Selon un rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés, 7,5 millions de Maliens sont dans le besoin. Ce chiffre devrait augmenter de 17% pour atteindre 8,8 millions cette année. Cette situation est l’une des conséquences de la crise au Mali, qui figure sur la liste des 10 crises les plus négligées.
Le jeudi 1er juin, le Conseil norvégien pour les réfugiés a publié son rapport sur les 2022 crises les plus négligées. Le rapport indique que le déplacement de personnes au Burkina Faso en raison de l’insécurité est « la crise la plus négligée au monde ».
Le Mali, en proie à l’insécurité, figure dans le triste top 10 des crises les plus négligées au monde. Mais en 2022, notre pays a gagné une place, passant de la 6e crise la plus négligée au monde en 2021 à la 7e.
Le rapport indique que les affrontements entre groupes armés non étatiques dans les régions septentrionales de Gao et Ménaka ont à nouveau déraciné des populations, exacerbant une situation humanitaire déjà désastreuse.
« Fin 2022, 412 000 personnes avaient été déplacées au Mali, dont près de 40 % dans les régions du nord », a déclaré le Conseil norvégien pour les réfugiés.
Le rapport du NRC note également que l’espace humanitaire est devenu encore plus limité et que l’insécurité a entravé l’accès des populations aux services essentiels, y compris la santé et l’éducation.
Plus de 513 000 enfants sont affectés par la fermeture de 1 710 écoles, la plupart non fonctionnelles, dans les zones touchées par le conflit.
Le non-fonctionnement des services d’état civil a également rendu les communautés de plus en plus vulnérables, a-t-il ajouté.
Une fois de plus, les enfants sont les plus touchés, souligne le rapport, qui estime que 150 000 enfants n’ont pas d’acte de naissance et que plus d’un demi-million d’entre eux ne seront pas scolarisés d’ici 2022.
Cependant, poursuit le document, la mobilisation autour de la réponse humanitaire est restée faible, avec seulement 40 pour cent des fonds nécessaires pour les 7,5 millions de Maliens dans le besoin en 2022.
« La faible couverture médiatique de la crise humanitaire, au profit des aspects politiques et militaires, et le manque d’intérêt des dirigeants mondiaux pour les questions humanitaires dans le pays ont contribué à cette situation », explique le Conseil norvégien pour les réfugiés.
La rupture des relations diplomatiques entre le Mali et la France a également eu un impact sur la crise malienne.
Le rapport indique qu’avec le retrait des fonds de développement français du Mali et la décision subséquente du gouvernement malien de suspendre le financement humanitaire français à la fin de l’année dernière, la réponse humanitaire déjà limitée risque d’être restreinte.
« Les projections pour 2023 sont déjà inquiétantes, avec une augmentation probable de 17% du nombre de Maliens dans le besoin, à 8,8 millions », prévient le CNR dans son rapport. Cette augmentation illustre l’ampleur de la détérioration de la situation humanitaire.
Par ailleurs, selon une enquête menée en 2022 sur la perception des causes et des conséquences du conflit au Mali, 57,62 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été personnellement affectées (perte de proches, perte de revenus, blessures, déplacement, etc.
PAR SIKOU BAH
