Le 31 mars, le gouvernement a rejeté les allégations contenues dans un rapport du Bureau de la Démocratie, des Droits de l’Homme et du Travail du Département d’Etat américain, qui accuse l’armée malienne de plusieurs violations des droits de l’homme. Les autorités de transition affirment que ce rapport est basé sur des allégations provenant d’autres documents et sources d’information dont la fiabilité reste à prouver, ainsi que de médias ou d’ONG notoirement partiaux et structurellement liés à des partenaires ouvertement hostiles au Mali.
La question des droits de l’homme est peut-être celle qui oppose le plus vivement les autorités maliennes aux responsables des organisations internationales de défense des droits de l’homme.
En effet, le rapport sur le Mali du Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail du Département d’Etat américain, publié le 20 mars sur son site Internet, a poussé le gouvernement de transition à contester les allégations attribuées notamment aux forces armées maliennes.
Dans un document de plusieurs pages rendu public le 31 mars, le gouvernement exprime son droit de réponse sur le contenu du rapport périodique, contesté depuis longtemps par le Mali qui estime que la question des droits de l’homme est utilisée à d’autres fins.
Dans le rapport, soulignant les allégations d’exécutions arbitraires ou illégales de civils par les Forces de défense et de sécurité du Mali et leurs partenaires russes, le gouvernement répond que les FAMa mènent les opérations militaires de manière autonome et professionnelle. Et la présence d’instructeurs russes dans le pays s’inscrit dans le cadre de la coopération exemplaire avec la Fédération de Russie, notamment dans le domaine militaire, qui s’est renforcée ces dernières années dans la lutte contre le terrorisme.
Par ailleurs, le Gouvernement a rappelé que tous les cas de violations présumées des droits de l’homme (exécutions, enlèvements, tortures, disparitions forcées) par les Forces armées maliennes sur le théâtre des opérations, lorsqu’ils sont fondés en principe, font systématiquement l’objet d’enquêtes par les juridictions militaires, comme en témoignent les nombreux dossiers pendants devant ces juridictions.
A Moura, aucun civil n’a été tué
L’événement de Moura est à nouveau répété dans ce rapport américain, ainsi que plusieurs autres dans lesquels les forces armées maliennes sont accusées de crimes contre les civils dans ce village.
Cette fois-ci, pour sa défense, le gouvernement rappelle que sur la base de renseignements et d’informations précises, les FAMa ont entrepris du 27 au 31 mars 2022, une vaste opération militaire contre les groupes terroristes qui opéraient depuis des années dans la localité de Moura, opprimant et commettant de nombreuses exactions contre la population.
« Les premiers éléments de l’enquête conduisent à l’hypothèse d’un affrontement ayant entraîné la mort par balle, et le grand nombre de corps sont des adultes de sexe masculin. L’intervention militaire des FAMa a été bénéfique et a ramené le calme dans la population. Parmi les morts, il n’y avait que des combattants terroristes et aucun citoyen de Moura n’a perdu la vie au cours de l’opération militaire ; toutes les personnes arrêtées ont été mises à la disposition de la Gendarmerie de Sévaré. Après les enquêtes, elles ont été transférées aux Services d’Investigation Judiciaire de la Gendarmerie Nationale à Bamako, pour être ensuite mises à la disposition de la justice », a déclaré le gouvernement, jetant un voile sur les informations de cette enquête, très attendue par les observateurs et les médias.
Le gouvernement a également démenti les affirmations du rapport selon lesquelles la plupart des violations des droits de l’homme commises par l’armée malienne semblent viser des Peuls, des Touaregs et des Arabes.
Pour lui, il n’y a pas de problème ethnique au Mali. Et, selon le gouvernement, l’armée malienne, républicaine et professionnelle, est multiethnique et, à ce titre, regroupe toutes les ethnies du Mali, y compris celles mentionnées dans le rapport et occupant différents niveaux de responsabilité.
Il ne peut y avoir d’approche ciblant spécifiquement les communautés ethniques », indique le document d’observation des autorités maliennes.
Par ailleurs, la poursuite et l’arrestation de certaines personnes présentées dans le document comme une menace pour la liberté d’expression n’en est pas une, a réagi le gouvernement, affirmant que tous les acteurs politiques poursuivis par la justice malienne « sont soupçonnés d’avoir dévié de la liberté d’expression », Le gouvernement a réagi en affirmant que tous les acteurs politiques poursuivis par la justice malienne « sont soupçonnés d’avoir dévié de la liberté d’expression, de la liberté d’opinion et de la courtoisie que doit avoir le débat politique » pour se livrer à des insultes obscènes, des propos subversifs et tendancieux visant à porter atteinte à la personne même de leur cible, tant dans son honneur que dans sa dignité.
En plus de ces faits dans le document américain qui, selon le gouvernement malien, sont en contradiction avec la réalité, l’utilisation du conditionnel à plusieurs endroits dans le rapport indique un manque de certitude sur les allégations.
A cet égard, le Gouvernement du Mali, en conclusion, rejette les allégations infondées de violations des droits de l’homme et d’infractions qui lui sont imputées.
« Ces allégations, provenant le plus souvent d’autres sources, sont très partiales, non vérifiées et souvent faites délibérément dans le but de ternir l’image du Mali », a-t-il dénoncé.
Malgré la complexité de la situation socio-économique, politique et sécuritaire actuelle du Mali, ainsi que les défis géostratégiques propres à la région du Sahel, le Gouvernement du Mali reste engagé à assurer l’intégrité du territoire national et la sécurité des personnes et de leurs biens, dans le strict respect des droits de l’homme.
PAR SIKOU BAH