Aller au contenu

La nouvelle constitution du Mali : le Collectif des associations musulmanes du Mali entend « utiliser tous les moyens légaux reconnus pour le retrait d’une laïcité plagiée ».

Le Collectif des Associations Musulmanes du Mali (CSMM) a tenu une conférence de presse le 7 janvier 2023 à la Maison de la Presse sur le thème : « La laïcité : problème ou opportunité ? ». Le Dr Ahmad Bolly, universitaire, et le Dr Mohamed Kimbiry, directeur de Radio Dambé, étaient les principaux intervenants. Dans la déclaration liminaire lue par le Dr Mohamed Kimbiry, le collectif a dénoncé le rejet et l’exclusion, la marginalisation de la communauté musulmane malienne dans la quasi-totalité des instances décisionnelles de notre pays, au nom d’une compréhension exacerbée et erronée d’une laïcité négative sectaire, agressive et intolérante. Il a ajouté que ces rejets et exclusions délibérés constituent une stigmatisation offensive, qui porte gravement atteinte à l’honneur de l’ensemble de la communauté musulmane du Mali. Selon le collectif, les pouvoirs publics doivent se ressaisir afin de ne pas entraîner le peuple malien au bord du gouffre au nom de valeurs et d’intérêts qui ne sont pas les leurs. Le groupe a averti qu’il « se réserve le droit d’utiliser tous les moyens légaux pour retirer le plagiat de la laïcité ».

Selon Mohamed Kimbiry, à la veille de la fin de la colonisation au Mali, la religion musulmane a fait l’objet de nombreuses exclusions et déprédations. À cette fin, il cite l’ordonnance n° 59-42PCG du 28 mars 1959 sur les associations culturelles et les congrégations religieuses en République du Soudan, dans son article 3, qui stipule : « Aucun culte ne peut être reconnu comme un culte d’État. La République n’accorde pas de subventions, sauf pour des travaux de biens spécifiques et dans l’intérêt général. Elle ne doit pas payer les « ministres des cultes ». De plus, poursuit le Dr Kimbiry, l’article 25 stipule que « l’enseignement religieux ne peut être dispensé aux enfants inscrits dans les écoles publiques qu’en dehors des heures de classe ». Constatant avec regret et amertume que même après l’accession de notre pays à l’indépendance, le Dr Kimbiry regrette que l’Islam ait été la même cible à travers d’autres mesures de plagiat, qui ont conduit à de graves violations de sa pratique normale. Nous citons quelques articles de la loi n° 86/AN-RM du 21 juillet 1961 portant organisation de la liberté religieuse et de l’exercice du culte en République du Mali : article 3 : « La République laïque ne rémunère les ministres d’aucun culte » ; article 20 : « Les réunions culturelles ne peuvent se tenir que dans les édifices religieux » ; et article 25 : « L’instruction religieuse ne peut être donnée aux enfants inscrits dans les écoles publiques qu’en dehors des heures de classe ». Conscient de la grave dégradation de la situation religieuse dans le nouveau Mali, caractérisée par la rupture des normes exclusives sous couvert d’une laïcité négative, sectaire et agressive, que la réalité actuelle de l’Islam ne peut accueillir, car elles sont contraires à nos valeurs religieuses et sacrificielles, avertit le Dr Mohamed Kimbiry, il est suicidaire pour un pouvoir de transition de maintenir une ligne rouge. Pour cette raison, dit-il, nous sommes prêts à travailler étroitement et efficacement avec tous les segments de la société civile pour un Mali pacifique et serein. « Nous félicitons toutes les associations et organisations musulmanes pour l’engagement civique dont elles ont fait preuve par l’observation civique et l’information des citoyens face à la réforme constitutionnelle en cours….. Nous condamnons avec regret, amertume, fermeté et la plus grande rigueur : une marginalisation atroce, une exclusion délibérée de la communauté musulmane dans la quasi-totalité des instances décisionnelles de notre pays, au nom d’une compréhension exacerbée et erronée d’une laïcité négative sectaire, agressive et intolérante », a-t-il souligné.

Et comme exemple de la marginalisation des musulmans, dit le Dr Mohamed Kimbiry, le décret nommant les membres du Comité d’observation stratégique (COS), de la Commission de rédaction de la nouvelle Constitution (CRNC), de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), la liste additive des membres du CNT, et plus récemment, la commission de finalisation du projet de Constitution. Selon le Dr Kimbiry, ces rejets et exclusions délibérés constituent une stigmatisation offensive, qui porte gravement atteinte à l’honneur de toute une communauté : la communauté musulmane du Mali. Le CAMM, poursuit le Dr Kimbiry, estime que les pouvoirs publics doivent se ressaisir pour ne pas entraîner le peuple malien au bord de la catastrophe au nom de valeurs et d’intérêts qui ne sont pas les leurs.

A cette fin, Kimbiry prévient qu’il se réserve le droit d’utiliser tous les moyens légaux reconnus pour le retrait de la laïcité plagiée. « Nous rassurons les citoyens que nous assumerons toutes nos responsabilités pour la défense et la préservation des valeurs de l’Islam dans ce Mali en voie de reconstruction », a conclu le Dr Mohamed Kimbiry.

B. FOFANA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *