Dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité des Nations Unies, Pedro Comissrio Afonso, qui est également le représentant permanent de la République du Mozambique auprès des Nations Unies, le gouvernement a formellement renoncé à son statut de porte-parole de la France pour toutes les questions en cours d’examen au sein de l’organe onusien concernant le Mali.
En effet, depuis l’inscription de la situation de notre pays à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, conformément à la résolution 2085 du 20 décembre 2012, la France a toujours porté la plume sur toutes les questions concernant notre pays devant cette auguste instance, y compris l’initiation et le dépôt de projets de résolution relatifs au mandat de la Mission multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies au Mali (MINUSMA) ou au régime de sanctions concernant le Mali.
Selon nos sources, cette décision a été prise car, compte tenu de la tension diplomatique entre les deux pays, l’ancienne puissance coloniale ne bénéficie plus de la confiance des autorités maliennes. Paris n’est plus crédible pour traiter les problèmes du Mali. La correspondance sur le Mali permettra au Conseil de sécurité de choisir un autre interlocuteur pour le dossier malien. Notre pays aura la possibilité d’accepter ou de refuser le nouveau gratte-papier qui sera désigné. Le statut de poids plume est généralement réservé aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
Compte tenu du niveau élevé de tension entre les deux pays, cette évolution était prévisible. Dans des communiqués datés du 12 janvier 2022 et du 26 avril 2022, le gouvernement a mis en garde l’opinion publique nationale et internationale contre des actes hostiles, notamment la violation de l’espace aérien malien par des avions militaires français.
Ces mises en garde publiques ont été suivies le 15 août 2022 d’une lettre par laquelle les autorités ont déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité pour actes d’agression, violation de notre espace aérien, subversion et déstabilisation. Ces faits sont extrêmement graves et font douter de l’objectivité et de l’impartialité de la France.
MARCHÉ DUPI- Il convient de rappeler que les relations entre Paris et Bamako ont commencé à se détériorer sérieusement après la rectification de la trajectoire de la Transition en mai 2021. Le Mali a décidé de se tourner vers la Fédération de Russie pour mener efficacement la lutte contre le terrorisme. Cette décision a été fortement contestée par les dirigeants français en termes de condescendance.
L’échange de propos peu diplomatiques a conduit au retrait de la force anti-terroriste Barkhane du Mali, puis de la force Takuba. La tension a culminé avec l’expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako, Jol Meyer, le 31 janvier 2022. Dans son communiqué, le gouvernement de transition a justifié sa décision par les déclarations hostiles du diplomate français à son égard.
Paris a usé de toute son influence pour tenter d’isoler notre pays. Les différentes demandes de résolutions au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU pour sanctionner le Mali se sont heurtées au veto de notre partenaire russe. Notre pays avait même demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour présenter les preuves de la complicité de la France avec les groupes terroristes armés du Sahel. Cette demande est restée jusqu’à présent lettre morte. L’ancienne puissance coloniale ne veut pas, et c’est compréhensible, que son double jeu soit révélé au monde entier.
Les autorités maliennes accusent la France d’aider les terroristes qu’elle prétend combattre aux côtés des forces armées maliennes. Les relations entre les deux pays sont devenues une affaire de fous.
La volonté courageuse du Mali de dénoncer cette situation grotesque a donné lieu aujourd’hui dans notre pays à une campagne médiatique haineuse visant à faire accepter l’idée que l’État malien commet des atrocités contre une partie de sa propre population. Le sort d’un groupe ethnique au Mali n’a que peu d’importance pour ces nocolonialistes.
La question peul n’est qu’un moyen de semer la discorde dans le pays pour promouvoir leur vieille politique de diviser pour régner. Malgré la pression politique et diplomatique des médias, les autorités maliennes maintiennent leur résistance à toute forme de domination étrangère.
Bamako décide de s’affranchir de la tutelle de Paris dans les couloirs du Palais de verre de Manhattan. La France perd un important levier diplomatique. Paris ne peut plus revendiquer le statut de parrain de l’action de la communauté internationale dans la crise malienne.
Bembablin DOUMBIA