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L’UIP Covid-19 bat le record de la mauvaise gestion au Mali : 1 milliard de FCFA croqué pendant 8 mois en 2020 ; 939 millions volatils en 2021 sur 6 mois de gestion.

Le rapport annuel 2021 du vérificateur des comptes sur la gestion du fonds Covid-19 révèle que la somme de 1 milliard de FCFA (1 032 162 037F) a été volée au PIU (Projet d’Intervention d’Urgence Covid-19) pendant la période du 13 mai au 31 décembre 2020, soit 8 mois de gestion. Plus grave, le même rapport met en évidence d’autres irrégularités financières d’un montant de 939 millions de FCFA (939 227 131F) pendant 6 mois de gestion, du 1er janvier au 30 juin 2021.

Le rapport annuel 2021 du Bureau du vérificateur général sur la gestion du Fonds Covid-19 par le PIUR Covid-19 continue d’alimenter les conversations et de soulever des questions chez beaucoup de nos concitoyens. Au total, les pertes financières cumulées enregistrées dans le cadre du Projet, au cours des exercices 2020 et 2021, s’élèvent à 1,971 milliard de FCFA (1 971 389 168 F).

Les mêmes causes produisent les mêmes effets

L’audit financier de l’UIP Covid-19 en 2020 a provoqué une vague de scandales et aurait des conséquences sur l’establishment politico-administratif de Bamako. Cet audit, couvrant la période du 13 mai au 31 décembre 2020, soit huit mois de gestion, a révélé des dysfonctionnements et des détournements dans la gestion des fonds alloués à l’UIP Covid-19 au Mali. Entre dépassements de budget, détournements de fonds et prestataires de services douteux, entre autres, tout est allé de travers, au point qu’une somme d’un milliard de FCFA (1 032 162 037F) s’est évaporée des caisses du projet, sans laisser la moindre trace.

Pour l’exercice 2021, du 1er janvier au 30 juin, la réalisation des opérations de gestion du projet d’intervention d’urgence COVID-19 présente des faiblesses en termes de régularité et de sincérité des besoins en dépenses. L’audit a révélé des irrégularités administratives relatives à la non-conformité du manuel d’exécution du PDRE COVID-19 aux dispositions de la convention de financement et aux textes en vigueur au Mali, au non-respect des procédures de conclusion et d’approbation des contrats, et au monopole de fait de certains achats par trois fournisseurs. En outre, il existe des irrégularités financières d’un montant total de 939 millions de nos francs (939 227 131F), impliquant les mêmes personnes dans l’unité de coordination de l’UIP Covid-19. Ces irrégularités financières concernent principalement des pénalités de retard non appliquées par le Secrétariat à la Gestion Financière (SGF) du PIUR Covid-19 pour un montant de plus de 187 millions de FCFA, des dépenses indues et injustifiées engagées par les Directeurs Généraux de l’INSP, du DPM et le Spécialiste en Gestion Financière du Projet REDISSE III pour un montant de plus de 126 FCFA.

Les 939 millions de francs CFA dépensés au cours du premier semestre 2021 au PIUR Covid-19 sur les fonds alloués par les PTF (Partenaires techniques et financiers) au Mali, ont suscité la controverse. Et le rapport annuel 2021 de Vgal sur la gestion du PIUR Covid-19 est plein de dénonciations surprenantes.

En effet, plusieurs membres du personnel de PIUR Covid-19, dont le Coordinateur, Dr Seydou Gota ; le Spécialiste en Gestion Financière (SGF) Hamady Sissoko ; le Comptable Boubacar Diarra ; L’auditeur a interrogé les responsables de la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM) et de l’Institut National de la Santé Publique (INSP) sur les dépenses, la collecte de fonds et les opérations de trésorerie durant la période allant du 1er juin au 31 décembre 2021, soit six mois de gestion.

Violations évidentes

Le spécialiste en gestion financière du PIUR Covi-19, Hamady Sissoko, n’a pas appliqué de pénalités pour les retards d’exécution des contrats pendant la période 2021. Par conséquent, après un examen des contrats, des lettres de notification de contrat et des rapports d’acceptation, l’équipe de vérification a constaté que neuf (9) contrats n’ont pas été exécutés à temps et que le spécialiste en gestion financière (SGF) n’a pris aucune mesure pour les faire respecter. Le montant total des pénalités de retard reconstituées par les enquêteurs est de 187,2 millions de FCFA (187 206 394 F). Pendant cette période, les directeurs de l’INSP et du DPM ont encouru des dépenses indues.

En effet, la DG INSP a irrégulièrement appliqué les taux d’indemnités journalières de déplacement du manuel du projet REDISSE III, au lieu de ceux du manuel du projet d’intervention d’urgence COVID-19. Le montant des dépenses indues engagées a dépassé 26 millions de francs CFA (26 005 325 FCFA). Quant au DG du DPM, il a irrégulièrement facturé un taux journalier de 10.000 FCFA comme frais de déplacement aux superviseurs, gestionnaires, agents de livraison et chauffeurs pour la manipulation et le transport des équipements de production de COVID-19 dans le District de Bamako pendant la période allant de septembre 2020 à février 2021, alors qu’il n’existe aucune allocation pour cela. Ces voyages ne sont pas soutenus par les ordres de mission. Le montant des frais de voyage dans le pays est de 10,3 millions (10 350 000 FCFA). Les dépenses cumulées non payées s’élèvent à 36 355 325 FCFA.

Comme si cela ne suffisait pas, le spécialiste en gestion financière de l’UIP Covid-19, Hamady Sissoko, a envoyé une avance injustifiée au projet REDISSE III, qu’il a lui-même reçue en tant que spécialiste en gestion financière du projet REDISSE III. Cependant, il n’a pas justifié cette avance de 90 millions de FCFA reçue le 14 juin 2021.

Trucs et astuces du métier

Le Dr Seydou Gota, coordinateur de l’UIP Covid-19, et le SGF Hamady Sissiko ont conclu un accord spécial avec le bureau de l’OMS au Mali. Selon l’auditeur, le coordinateur du projet et le spécialiste de la gestion financière ont demandé un paiement au Bureau de l’OMS au Mali sur la base d’un contrat irrégulier conclu le 22 mars 2021 et devant s’achever le 31 mars 2022, un mois avant la fin du mandat du représentant de l’OMS au Mali. Il s’agit du contrat N0005C/2021/ DGMP-DSP pour l’assistance technique (appui opérationnel aux systèmes de santé maliens et réponse à la pandémie COVID-19) d’un montant de 1 106 717 $ soit plus de 625 millions de FCFA (625 665 412 F) à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une agence spécialisée des Nations Unies. L’objectif de cet accord correspond aux mêmes objectifs que ceux assignés à l’OMS au Mali. Il s’agit de renforcer les capacités de surveillance, de préparation et de réponse rapide aux épidémies et autres urgences de santé publique et de contribuer à l’évaluation conjointe du RSI ; de soutenir la coordination des acteurs de la santé en contrôlant leurs contributions et en appuyant le ministère de la Santé et du Développement social.

Toutefois, en tant qu’institution spécialisée des Nations Unies, l’OMS a la responsabilité première de promouvoir la réalisation du meilleur état de santé possible dans le monde. Il aide le gouvernement à coordonner les efforts de multiples secteurs et partenaires pour atteindre les objectifs de santé, et soutient les diverses politiques nationales de santé et stratégies de développement du Mali.

En outre, la mise en œuvre du Règlement sanitaire international (RSI) 2005, qui fait l’objet du contrat, relève de la responsabilité de l’OMS. Le RSI 2005 est l’instrument juridique international destiné à aider et à protéger tous les États contre la propagation internationale des maladies. Le RSI 2005 est entré en vigueur le 15 juin 2007.

L’OMS n’a pas l’intention de fournir un service payant ; elle fournit une assistance technique appropriée et, en cas d’urgence, l’aide nécessaire à la demande des gouvernements ou sur leur acceptation. Conformément à son mandat, l’OMS aidera le gouvernement du Mali dans la prévention et le contrôle du VIC-19. Le versement de fonds publics à l’OMS dans le cadre de ce projet constitue une irrégularité dans le mandat de l’organisation.

Le coordinateur de l’UIP Covid-19, Dr. Seydou Gota, et le spécialiste de la gestion financière, Hamady Sissoko, ont dûment demandé à la Banque mondiale de payer le montant total de 1 106 717 USD ou 625 665 412 FCFA au taux de 565,3346 AIDA, le 25 octobre 2021. Ce paiement a été autorisé par les responsables de l’UIP COVID-19 pour un paiement direct du compte bancaire de la Banque Mondiale au compte bancaire du Bureau de l’OMS du Mali.

Il est clair que la pratique de gestion de l’UIP COVID-19 viole les principes d’équité et d’économie, notamment dans l’attribution des marchés publics. Sinon, comment voulez-vous que le Mali verse un montant de 625,665 millions de francs CFA sur ses prêts à une organisation internationale pour financer ses missions de courte durée, en l’occurrence le bureau de l’OMS au Mali, qui est le représentant d’une agence spécialisée des Nations unies à laquelle l’État malien verse déjà sa part financière et qui n’a pas vocation à fournir un service contre rémunération ?

Il convient à l’Auditeur Général de transmettre et d’exposer les faits au Président de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême et au Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako, chargé de la Direction des Affaires Economiques et Financières, concernant : la non application, en 2021, des pénalités de retard d’un montant de 187.206 394 FCFA ; le paiement de dépenses indues pour un montant de 36 355 325 FCFA ; la non justification d’une avance pour un montant de 90 000 000 FCFA ; le règlement d’un contrat spécial avec le Bureau de l’OMS au Mali pour un montant de 625 665 412 FCFA. Cela représente un total de 939 millions de FCFA d’irrégularités financières pour la période du 1er janvier au 30 juin 2021.

En outre, l’Auditeur général a renvoyé devant les tribunaux d’autres faits remontant à l’exercice 2020. Plus précisément, le paiement intégral d’un contrat partiellement surpayé d’un montant de 250 millions de FCFA ; le paiement de dépenses indues d’un montant de 7,19 millions de FCFA ; la réduction des droits d’enregistrement et de la taxe de régulation du marché d’un montant total de 36,09 millions de FCFA ; et le non-paiement des droits d’enregistrement et de la taxe de régulation des contrats d’un montant total de 159,07 millions de FCFA ; le défaut de justification des avances d’un montant de 21,94 millions de FCFA ; le défaut de mobilisation de la garantie bancaire d’un fournisseur défaillant d’un montant de 170,85 millions de FCFA ; le défaut d’ouverture d’un compte d’intérêts pour les fonds du Projet d’un montant de 73,02 millions de FCFA ; la non justification des avances par les bénéficiaires pour un montant de 215,80 millions de FCFA ; la non réception des intrants dans les régions de Kayes, Kita, Koulikoro et Sgou pour un montant de 98,19 millions de FCFA. Cela représente un total de 1 milliard de francs CFA pour la période du 13 mai au 31 décembre 2020.

En attendant, le coordinateur de l’UIP Covid-19, le Dr Seydou Gota, doit être appelé à rendre des comptes, au risque d’ennuyer davantage les Maliens.

Jean Pierre James

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