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Dcd Dimanche 11 juin 2023 Bamako : Un vibrant hommage rendu hier au magistrat Daniel Amagoin Tessougu !

Daniel Amagoin Tessougu, ancien procureur général près la Cour d’appel de Bamako, est décédé le dimanche 11 juin 2023 à Bamako. Il était dernièrement président de la Cour de justice de l’UEMOA de 2019 à 2022. Son décès est une grande perte pour le Mali et l’ensemble de la communauté judiciaire. Un vibrant hommage lui a été rendu hier jeudi au cours d’une cérémonie au Palais des Sports.

Le magistrat Daniel Amagoin Tessougu est né le 10 décembre 1958 à Sangha, en pays Dogon. Il obtient le baccalauréat en lettres modernes au lycée régional de Sgou en 1977. En 1978, il obtient la deuxième partie de la série Philo-Langues au lycée de Badalabougou. Le juge Tessougu obtient une maîtrise en droit à l’École nationale d’administration de Bamako en 1984. Deux ans plus tard, en 1986, il obtient son diplôme de magistrat à l’Institut National de Formation Judiciaire de Bamako. En 1991, Daniel Amagoin Tessougu obtient un Diplôme d’Etudes Approfondies en Droit Privé à l’Université Robert Schuman de Strasbourg, France. En 2002, il a obtenu un doctorat en droit privé à la même université.

Daniel Amagoin Tssougu est titulaire d’un certificat de thologien de l’Institut biblique Emmas (Suisse). Il a été magistrat de classe exceptionnelle.

Daniel Amagoin Tssougu a été élu président de la Cour de justice de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) par ses pairs le mardi 28 mai 2019, et a pris ses fonctions le lundi 03 juin 2019 au cours d’une audience publique extraordinaire et solennelle. C’est un magistrat malien expérimenté qui a dirigé cette organisation composée de huit pays membres, nommé pour un mandat de six ans renouvelable par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA.

Daniel Amagoin Tssougu était un magistrat doté d’une grande expérience nationale et internationale. Daniel Tssougu a commencé sa carrière comme auditeur en 1985. Il a occupé plusieurs postes clés dans la magistrature malienne. Il a été juge d’instruction de 1987 à 1991. En 1991, il est président du tribunal du travail, juge du siège, puis substitut du procureur en 1992 et conseiller technique du ministre de la justice en 1993.

La carrière de l’ancien procureur général de la République du Mali, Daniel Tessougu, se poursuit avec des responsabilités telles que celles de contrôleur d’État en 1994 et de directeur national adjoint des affaires judiciaires et du sceau en 1996. En 1997, il est Procureur de la Commune VI (Bamako), avant de devenir Chef de Cabinet du Ministre de la Justice de 1997 à avril 2000. De juillet 2001 à janvier 2004, Daniel Tssougu est inspecteur des services judiciaires. En 2004, il est secrétaire général du ministre de la Justice. Daniel Tessougu a également été membre du Bureau de l’Auditeur général de 2005 à 2008 et consultant indépendant de 2009 à 2010. Il a ensuite repris ses fonctions d’inspecteur des services judiciaires de 2010 à 2012, avant de devenir procureur général près la Cour d’appel de Bamako de 2012 à 2016. Enfin, il a été président de la Cour de justice de l’UEMOA de 2019 à 2022.

Le magistrat Tssougu a publié plusieurs ouvrages, dont Droit et politique, la circulation internationale des modèles en question, 2014 ; Cantiques du Ginna (recueil de poèmes) ; Les Edim, Bamako, Mali ; Harmonie retrouve (roman) Editions CPE, Abidjan, Côte d’Ivoire ; La Conjuration (roman) Editions Jamana, Bamako, Mali. Il a également écrit plusieurs articles pour des magazines et journaux spécialisés.

Sa contribution exceptionnelle à la justice malienne et sa réputation d’intégrité resteront à jamais gravées dans les mémoires. Daniel Tessougu était un homme respecté et admiré qui a consacré sa vie à la poursuite de la justice et de l’égalité. Son départ laisse un grand vide dans le paysage judiciaire malien. Dormez en paix, homme de loi !

Marie Dembl

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Daniel Tssougu n’est plus :

lgie pour un homme de vertu

Ceux qui auront de l’intelligence brilleront comme la splendeur des cieux, et ceux qui auront enseigné la justice, la multitude brillera comme des filets, dans les siècles des siècles. Daniel 12.3.

L’auteur de ces mots (en Tweet), qui allient la puissance du verbe à la force du sens, n’est plus de ce monde. Un dimanche comme les autres. Ou plutôt, il commence comme n’importe quel autre dimanche. Avant la mi-journée, la nouvelle, comme un coup de tonnerre dans un ciel clair, nous tombe dessus : Daniel Tessougu, juge à la Cour de justice de l’UEMOA, est rappelé à son Seigneur ce matin du 11 juin 2023. Nous connaissions ses problèmes de santé depuis quelques mois, mais dans l’intimité de nos cœurs, nous avions fait le pari optimiste que le grand Tessougu sortirait vainqueur de l’épreuve de la maladie.

La défaite a été plus forte. Nous nous inclinons humblement devant la volonté de Dieu.

En même temps, nous saluons avec fierté et vigueur la mémoire d’un des plus grands fils du Mali qui, en tant que magistrat et enseignant, a non seulement dit et enseigné la loi, mais a incarné la droiture dans toute sa rigueur.

Dans les tribunaux maliens, dans l’administration, dans les salles de cours des universités et plus tard dans ses responsabilités au niveau régional, en tant que juge et président de la Cour de justice de l’UEMOA.

Daniel Tessougu était un alliage inoxydable de compétence, de probité et d’humilité. Il portait ces vertus et ces valeurs avec un naturel peu commun et n’était pas du tout fier de l’estime qu’on lui portait. Il s’étonnait plutôt qu’un homme, quelle que soit sa profession, ne puisse pas donner le meilleur de lui-même et, surtout, ne puisse pas maîtriser ses pulsions face aux multiples tentations de la vie professionnelle et de la vie tout court. Un grand homme s’est couché dimanche. Notre peine est immense, notre tristesse aussi. Elle était intelligente, elle brillait comme la splendeur du ciel. Elle enseignait la droiture, elle brillera comme une toile, à jamais, comme elle l’a si joliment décrit sur son compte Twitter, faisant écho aux saintes écritures.

Les autres se flatteront du privilège d’avoir été parmi ses amis.

Daniel, le sommeil des justes.

Seydou Sissouma, ancien Commissaire de l’UEMOA

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Malick Coulibaly rend hommage à Daniel Tessougu :

Allez en paix, champion de l’intégrité et de la dignité !

Tous les hommes sont mortels, mais les morts n’ont pas le même poids. La nation malienne pleure aujourd’hui l’un de ses plus dignes fils, Daniel Amagouin Tessougu.

Pour ma part, j’ai rencontré Daniel en avril 2005, lors de mon stage de procureur judiciaire. A l’époque, il était connu pour sa modestie et sa franchise. Lorsque j’ai démissionné de la magistrature en 2008, Daniel était à mes côtés, faisant de son mieux pour me maintenir dans la profession pour, comme il le disait, le bien de la magistrature.

On se souvient de sa lettre ouverte publiée en octobre 2008, dans laquelle il écrivait : « Je partage absolument votre colère face à un système qui prévoit de réduire tous les cadres, mais je suis profondément opposé à votre décision d’abandonner le combat pour une plus grande justice et la défense des droits ». Ses efforts louables ont été vains, car l’agenda de Dieu est immuable. Lorsque j’ai été nommé Lord Chancellor en 2012, je lui ai proposé tous les postes de la magistrature. Il n’a jamais fait de choix. Je l’ai supplié d’accepter le poste de procureur général près la Cour d’appel de Bamako. Il a accepté au nom du Mali, ne demandant qu’une équipe de magistrats techniquement et moralement solides. Nous avons donc appelé Mohamed Sidda Dicko et Harizo Maga. Le premier, pour le Mali, a quitté la Cour constitutionnelle pour occuper un poste au parquet !

En tant que procureur, il a fait preuve de courage, d’intégrité et d’efficacité. Surtout, il est loyal envers son auditeur stagiaire, qui par un accident de l’histoire est devenu son ministre de la Justice.

Comme en 2012, lorsqu’un autre accident de l’histoire m’a fait redevenir son ministre de la Justice en avril 2019, je lui ai à nouveau proposé le poste de son choix. Le cœur lourd, il a décidé de respecter la parole donnée par ses collègues de la Cour de justice de l’UEMOA et de prendre la tête de l’institution.

En 2020, les qualités exceptionnelles de l’homme et ses remarquables états de service m’ont amené à demander et à obtenir du Président Ibrahim Boubacar Keita (que la paix soit avec lui) d’élever directement Daniel au rang d’Officier de l’Ordre National du Mérite. Pour l’anecdote, je peux témoigner qu’il n’a accepté cette distinction que par respect pour son jeune frère ! J’aurais beaucoup de choses à dire sur vous, cher an, mais je voudrais m’en tenir là, car même dans la mort, votre modestie en prendrait un coup.

Allez en paix mon cher an ! Vous nous laissez orphelins de votre courage, de votre génie, de votre intégrité, de votre sens aigu de l’État et de l’honneur. Lamartine avait raison : l’homme n’a pas de port, le temps n’a pas de rivage ; il coule et nous passons !

Votre cadet et disciple, qui vous gardera toujours la plus haute estime !

Malick Coulibaly

Ancien ministre de la Justice

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