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Le Mali peut-il en bénéficier ? – Info-Matin

Depuis le 1er avril, la présidence tournante du Conseil de sécurité, l’organe exécutif des Nations Unies, est assurée par la Russie. Un rôle qui tourne chaque mois entre les 15 membres de cette institution. Durant cette présidence russe, les Maliens nourrissent de grands espoirs sur deux points : l’examen de la plainte déposée par le Mali contre la France en août 2022 au Conseil de sécurité de l’ONU ; et l’épineuse question du renouvellement du mandat de la MINUSMA en juin prochain. Alors, le Mali peut-il tirer profit de cette présidence russe ?

Après la présidence tournante de la Chine en août dernier, le Mali compte désormais sur la Russie, son allié historique, pour convoquer cette réunion d’urgence.
En août 2022, notre pays a déposé une plainte contre la France auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, accusant Paris de violer son espace aérien et de fournir des informations et des armes à des groupes armés terroristes. Depuis lors, les autorités maliennes continuent de demander une réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour présenter les preuves qu’elles prétendent détenir sur le soutien de la France aux terroristes dans l’attentat de Tessit.
Sur ce point, les Maliens devront encore attendre, car la réunion d’urgence n’a à nouveau aucune chance d’aboutir pour deux raisons.
La première raison est que, selon les textes régissant l’ONU, en l’occurrence le Conseil de sécurité, cette tâche incombe aux quinze membres du Conseil de sécurité sur le plan procédural et les décisions sont prises à une majorité de 9 sur 15 pour que la question soit inscrite à l’ordre du jour. Cependant, compte tenu de l’équilibre actuel des pouvoirs, il est clair que cette question n’a aucune chance d’être inscrite à l’ordre du jour des réunions du Conseil de sécurité, faute d’une majorité qualifiée pour le faire.
La deuxième raison est que la France dispose d’un droit de veto pour s’opposer à un projet de résolution de condamnation.
D’autant que tout indique qu’elle pourra, le cas échéant, compter sur ses amis de longue date qui disposent également du droit de veto, à savoir : les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Ce qui ferait un total de trois vetos contre deux vetos probables en faveur du Mali. A savoir, la Russie et la Chine.
A ce niveau, la question est donc : quel sens cela a-t-il de s’engager dans un bras de fer en sachant que votre projet n’a aucune chance de prospérer dans un contexte de Conseil de sécurité si lié aux souhaits du camp occidental ?
Le point sur lequel les Maliens placent leurs espoirs dans la présidence russe du Conseil de sécurité est l’épineuse question du renouvellement du mandat de la MINUSMA, prévu en juin prochain.
Avec une présidence aux ordres du Kremlin, il est probable que le mandat de la mission de l’ONU soit renouvelé contre la volonté des autorités et du peuple maliens.
Malheureusement, une fois de plus, la Russie aurait déjà quitté le Conseil de sécurité avant la date limite de renouvellement du mandat en juin.
En revanche, il y a un point sur lequel le Mali bénéficiera de la présidence russe du Conseil de sécurité, c’est la question des violations des droits de l’homme attribuées au MAF, suite au dernier rapport de l’ONU sur la question, dont les allégations ont déjà été rejetées par le Mali.

Par Abdoulaye OUATTARA

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