L’occasion du 30e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai, a été saisie par les Amazighs pour faire part de leurs doléances. L’Assemblée mondiale amazighe a interpellé la diplomatie française sur les actions de France 24 et des généraux algériens, et a mis en garde contre la poudrière que représente le Mali.
Le Maghreb n’a jamais été arabe
Dans une lettre adressée à la chef de la diplomatie française, Catherine Calonna, Rachid Raha rappelle qu’il a « gentiment » demandé à Marie-Christine Saragosse, PDG du Groupe France Médias Monde, de ne plus utiliser l’appellation « Maghreb arabe » sur les chaînes arabes de France24. Le président de l’AMA (Assemblée mondiale amazighe) insiste sur le fait que « le Maghreb n’a jamais été arabe et ne le sera jamais plus ».
L’Assemblée reproche entre autres à France 24 de couvrir souvent « l’actualité d’un mouvement séparatiste artificiel dit « arabe », qui est le Polisario ». Dans le même temps, Rachid Raha note que les médias ne mentionnent pas le cas du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) « qui manifeste par milliers dans les rues de votre capitale, Paris », et encore moins celui du Mouvement national pour la libération de l’Azawad.
Dénomination discriminatoire du « Maghreb arabe
La chaîne française a donc été invitée à respecter « l’identité historique de l’ensemble de l’Afrique du Nord, qui ne peut être qu’amazighe, en rectifiant la dénomination discriminatoire de « Maghreb arabe » ». Pour l’Assemblée, l’utilisation d’une terminologie à connotation idéologique ne fait que « blesser profondément les sentiments, les sensibilités, l’identité et la fierté de millions de citoyens du continent africain, ainsi que ceux de vos propres compatriotes d’origine maghrébine ».
Rappelant que « la grande majorité des plus de 5 millions de musulmans en France sont d’origine amazighe », l’AMA considère qu’il est plus correct d’utiliser « Afrique du Nord », « Tamazgha » ou « Grand Maghreb ». Dans la correspondance, Raha déplore que la « demande légitime sur le grand préjudice non résolu concernant la responsabilité de la République française, avec la monarchie espagnole, dans l’utilisation d’armes chimiques contre la population civile du Grand Rif marocain pendant la guerre du Rif de 1921-1927 » n’ait pas été suivie d’effet.
Rappel à l’ordre des généraux algériens
Par ailleurs, l’AMA rappelle avoir demandé au président français Emmanuel Macron de « rappeler à l’ordre les généraux algériens, qui non seulement cherchent à entraver l’union des pays d’Afrique du Nord, mais aussi alimentent une guerre éternelle contre son voisin, le Maroc, à travers le financement et l’entraînement des mercenaires du Polisario ».
L’AMA va plus loin en pointant du doigt Paris, qu’elle accuse d' »attiser » les « généraux criminels » algériens. Non sans conseiller à la France de « rappeler à l’ordre ces officiers algériens qui se croient impunis et intouchables. Au lieu de les convaincre ». Si, bien sûr, le gouvernement français « veut vraiment aider l’Algérie et son peuple ».
Le Mali, un probable « nouvel Afghanistan » ?
A propos du Mali, l’AMA prévient que ce pays d’Afrique de l’Ouest est « sur le point de tomber entre les mains de Daech », parlant d’un probable nouvel Afghanistan qui s’installerait aux portes de l’Europe. Une menace pour les États d’Afrique du Nord et l’Union européenne. Averti d’une possible attaque de l’armée malienne contre les Touaregs du MNLA pour conquérir la ville de Kidal, le président de l’AMA, M. Amazigh, prédit une guerre fratricide frontale qui pourrait conduire à la conquête de Bamako par Daech. Ce qui sera perçu par l’AMA comme un échec de la politique de Macron qui a fait de la lutte contre le terrorisme une priorité.