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La France légitime le Mali – Info-Matin

Les enfants adultérins d’un double coup d’Etat ont enfin leur certificat de légitimité. Pour ceux qui s’en souviennent, choqués par les 4 vérités du Premier ministre de transition, Dr Choguel Kokalla Maiga devant l’Assemblée générale des Nations unies, qui mettaient à nu la duplicité, le chantage et l’abandon de la France dans la lutte contre le terrorisme, le chef de la junte française, Macron et ses sbires ont réagi vertement et traité nos plus hautes autorités de tous les noms d’oiseaux :  » … hypocrisie, … mauvaise foi, … indécence … « .

Au lendemain de l’accueil triomphal que lui a réservé le peuple reconnaissant le mardi 28 septembre 2021, à son retour de New York (comme un triomphe au temps de Rome), parce que son vrai problème a été mis à nu sur la place publique, Le 30 septembre 2021, le président français Emmanuel Macron, furieux et enragé contre le Mali et les Maliens, est intervenu sur les ondes d’un média de propagande (RFI) désormais interdit au Mali pour insulter nos autorités. Il a notamment déclaré : « Je vous rappelle que le Premier ministre du Mali est le fils de deux coups d’État, si je puis dire. Parce qu’il y a eu un coup d’État en août 2020 et un coup d’État dans le coup d’État. Donc la légitimité du gouvernement actuel est démocratiquement nulle et non avenue…. Les propos du Premier ministre du Mali sont inacceptables. C’est une honte. Et cela déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement. « Je sais que les Maliens ne sont pas de cet avis…. Nous sommes ici parce que l’État malien nous l’a demandé. Sans la France, le Mali serait aux mains des terroristes… ». En d’autres termes, les autorités de transition n’avaient aucune légitimité puisqu’elles étaient le produit de deux coups d’État.
Pourtant, ce sont ces mêmes autorités de transition illégitimes qui ont expulsé l’ambassadeur de France du Mali le 31 janvier 2022, lui ordonnant de quitter le pays dans les 72 heures. Sans mentionner l’illégitimité de ces fils d’un double coup d’État, Paris a pris acte de cette décision souveraine et a promptement rappelé son ambassadeur…
Le 02 mai 2022, ces mêmes autorités illégitimes, issues d’un double coup d’état, ont souverainement décidé de dénoncer et de résilier les accords de défense entre la France et notre pays.
Désespérée, la France  » considère cette décision comme injustifiée et dément formellement toute violation du cadre juridique bilatéral imputable à la force Barkhane « .
Dans un communiqué de presse du 3 mai du ministère français des Affaires étrangères, la France a indiqué qu’elle retirait sa présence militaire de notre territoire « en bon ordre… conformément à ses engagements vis-à-vis de ses partenaires et dans un esprit de coordination et de dialogue respectueux avec les forces armées maliennes ». Et la France a achevé son retrait militaire de notre pays le 15 août 2022, en direction du Niger, plus accueillant.
Le 26 juillet 2023, le régime présenté comme un modèle de démocratie résiliente au Sahel est balayé par un coup d’État, et Paris n’y voit que de la tristesse. Entre déni et atermoiements, Paris, comme ses alliés qui avaient tout misé sur le président Mohamed Bazoum, est sur les dents. Son ambassade a été vandalisée par des manifestants, il a été accusé de vouloir intervenir pour rétablir Bazoum par la force (ce que la CEDEAO a finalement été chargée de faire), mes grands médias de propagande ont été interdits et, surtout, le Conseil national pour la protection de la patrie (CNSP), comme le Mali et le Burkina Faso, dénonce les accords de défense qui le lient au Niger. Pour Paris, c’en est trop.
Au lendemain de la dénonciation par la France de ses accords de défense avec le Niger, son ministre des Affaires étrangères, tout en prenant acte du communiqué des nouvelles autorités nigériennes, a rejeté la dénonciation au motif que « seules les autorités légitimes nigériennes » sont en mesure de les rompre.
Selon Cathérine Colona : « La France rappelle que le cadre juridique de sa coopération de défense avec le Niger repose sur des accords conclus avec les autorités légitimes nigériennes ». Ces autorités « sont les seules que la France, comme le reste de la communauté internationale, reconnaît ».
Pour Paris, les accords restent donc en vigueur, mais dans le contexte du coup d’Etat (qu’elle reconnaît), ils ne sont pas appliqués car il n’est pas question de coopérer avec des régimes illégitimes. La coopération militaire française est totalement suspendue depuis le coup d’Etat du 26 juillet.
La question qui dépasse la différence entre un coup d’Etat acceptable et un coup d’Etat inacceptable, car chacun connaît les goûts de Paris en la matière, concerne la légitimité des autorités issues de ces coups d’Etat. Comment le CNSP du Niger, issu d’un seul coup d’Etat, peut-il être moins légitime que le CNSP du Mali, auteur de deux coups d’Etat, pour avoir dénoncé les accords de défense avec la France ?
En somme, en n’indiquant aucune légitimité lors de la dénonciation des accords de défense au Mali le 2 mai 2022, la France ne reconnaît-elle pas implicitement et officiellement la légitimité des autorités maliennes que Macron a effrontément qualifiées le 30 septembre 2021 d’issues de deux coups d’État dépourvus de toute légitimité ? En rejetant la dénonciation des accords de défense par le Niger pour défaut de légitimité, alors qu’elle avait accepté celle du Mali, la France oublie qu’elle crédite nos autorités de toute la légitimité qu’elle leur avait refusée.

Par Abdoulaye OUATTARA

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