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Le Mali n’est pas en crise sécuritaire à cause de la laïcité » – Info-Matin

Lors d’une conférence de presse tenue dans son département pour annoncer le report du référendum, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye MAIGA, a lancé un appel fraternel aux responsables de la Ligue malienne des imams et savants pour la solidarité islamique (LIMAMA), les invitant à reconsidérer leur position sur la question de la laïcité mentionnée dans le projet de Constitution présenté au chef de l’Etat le 27 février dernier. « Nous avons fait un effort pour définir ce principe de laïcité, en indiquant que la laïcité n’est pas contre les religions », a-t-il imploré.

La remise du projet de la nouvelle Constitution du Mali au chef de l’Etat le 27 février 2023 a été accueillie par une vague de protestations et de controverses dans les milieux sociopolitiques et religieux sur certains aspects. Parmi les contestataires du document, le cas le plus emblématique reste celui de la Ligue malienne des imams et savants pour la solidarité islamique (LIMAMA) qui, le mardi 7 mars 2023, a appelé ses membres à voter contre le texte si le terme « laïcité » n’était pas supprimé.
Vendredi dernier, lors d’une conférence de presse dans son département pour annoncer le report du référendum, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye MAIGA, est revenu sur la polémique sur la laïcité.
« Si nous faisons un diagnostic objectif de la crise dans laquelle nous sommes, je ne pense pas que le Mali soit dans une crise sécuritaire à cause de la laïcité. En ce qui concerne le projet de Constitution, je voudrais lancer un appel à nos frères de la LIMAMA (Ligue malienne des imams et savants pour la solidarité islamique), que nous avons bien entendus. Si le Comité de finalisation a été mis en place, c’est justement pour trouver un consensus sur les points de divergence. En ce qui concerne la laïcité, si vous regardez l’approche du Projet de Constitution, évidemment présenté par le Coordinateur de ce Comité, le Professeur SAMAKE, sur le Plateau de l’ORTM, nous avons fait l’effort de définir ce principe de laïcité, en indiquant que la laïcité n’est pas contre les religions. Je crois que, quelque part, l’inquiétude de certains compatriotes. Aujourd’hui, malgré ces avancées, la LIMAMA n’est toujours pas satisfaite.
Je voudrais clarifier ici, de mon point de vue, ces deux questions.
Le premier argument, le principe de laïcité a toujours existé dans toutes les constitutions du Mali depuis l’indépendance. Et quelque part, je crois que c’est ce principe de laïcité qui a permis la naissance de plusieurs associations et mouvements religieux, dont la LIMAMA. Il est curieux de voir que le principe qui a favorisé votre naissance puisse être combattu par une association.
D’autant plus que la laïcité n’est contre aucune religion. C’était leur demande, et quelque part, cette demande a été prise en compte dans le projet de Constitution.
Le deuxième point, c’est que lorsqu’on fait un diagnostic objectif de la crise dans laquelle nous sommes, je ne crois pas que le Mali soit dans une crise de sécurité à cause de la laïcité », a déclaré le colonel MAIGA.
En effet, dans le préambule du projet de Constitution, il est indiqué que le Mali « réaffirme son attachement à la forme républicaine et à la laïcité de l’Etat ».
Et plus loin, l’article 32 stipule :  » La laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances. Elle vise à promouvoir et à renforcer une coexistence fondée sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle. L’État garantit le respect de toutes les religions et convictions, la liberté de conscience et le libre exercice des cultes dans le respect de la loi.
Nonobstant les garanties constitutionnelles ci-dessus, dans le Projet de Constitution, la LIMAMA a déclaré le 7 mars 2023 que  »la laïcité, dont la définition est à géométrie variable, est un artifice que les gouvernants utilisent à leur guise pour enfermer les religions. Et que cette pratique a été utilisée par la puissance coloniale et tous les régimes de l’ère de l’indépendance qui ont gouverné notre pays.
À cette fin, il a solennellement exhorté « tous les musulmans patriotes » à voter contre le projet de Constitution dans sa forme actuelle lors du référendum.

Par Abdoulaye OUATTARA

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