La querelle entre notre pays et la France est loin d’être terminée. Après le limogeage de l’ambassadeur de France au Mali en mai 2022 ; la dénonciation de l’accord de défense avec la France en janvier 2022 ; et l’expulsion de l’armée française, dont le dernier soldat a quitté Gao en août 2022 ; notre pays vient de refuser officiellement le statut de porte-parole de la France sur toutes les questions examinées par le Conseil de sécurité qui le concernent. Cette décision de refuser à la France le rôle de porte-parole de l’ONU sur les questions concernant le Mali aura-t-elle un impact sur le renouvellement du mandat de la Minusma ? La question est d’or si l’on considère que c’est la France qui porte le projet de résolution sur le mandat de la MINUSMA devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans une lettre du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale adressée à Pedro Comissario AFONSO, Président du Conseil de Sécurité de l’ONU, le Mali conteste le statut de porte-parole de la France sur toutes les questions examinées par cet organe de l’ONU.
Dans sa correspondance, le Ministre des Affaires étrangères rappelle que dans les communiqués du 12 janvier 2022 et du 26 avril 2022, le Gouvernement du Mali a mis en garde l’opinion publique nationale et internationale contre les actes hostiles, notamment la violation de l’espace aérien malien par les aéronefs des Forces françaises.
« Ces mises en garde publiques ont été suivies, le 15 août 2022, d’une lettre par laquelle le Gouvernement de la République du Mali a saisi le Conseil de sécurité d’une plainte pour actes d’agression, violation de notre espace aérien, subversion et déstabilisation », peut-on lire dans la lettre adressée au Président du Conseil de sécurité des Nations Unies.
En conséquence, compte tenu de la gravité des faits, qui suscitent à tout le moins des doutes sur l’objectivité et l’impartialité de la République française, et dans l’attente de la tenue de la réunion spéciale du Conseil de sécurité demandée par le Mali, le Gouvernement de la République du Mali, par la présente lettre, refuse officiellement le statut de porte-parole de la France pour toutes les questions examinées par le Conseil de sécurité concernant le Mali.
Le ministre Abdoulaye DIOP rappelle que depuis que la situation de notre pays a été inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, conformément à sa résolution 2085 (2012) du 20 décembre 2012, la France a toujours porté la plume sur toutes les questions concernant le Mali devant cette auguste instance, y compris l’initiative et le portage des projets de résolution relatifs au mandat de la MINUSMA ou au régime de sanctions concernant le Mali.
Il convient de noter que le gouvernement malien a signalé plus de 50 cas délibérés de violation de son espace aérien et d’espionnage des bases de l’armée malienne par des avions et drones étrangers des forces armées françaises.
En outre, le Mali reproche à la France de refuser de se conformer aux instructions des services de contrôle du trafic aérien, de falsifier les documents de vol et de faire atterrir des hélicoptères sur des sites extérieurs aux aérodromes sans autorisation préalable.
A cela s’ajoutent des vols d’avions de renseignement et de drones opérant à haute altitude pour mener des activités considérées comme de l’espionnage, de l’intimidation ou même de la subversion.
En plus de l’espionnage, les forces françaises chassées du Mali sont accusées de subversion pour avoir publié de fausses images fabriquées pour accuser les FAMa d’être les auteurs de tueries de civils, dans le but de ternir l’image des Forces armées maliennes engagées dans la libération du territoire, la protection et la préservation des populations éprouvées par de longues années de crise.
PAR MODIBO KONÉ