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L’éventuelle intervention militaire du Mali au Niger : la plus petite bévue de la transition

Alors que les autorités maliennes sont occupées à défendre le Niger, la situation sécuritaire se complique dans certaines régions du pays. Pour les groupes terroristes, c’est le moment de semer la terreur. En effet, le retrait des troupes de la Minusma s’est accompagné d’une montée de la tension sur le terrain, avec des bandits armés et des terroristes désireux de profiter de la situation. Il est désormais clair que, comme en Libye, la chute du Niger entraînera un chaos total au Mali. Pendant ce temps, l’armée nationale, qui investit les camps de paix, est harcelée en permanence. Les colonels se trompent-ils de guerre ?

Depuis plus d’un mois, de nombreux villages sont secoués par les terroristes dans les régions de Sgou, Mopti et Bandiagara. Les habitants de villages entiers ont dû fuir face aux incursions des terroristes, loin des forces armées maliennes. Cette situation d’insécurité s’est aggravée en juin, lorsque les premières pluies ont commencé. Mais c’est dans le nord du pays que les risques d’affrontements entre la CMA et les groupes armés indépendants sont les plus élevés. La CMA ne souhaite pas sentir la présence des forces armées nationales dans les zones que les casques bleus s’apprêtent à quitter.

Le vendredi 11 août 2023, vers 15h50, les forces armées maliennes se dirigeant vers la ville de Ber, dans la région de Tombouctou, ont réagi vigoureusement à une tentative d’incursion et à des tirs de harcèlement dans le cadre de la réoccupation des possessions de la MINUSMA, faisant 1 mort et 4 blessés du côté ami. Selon un communiqué des FAMa, les terroristes ont abandonné dans leur fuite 04 corps, plusieurs motos et du matériel militaire. Ce bilan s’est alourdi depuis, les terroristes ayant perdu 24 corps et une grande quantité de matériel. Actuellement, l’arme se trouve au camp de Ber après plus de dix ans d’absence.

Pour ne rien arranger, les chefs des groupes armés vivant à Bamako ont tous récemment fait leurs valises, affirmant qu’ils n’étaient plus en sécurité dans la capitale. Le départ des leaders politiques de Bamako est le résultat d’affrontements entre leurs mouvements et l’armée malienne. La dégradation de la situation sécuritaire au Niger pourrait offrir de nouvelles opportunités aux spartiates qui comptaient sur la Minusma pour diviser le Mali au nom de l’accord d’Alger. Il suffit que l’OTAN déverse des armes au Niger pour que le Mali soit définitivement divisé d’une manière ou d’une autre.

Dans des endroits comme le pays Dogon, le retrait des casques bleus est suivi de près par la population locale. Dans ce contexte, le camp de la Minusma dans le village martyr d’Ogossagou a été remis aux FAMa. Mais avant cette remise, des terroristes ont profité de l’absence des forces nationales pour tuer un peu plus de 200 personnes. Les FAMa sont désormais sur le terrain, suite à une cérémonie de remise qui s’est déroulée dans l’enceinte du camp en présence du préfet du Cercle Bankass, le colonel Aly Sidib.

Le chef du bureau de la Minusma à Mopti, Mme Solange Usher Akouba, et le commandant du secteur opérationnel de Maliko 4, le colonel Karim Traor, étaient également présents. La cérémonie s’est achevée par la signature du certificat de remise du site, des biens et des équipements. Bien que la remise du camp se soit déroulée en toute transparence et en bonne coordination avec la mission de l’ONU, les tensions restent vives dans la zone. Ouvert en 2019, le camp de Minusma Ogossagou dans la région de Bandiagara a accueilli les contingents sénégalais et cambodgien, dont la mission était d’assister les FAMa dans leurs tâches.

Certains commanditaires du terrorisme s’inquiètent de la situation politique au Niger, alors que dans le même temps la situation au Mali évolue. Ce contexte fait dire à certains que la transition malienne a mieux à faire que de s’occuper de la défense des autorités nigérianes. Mais la sécurité au Mali est aussi liée à la stabilité au Niger. Si le TCA avait permis d’éviter la guerre en Libye, le Mali ne serait pas tombé entre les mains des hordes terroristes. On sait que les premiers coups de feu au Mali ont été tirés par les mêmes groupes armés que ceux utilisés par l’OTAN contre Mohamar Kadhafi.

Et depuis dix ans, le Mali ne s’est pas relevé. Il est donc normal que les autorités actuelles s’intéressent au cas du Nigeria, où l’OTAN veut encore intervenir militairement au nom de la démocratie. Les colonels savent mieux que quiconque que le Mali ne se portera pas mieux dans les dix ou vingt prochaines années si le Niger est attaqué dans le but de ramener Mohamed Bazoum au pouvoir. Si les Occidentaux n’ont pas pu intervenir pour libérer leurs otages, ils ne pourront pas faire de même pour libérer Bazoum.

Nouhoum DICKO

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