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Diplomates algériens tués au Mali : Tebboune accuse l’Etat voisin

Sept diplomates algériens ont été enlevés par un groupe terroriste dans le nord du Mali en 2014. Plus de dix ans après cet acte terroriste qui a coûté la vie à deux otages, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a pour la première fois pointé du doigt le responsable.

Il s’agit d’une interview accordée au podcast d’Al Jazeera, qui fait suite à l’interview diffusée par la chaîne qatarie il y a une quinzaine de jours.

En avril 2012, Boualem Saies, consul d’Algérie à Gao, et six membres de son personnel ont été enlevés par un groupe armé. Le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest) a revendiqué cet enlèvement, exigeant la libération des terroristes détenus en Algérie et une rançon de 15 millions d’euros.

Trois diplomates ont été libérés en juillet 2012 et deux autres en août 2014. Le vice-consul Tahar Touati a été exécuté en septembre 2012 et le consul Boualem Saies est décédé en captivité des suites d’une maladie chronique.

La libération des derniers otages est intervenue après d’intenses efforts de la part des services diplomatiques et sécuritaires algériens, qui ont travaillé dans le plus grand secret. Les autorités ont assuré qu’aucune contrepartie n’a été versée aux terroristes, la législation nationale interdisant le versement de rançons.

La première victime de l’instabilité (au Mali) est l’Algérie. Nous sommes le seul pays dont les diplomates ont été enlevés au Mali, dont deux ont été assassinés », a déclaré le président Tebboune à Al Jazeera, avant de désigner les responsables de l’opération terroriste, sans les nommer. Nous savons qui l’a fait, c’est un pays voisin, à travers une organisation terroriste fictive qu’ils ont créée au Mali », a-t-il accusé.

Tebboune : un Etat voisin est derrière l’enlèvement des diplomates algériens au Mali

Bien qu’elle ne nomme pas cet Etat voisin, l’accusation vise sans aucun doute le Maroc, avec lequel l’Algérie a rompu ses relations depuis août 2021. En novembre 2021, la Présidence de la République avait accusé le Maroc dans un communiqué d’avoir tué trois commerçants algériens à la frontière entre le Sahara occidental et la Mauritanie. Les commerçants ont été tués le 1er novembre lors d’un raid aérien marocain.

Cependant, de telles actions ne dissuadent pas l’Algérie de remplir son rôle envers le Mali. Personne ne nous empêchera d’aider nos frères au Mali et nous ne permettrons à personne de séparer le nord du Mali du reste du pays », a déclaré Abdelmadjid Tebboune.

Le président algérien a également souligné que l’Algérie et la France n’ont pas la même vision de la solution à la crise malienne.

Nous coordonnons avec tout le monde, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, avec tous les pays européens, pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, mais nous n’avons pas la même vision avec la France et je l’ai dit au président français, a-t-il poursuivi.

Selon Abdelmadjid Tebboune, la France pense que la solution est militaire, alors que l’Algérie privilégie l’approche sociale et économique. Mais les deux pays ne sont pas d’accord. Je n’ai pas d’instruments pour empêcher votre présence militaire et vous n’essayez pas d’aider l’Etat du Mali sur le plan économique et social », a résumé le chef de l’Etat.

Pour lui, la présence de groupes armés dans un pays n’empêche pas nécessairement le développement économique. Nous aussi nous avons eu des groupes terroristes, mais ils n’ont pas empêché notre développement. Et ce ne sont pas tous les Maliens qui ont des armes, seulement certains, a-t-il soutenu, avant de lier le flux de terroristes et d’armes au Mali à la destruction de la Libye.

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