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Défis, promotion et perspectives de la construction navale au Mali : les professionnels de l’Ecole Internationale d’Experts !

Du mercredi 10 mai au vendredi 12 mai 2023, la salle de conférence du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) a accueilli le Colloque international sur la construction navale et le développement du transport fluvial au Mali. Le colloque a réuni des professionnels du transport fluvial, des experts, des partenaires techniques et financiers et des acteurs du secteur privé. La conférence était présidée par Dembl Madina Sissoko, ministre des Transports et des Infrastructures.

L’objectif du colloque était de permettre aux professionnels de trouver les voies et moyens pour favoriser le développement de la construction navale, vitale pour l’économie malienne. Outre le directeur général des transports, Mamadou Sow, le colloque a vu la participation du secrétaire général du ministère de l’Environnement, de l’Hygiène et du Développement durable, des représentants des ministres de la Sécurité et de la Protection civile, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, du député-maire du District de Bamako, du représentant du maire de IV et des chefs de service et d’agence des différents ministères. De nombreux professionnels de la marine étaient présents. Ils ont échangé avec des experts internationaux venus d’Algérie, du Bénin, du Cameroun, du Congo-Brazzaville et d’autres pays.

Bien que le Mali soit un pays enclavé en raison de sa situation continentale, il dispose d’un vaste réseau hydrographique qui offre des opportunités inégalées pour le développement de la navigation fluviale et la promotion des échanges économiques, tant à l’intérieur entre les différentes régions du Mali qu’à l’extérieur avec les pays voisins.

Le Mali est bordé par les deux plus grands fleuves d’Afrique de l’Ouest : le Niger et le Sénégal. Le Niger, qui coule au coeur de l’Afrique de l’Ouest et s’étend sur une partie de l’Afrique centrale, est le troisième plus grand fleuve d’Afrique, après le Nil et le Congo, tant par la longueur de 4.200 km que par la superficie de 2.000.000 km de son bassin versant.

Le fleuve Niger traverse le Mali sur 1 750 km et son bassin couvre une superficie de 570 000 km, soit 46% de la superficie totale du Mali qui est de 1 241 238 km. L’économie du Mali est fortement dépendante des ressources du fleuve Niger et de ses affluents. La population malienne vivant dans le bassin est d’environ 14 millions, soit plus de 70% de la population totale du pays, estimée à plus de 20 millions.

Le transport fluvial est donc vital pour les régions du nord et du centre du pays, et essentiel pour l’ensemble du Mali. Il est assuré non seulement par les opérateurs privés de la navigation fluviale légère et locale, qui mettent à profit l’ingéniosité technique de nos artisans, mais aussi par l’entreprise publique, la Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV), qui exerce cette activité à titre commercial et dans le cadre d’une obligation de service public.

Le Ministre des Transports et de l’Infrastructure a souligné que les opérateurs privés et l’entreprise publique fournissent un service important à une population nombreuse qui se déplace facilement et exerce des activités agro-pastorales importantes dans une région vaste et isolée avec très peu d’accès routier.

Transport fluvial : durable, écologique et efficace

Mme Dembl Madina Sissoko a également souligné que le transport fluvial est un mode de transport durable, écologique et efficace qui présente de nombreux avantages, notamment des coûts de transport moins élevés et une meilleure accessibilité aux régions enclavées. Pendant la saison des pluies, certaines zones géographiques du Mali ne sont accessibles que par le fleuve. Cela souligne l’importance du transport fluvial, qui a l’avantage de décongestionner les routes et d’avoir un faible impact sur l’environnement.

Le ministre des Transports et des Infrastructures s’est dit convaincu que le transport fluvial contribue de manière significative au développement économique du pays. En effet, il facilite le transport des marchandises et la circulation des personnes. En particulier, il a souligné que la navigation intérieure est essentielle pour la circulation des personnes et de leurs biens dans le Delta intérieur. Certains métiers, comme la pêche et l’aquaculture, dépendent fortement du fleuve. Le transport fluvial permet d’acheminer les produits vers les centres de commercialisation et de stockage pour la consommation et l’exportation. Il représente donc un lien entre les différentes régions du pays », conclut-il.

Le transport fluvial dans des conditions de sécurité insatisfaisantes

Le ministre a cependant regretté que malgré son rôle important dans le désenclavement intérieur et extérieur du pays, le transport fluvial fonctionne encore dans des conditions de sécurité insatisfaisantes. Son histoire, a rappelé Dembl Madina, est souvent marquée par des événements tragiques. Il s’agit notamment d’accidents mortels et de dégâts matériels causés par des événements tels que : le naufrage du 11 octobre 2013 à Koubi, dans la commune rurale de Konna, région de Mopti, qui a fait 70 morts et d’importants dégâts matériels ; le chavirement d’une pirogue le dimanche 26 avril 2014 à Tienfala, région de Koulikoro, qui a fait 10 morts, des blessés et d’importants dégâts matériels ; le naufrage d’une pinasse à Sendgu, région de Mopti, le mercredi 3 septembre 2015, qui a fait 27 morts, 2 disparus et des blessés, ainsi que d’importants dégâts matériels.

Sur la base de ces événements malheureux, le Gouvernement de la République du Mali, a dit le Ministre, a tiré des raisons suffisantes pour engager le processus de mise en place d’un code de navigation fluviale, en application de la Politique nationale des transports, des infrastructures de transport et du désarmement (PNTD), approuvée par le décret n2016-0066/P-RM du 15 février 2016.

La stratégie 7 de la PNTITD se concentre spécifiquement sur la régulation du sous-secteur fluvial. Ce processus a abouti à l’adoption de la loi n2017-035 du 14 juillet 2017 portant Code de la navigation et des transports sur les voies navigables en République du Mali et du décret n2019-0590/P-RM du 31 juillet 2019 fixant les règles applicables à la navigation et aux transports sur les voies navigables en République du Mali.

Législation relative à la navigation fluviale

Pour l’application de ces textes, les projets de décrets introduits dans le circuit d’approbation concernent notamment les domaines suivants:- prescriptions techniques de sécurité applicables aux bateaux de transport de marchandises ; contrats de transport de passagers et de marchandises ; jaugeage et marques de profondeur ; amendes forfaitaires pour la navigation intérieure ; équipage et exploitation des bateaux ; immatriculation des bateaux ; conditions de délivrance du certificat de navigabilité ; réglementation spécifique pour le transport de marchandises dangereuses.

Nous avons aujourd’hui l’occasion de réfléchir ensemble sur les enjeux, les défis et les perspectives de développement de la navigation intérieure au Mali. Cela nous permettra de partager les expériences et les bonnes pratiques pour améliorer les infrastructures et les équipements, accroître les compétences du personnel, renforcer la sécurité de la navigation, protéger l’environnement, faciliter les échanges et stimuler la croissance économique », estime Dembl Madina Sissoko.

L’importance de la navigation intérieure

Le Gouvernement du Mali, a déclaré le Ministre des Transports et des Infrastructures, est conscient de l’importance de la navigation fluviale pour le développement économique et social du pays. C’est pourquoi il a entrepris et mis en œuvre des actions concrètes pour promouvoir le développement de ce sous-secteur. Il s’agit notamment de programmes de modernisation et de réhabilitation des ports et des voies navigables, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, notamment la Banque Mondiale, à travers le Projet de Réhabilitation Economique et Environnementale du Fleuve Niger (PREEFN).

Selon elle, l’adoption des textes constituant le code de la navigation fluviale, dont l’objectif est d’assurer la sécurité du transport fluvial, est liée aux actions de promotion du sous-secteur. Je reconnais cependant que si nous voulons exploiter le potentiel du transport fluvial au Mali et développer le sous-secteur fluvial, nous devons relever un certain nombre de défis, tels que l’insuffisance des infrastructures et des équipements, le manque de compétences techniques, la pollution des voies d’eau et les effets du changement climatique », a-t-elle déclaré aux participants.

La Ministre des Transports, après avoir souligné que la promotion du sous-secteur fluvial passe par la participation active de tous les acteurs, le partage des connaissances et des expériences, la mobilisation de ressources financières et techniques importantes, le renforcement de la transparence et l’amélioration de la qualité de la gouvernance, est convaincue que le développement du secteur du transport fluvial est étroitement lié à celui de la construction navale.

Appel à l’investissement pour la modernisation de l’industrie navale

La modernisation de la construction navale nécessite des investissements dans les chantiers navals pour leur permettre de construire des navires répondant aux normes de construction et d’introduire de nouveaux matériaux de construction tels que la fibre de verre, qui réduit la pression sur le bois. Il est essentiel de promouvoir l’investissement sans compromettre les compétences traditionnelles, qui peuvent être modernisées et préservées en tant qu’élément du patrimoine culturel national.

Dembl Madina Sissoko a exprimé ses sincères remerciements à la Banque mondiale à travers le PREEFN. La Banque soutient fortement les efforts du gouvernement pour promouvoir le transport fluvial. Elle a également salué la coopération des professeurs de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs (ENI-ABT), de l’Institut Pédagogique Universitaire (IPU) et du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) dans l’organisation du colloque.

Le symposium s’est conclu par des propositions, des suggestions et des recommandations qui ont été transmises au Directeur général pour leur mise en œuvre par les autorités compétentes. Les constructeurs navals ont chaleureusement remercié les organisateurs d’avoir rendu possible cette rencontre. Ils espèrent que ses conclusions contribueront à dynamiser le sous-secteur de la construction navale.

Au nom du ministre des Transports et de l’Infrastructure, le directeur général des Transports a rassuré les constructeurs navals et les professionnels du transport maritime. Il a également salué la participation, à la fois en ligne et en personne, d’experts de premier plan qui ont fourni des conseils et des orientations aux participants. Toujours au nom du chef de département, le directeur général des transports a félicité les membres du comité scientifique (pour la qualité des réflexions menées) et ceux du comité d’organisation de la conférence.

Gaoussou Madani Traor

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