Dans une lettre adressée au Ministre des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger de la République Algérienne Démocratique et Populaire, Chef de la Médiation Internationale dans la crise malienne, le Ministre Ismaël WAGUE commente le rôle de la Médiation Internationale et les cas de violations commises par certains mouvements signataires de l’Accord de Paix et de Réconciliation au Mali, issus du processus d’Alger. Dans sa lettre, le Ministre WAGUE a souligné les efforts du gouvernement malien avant de dénoncer les violations de l’Accord par la CMA. Pour lui, face aux violations répétées, l’absence de réaction de la médiation jette le discrédit sur la communauté internationale qu’elle représente dans le processus de paix au Mali.
Le Ministre WAGUE a tout d’abord remercié le Gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire pour le rôle crucial qu’il joue dans la stabilité du Mali et de la région du Sahel. Il a rappelé que le Gouvernement du Mali a fait de nombreux efforts pour mettre en œuvre l’Accord, qui reste le cadre pour une paix et une stabilité durables au Mali.
« L’engagement du Mali dans la mise en œuvre de l’Accord s’est traduit par l’implication des mouvements signataires de l’Accord dans la nomination du Président de la Transition, dans la désignation de leurs leaders au sein du Gouvernement et du Conseil National de Transition, organe législatif de la Transition. Ces leaders ont également été systématiquement consultés et associés à toutes les grandes étapes de la vie de la nation, notamment les Consultations nationales, la Conférence nationale de refondation, la rédaction de la nouvelle Constitution et sa finalisation en cours. Ces mesures de confiance, qui renforcent le caractère participatif et consensuel de la Transition, sont l’expression concrète de la vision du Chef de l’Etat, résolument engagé dans la paix. Le dialogue permanent avec les acteurs des mouvements, considérés comme des Maliens à tous égards, et l’inscription de la mise en œuvre de l’Accord dans le Plan d’Action du Gouvernement (PAG) contribuent à cette vision », a expliqué le Ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion Sociale, en charge de l’Accord National pour la Paix et la Réconciliation.
Il a également souligné au Ministre des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger de la République Algérienne Démocratique et Populaire, chef de file de la médiation internationale, que l’engagement du gouvernement se traduit également par l’allocation de ressources budgétaires spécifiquement dédiées au développement des régions du Nord du Mali, notamment par le financement, sur ressources propres, du Fonds de Développement Durable (FDD).
Malgré cet engagement, le Colonel Wague déplore que certains mouvements, notamment ceux de la CMA, n’aient pas cessé de violer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Selon lui, les exemples les plus récents de ces violations sont l’installation de quartiers généraux par certains mouvements armés à Gourmah en 2020-2021 ; la réouverture de postes de sécurité dans les zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou ; la délivrance illégale d’autorisations de voyage vers des sites de prospection d’or l’installation et la mise en place de dispositifs de sécurité sur les sites de prospection illégale d’or de N’Tahaka (au sud de Gao) et au nord de Kidal ; le refus de recevoir les médecins chargés de la lutte contre le Covid-19 ; les actions qui entravent le fonctionnement optimal des Bataillons des Forces Armées Reconstituées (BATFAR) ; la conduite de patrouilles TARTIT par des entités non reconnues (CSP-PSD) sans consultation ni accord du gouvernement (Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou, Taoudenni) ; l’occupation et l’organisation de réunions à Anéfis ; le fonctionnement d’un tribunal islamique à Kidal, qui a déjà statué sur le cas de deux éléments des BATFAR à Kidal ; la sécurisation de la ville de Kidal par le CSMAK, malgré la présence des BATFAR la collusion de plus en plus flagrante avec les groupes terroristes, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment S/RES/2100 (2013) du 25 avril 2013, S/RES/2164 (2014) du 25 juin 2014, S/RES/2227 (2015) du 29 juin 2015, qui, entre autres, exigent de tous les groupes armés au Mali (….) de rompre tout lien avec les organisations terroristes.
Le ministre WAGUE a regretté que ces cas flagrants de violation de l’Accord soient d’autant plus préoccupants qu’ils n’ont donné lieu à aucune condamnation de la part de la Médiation internationale et que leurs auteurs n’ont jamais été rappelés à l’ordre. Je suis heureux de rappeler que la Médiation Internationale, en tant que garante politique de l’Accord et du respect de ses dispositions par les Parties, doit jouer pleinement son rôle dans sa mise en œuvre effective », a déclaré le Ministre de la Réconciliation.
Pour lui, l’attitude de certains mouvements, suivie de l’absence de réaction de la médiation, discrédite cette dernière. Ceci est d’autant plus vrai que cette situation entrave les efforts inlassables de la médiation internationale pour la paix et la réconciliation au Mali, donnant ainsi aux ennemis de la paix un sentiment d’impunité.
Il a également souligné que les structures chargées d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord, notamment la MINUSMA, le Centre de suivi indépendant et le Groupe d’experts internationaux sur les sanctions contre le Mali, n’ont jamais répondu aux attentes. Pour preuve, le ministre Ismaël WAGUE a indiqué que l’inaction de la première et le silence de la seconde sur les violations commises par certains mouvements, ainsi que la propension de la troisième à outrepasser son mandat, posent la question de la pertinence de ces structures.
« Fidèle à son double engagement de renforcer la sécurité sur l’ensemble du Territoire National et de rétablir un ordre constitutionnel pacifique et sûr, le Chef de l’Etat a poursuivi l’équipement des forces armées et de sécurité, dont les succès opérationnels parlent d’eux-mêmes. Il a également validé un calendrier réaliste qui inclut les réformes politiques et l’organisation des élections », a rapporté le Ministre WAGUE.
Il a toutefois précisé que le comportement de certains mouvements constitue un obstacle à la paix, à la sécurité et au développement. Ils empêchent la création d’un climat de sérénité nécessaire au retour à l’ordre constitutionnel.
Il a également noté que dans le cadre de la Refondation du Mali, le respect de la souveraineté, le respect des choix stratégiques et des choix des partenaires et la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien sont les principes qui servent de boussole. En conséquence, il a rassuré que le gouvernement mettra tout en œuvre pour atteindre ses objectifs, coûte que coûte, dans le strict respect des droits de l’homme, jusqu’à ce que le dernier terroriste soit éradiqué et que le Mali soit totalement sécurisé, afin que le peuple puisse jouir des dividendes d’une paix tant attendue.
Enfin, il a attiré l’attention du chef de la médiation internationale sur le fait que le gouvernement, tout en restant attaché à l’application intelligente de l’accord, rejetterait automatiquement toute accusation qui le rendrait responsable des conséquences éventuelles de sa violation.
PAR MODIBO KONE