !

On dit que c’est pour permettre la mise en œuvre de l’Accord de paix. Qu’en pensez-vous ?

Choguel K. Maga : Il s’agit d’un discours soigneusement formulé qui est utilisé pour masquer les véritables objectifs de la révision constitutionnelle. Ce n’est pas un hasard si les tireurs et leurs soutiens extérieurs en font leur couronnement. Les Maliens doivent redoubler de vigilance.

La question du Nord a fait l’objet de nombreuses déclarations de sa part ces derniers temps. Pensez-vous que la division du pays est inévitable ?

Choguel K. Maga : La division du pays n’est pas encore achevée. Mais si les Maliens ne redoublent pas de vigilance, les puissants risquent d’utiliser des tours de passe-passe pour les mettre devant le fait accompli.

Comme ce fut le cas en 2016, lorsque le Premier ministre et deux membres du gouvernement se sont entendus comme des larrons en foire avec les Mouvements armés pour adopter en catimini le document dit Entente sur les Autorités intrimaires, document que le Premier ministre est allé faire valider jusqu’au Conseil de sécurité des Nations unies le 16 juin 2019, sans aucun débat préalable en Conseil des ministres.

Ce document, véritable acte de trahison des intérêts nationaux, a servi de base au remplacement en catimini de tous les organes et responsables élus par les populations du Nord par des hommes nommés par les Mouvements armés au niveau des régions, du Cercle et même des communes.

Il est rappelé que les protestations des braves habitants de Gao (qui avaient honorablement et courageusement résisté aux spartiates pendant l’occupation de 2012-2013) contre ce qu’ils considéraient à juste titre comme une trahison, ont conduit à la mort de plusieurs personnes le 12 juillet 2016.

Il s’agit d’une expérience malheureuse qui nécessite une prudence et une vigilance extrêmes. En interprétant mal l’Accord de paix, le gouvernement a accordé aux Spartiates, par cet acte, ce qu’ils n’avaient pu obtenir ni par les armes ni par la diplomatie, sans que cela n’aboutisse à la paix ou à la sécurité.

Je pense que la même technique sera utilisée, dès l’adoption de la révision constitutionnelle, pour organiser, à travers divers types de textes (lois, ordonnances, décrets, arrêtés, accords, etc.) la mise en place de l’Etat unitaire du Mali. Les Maliens n’auront que leurs yeux pour pleurer.

Au passage, rappelons qu’en novembre-décembre 2018, en accord avec les spartiates, le gouvernement a tenté de jouer le même tour aux Maliens en imposant la Démarcation territoriale bidon et injustifiée, qui a été rejetée par l’opposition et l’opinion publique. C’est pourquoi, cette fois-ci, ils veulent mettre le paquet en révisant la Constitution, ce qu’ils ne manqueront pas de faire en bourrant les urnes.

Que peut-on faire pour éviter la division du Mali ?

Choguel K. Maga : La solution réside dans la grande mobilisation et l’extrême vigilance du peuple malien pour refuser l’inacceptable.

Comment voyez-vous la gestion de la BIBK ?

Choguel K. Maga : C’est une gestion qui est loin de répondre aux attentes des Maliens, notamment en matière de sécurité.

Interview réalisée par Mohamed Sylla/Par lAube, 05 août 2019

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