Au moment de l’accession du Mali à l’indépendance, deux (02) raisons incitaient à un regain d’optimisme. La première était la clairvoyance et l’honnêteté dont l’équipe gouvernementale a fait preuve dans la recherche des moyens d’améliorer la situation économique et financière du pays.
Connaissant le Mali et les limites de ses ressources, il est facile de comprendre pourquoi les dirigeants du Rassemblement démocratique Union soudanaise-Afrique (US-RDA) ne voulaient pas d’un système de développement qui laissait une catégorie de citoyens organiser l’exploitation des autres.La direction du Rassemblement démocratique Union soudanaise-Afrique (US-RDA), sous la pression de la jeunesse et des travailleurs pro-socialistes, a dû se débarrasser de certains de ses membres parce qu’ils étaient incompétents, corrompus ou infidèles à la doctrine du parti. Le président Modibo Keta, en dissolvant le bureau politique de l’US-RDA le 22 août 1967 et en le remplaçant par le Comité national de défense de la révolution (CNDR), a consolidé son autorité.Le Mali est situé dans le bassin central de l’Afrique de l’Ouest. La capitale est Bamako.
La Constitution, de type présidentiel, a été adoptée par la Conférence nationale (25 février 1992). Superficie : 1 241 238 km2. Population estimée : 20 millions 648 000 en 2020. Nombre d’électeurs : environ 8 millions. Nombre de bureaux de vote : 22145. Le taux de participation aux élections présidentielles est en moyenne de 28% et de 22% aux élections législatives.Démocratie, notre pays présente un tableau fascinant en matière de politique et de mouvements associatifs. Il existe deux cent vingt-huit (228) partis politiques, avec 90 562 membres par parti. Quarante-deux mille (42.000) organisations de la société civile, soit quatre cent quatre-vingt-douze (492) personnes par organisation, sept cent vingt (720) associations religieuses, soit 28.678 personnes par association.
A la lumière de cette présentation, notre pratique démocratique montre : une personnalisation de la vie politique et même du fonctionnement des partis qui fait obstacle à la préparation du renouveau. La politisation de la pratique religieuse jusqu’à créer des clercs politiques, faute d’une vision claire dans la planification sociale. Des annonces occasionnelles et l’utilisation de slogans trompeurs au lieu d’actions concrètes. Une politique d’achat de conscience au lieu d’une politique d’enthousiasme militant basée sur la conviction.
La création d’une alliance clientéliste hégémonique au lieu d’une bonne gouvernance, transformant l’administration publique en une tirelire pour préparer les prochaines élections. La promotion des services publics par la loyauté politique plutôt que par l’intégrité et la moralité. La politisation à outrance de la vie syndicale comme moyen d’accès à des postes juteux ou comme moyen de chantage pour accéder aux biens de l’État. Une société civile pourrie et plus politique que les politiciens, utilisant le titre de société civile pour accéder à des fonctions politiques, défendant ainsi plus le gouvernement que les militants des partis au pouvoir.
Cette pratique démocratique s’est doublée d’une pratique institutionnelle : une Constitution calquée sur la pratique démocratique de la Vème République française, qui fait du Président un monarque républicain. Une Assemblée nationale qui ressemble davantage à une caisse enregistreuse, votant plus et contrôlant moins, notamment en matière budgétaire.
Les institutions étaient sous l’influence d’un président monarchique, dont le modus operandi était la manipulation institutionnelle. Un système judiciaire plus ou moins important, à la solde du régime et de ses clients. Une Cour constitutionnelle pour le troisième tour des élections présidentielles et législatives, dont le rôle est de proclamer les résultats et de traiter le contentieux électoral. Les institutions budgétaires bénéficient d’une immunité sous forme de limpunité et l’administration est donc confrontée à cette pratique démocratique et institutionnelle : une administration à la solde de la majorité au pouvoir et utilisée comme une arme pour préparer les prochaines élections.
Ce faisant, elle organise des élections en faveur du pouvoir, puisqu’elle en a tous les moyens. Les fonctionnaires sont promus sur la base de la loyauté politique plutôt que de l’intégrité morale et de la compétence, ce qui contraint les cadres à la prostitution et à la transhumance politique. Des structures administratives non innovantes et non adaptées, calquées sur le modèle colonial.
Une administration lourde et corrompue, éloignée de la population. La presse. En démocratie : la misogynie journalistique en vogue empêche la presse d’évoluer. Les aides à la presse sont dérisoires et mal réparties. La création d’organes de presse par des entrepreneurs et non des spécialistes, comme dans le cas des cliniques et des pharmacies.
La violation des lois régissant la presse. L’économie de la pratique démocratique : endettement excessif des Etats et mauvaise gestion de la dette La dette est un boulet au pied de l’Afrique, affirment les militants du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM). Faible couverture de crédit et taux d’endettement très élevés. Absence de politique d’industrialisation et d’infrastructures. Mauvaise gestion des ressources naturelles de l’État, notamment en ce qui concerne les affinités. Injustice notoire dans les appels d’offres et les marchés publics.
Le poids des accords commerciaux et la présence d’agents publics dans les affaires. L’octroi d’exonérations aux sociétés minières à hauteur de 40 milliards de francs CFA par an sur le carburant, au détriment du peuple malien. En lieu et place de l’or, l’Etat profite du prix du mercure, à son détriment. Le Lor a dépassé le coton comme principal produit d’exportation du Mali, mais il y a un manque de transparence dans la publication des revenus miniers. Le Mali est actuellement le troisième exportateur d’or en Afrique, après l’Afrique du Sud et le Ghana.
Où vont les bénéfices ? Où va l’or ? Les conséquences de ces pratiques ont donné lieu au tableau suivant :Sous Alpha Oumar Konar : un état client.Sous ATT : un état criminel.Sous IBK : un état en faillite.Vers l’effondrement de la République du Mali si aucune réflexion n’est menée pour changer le système de gouvernance Situation de délinquance financière sous IBK aujourd’hui Achat de l’avion présidentiel à des prix inconnus.
170 milliards de francs CFA dépensés pour l’achat d’armes, avec pour corollaire des surfacturations, 30 000 chaussettes CFA et autres. 1230 milliards de francs CFA pour la Loi d’orientation et de programmation militaire.6451 militaires fictifs depuis 2013. Le préjudice total est de 70 milliards de francs CFA entre 2013 et 2021. 700 millions de francs CFA par mois de salaires fictifs. Les fonds alloués par l’Union européenne aux Forces armées du Mali (FAMa) ont disparu faute de traçabilité en 2020.Le bradage des sociétés et entreprises a donné naissance à EDM-SA (nergie du Mali), transformée en service commercial qui maintient la population dans la misère.
Lunion des cotonculteurs, une entreprise pour financer les élections et favoriser un clan. L’AGEFAU, l’AMRTP, l’AGETIP, le PMU-MALI, les PEAGES, l’ACI 200, l’Office du Niger, la CMDT et d’autres sont devenus des réservoirs d’argent pour l’enrichissement illicite. Les permis miniers accordés aux clans avec une exonération de 40 milliards de francs CFA par an sur le carburant, malgré le prix de l’or qui varie entre 55 et 56 dollars.
Extrait du bilan de 30 ans de pratique démocratique rédigé par Aboubacar Sidick Fomba, président du parti ADEPEM et membre du CNT.