Les autorités maliennes ont remis en cause jeudi la « crédibilité » d’un rapport de l’ONU qui, la veille, affirmait que le nombre de personnes tuées dans le pays avait augmenté de 54% en 2022 et attribuait plus d’un tiers des violations des droits de l’homme à l’armée malienne et à ses alliés.
Ce rapport « ne fournit aucun détail sur les sources de vérification des cas rapportés » et ne permet pas au gouvernement d’effectuer « des comparaisons et des enquêtes si nécessaire », a déclaré le ministère des Affaires étrangères en réponse à une note trimestrielle de l’ONU sur les violations des droits de l’homme entre octobre et décembre 2022. Selon les autorités maliennes, certaines des violations des droits de l’homme rapportées par l’ONU ont été vérifiées sur la base de « documents publiés par des organisations étatiques et non étatiques » et par le biais d’entretiens à distance. Cette méthode « pose la question de la crédibilité de toutes les informations recueillies dans ces conditions », indique Bamako. Le nombre de personnes tuées en 2022 (1.277) a augmenté de 54% par rapport à 2021 (584), a indiqué mercredi la Mission des Nations unies au Mali (MINUS). Selon la mission, « 694 violations des droits de l’homme, soit 35% du nombre total de violations, sont imputables » à des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), « parfois accompagnés de militaires étrangers ». Ces chiffres n’incluent pas les violations rapportées à Moura, où, selon l’ONG Human Rights Watch, 300 civils ont été massacrés fin mars 2022 par des soldats maliens en association avec des combattants étrangers, probablement russes. L’armée malienne a démenti que plus de 200 djihadistes aient été tués. Le rapport de l’ONU sur ces exactions présumées n’a pas encore été publié. Le régime de Bamako s’est tourné vers la Russie en 2022, des « instructeurs » selon la junte, des mercenaires du groupe Wagner impliqués dans de multiples exactions selon plusieurs pays occidentaux. Les tensions avec la division des droits de l’homme de la MINUS se sont accrues avec l’arrivée des militaires au pouvoir au Mali, après deux coups d’État successifs en 2020 et 2021, dans un pays confronté à une grave crise sécuritaire. La junte bloque ouvertement les enquêtes de la MINUSMA sur les droits de l’homme et a expulsé en février le chef de la division des droits de l’homme de la mission onusienne.