La rencontre entre les ministres des affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée Conakry à Ouagadougou le 9 février est très importante. Les trois pays en transition ont déclaré qu’ils étaient en train de trouver une alternative à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les responsables burkinabés continuent de proposer une sorte de fédération entre ces pays qui veulent réaliser le rêve de l’Afrique d’avant l’indépendance.
Ce qui est certain, c’est que ces pays veulent réussir là où la CEDEAO a échoué, en travaillant ensemble sur le front économique. Ces pays ont compris qu’ils devaient agir rapidement pour tirer parti de leur situation d’exclusion de la CEDEAO. La Guinée Conakry, qui possède un port important, voit déjà son activité économique se développer grâce aux importations de pays comme le Mali et le Burkina Faso. Le Premier ministre guinéen, qui appelle à une fédération, veut éviter l’embargo sur ses importations d’armes, dont certaines ont été bloquées dans les ports des États membres de la CEDEAO.
C’est une opportunité pour les exportations du Burkina Faso, qui est l’un des principaux pays producteurs de coton. Selon les estimations, la production de coton n’a diminué que de 3 %, à 965 000 balles, la baisse de productivité due aux insectes étant partiellement compensée par une augmentation de 5 % de la superficie, à 625 000 hectares. En conséquence, en 2022/23, les exportations de coton du Burkina augmenteront de 7% pour atteindre 1 million de balles, dissolvant les stocks qui restent à 18 000 balles à la fin de cette saison contre 78 000 balles en 2021/22.
Le port de Conakry est également utilisé par le Mali pour ses exportations et importations. Ainsi, du 27 au 29 mai 2022, une délégation malienne conduite par le ministre du Développement rural Modibo Keta et le directeur général de la CMDT, le Dr Nango Dembl, s’est rendue à Conakry pour assister aux opérations de stockage des fibres de coton et à leur chargement sur les navires à destination des pays acheteurs. Le premier navire transportant 750 tonnes de coton fibre a quitté le port de Conakry pour sa destination finale. Le Mali venait de trouver une alternative à l’embargo des pays de la CEDEAO.
On se souvient que la délégation malienne, après avoir visité les installations de la société Alport-Conakry ainsi que les entrepôts de stockage des balles de coton mis à la disposition de la CMDT, a pu découvrir la zone d’extension du port qui fait partie du nouveau projet de la société visant à augmenter la capacité du Port Autonome de Conakry et aussi à rendre les clients confortables afin de faciliter le transit des balles de coton et autres marchandises en provenance ou à destination du Mali.
Les trois pays marchent ensemble dans un espace économique déjà intégré et les barrières que la CEDEAO n’a pas réussi à supprimer entre les populations sont en train d’être démantelées. Ainsi, la libre circulation des personnes et de leurs biens est devenue une réalité entre le Mali et la Guinée Conakry en 2022. En outre, les trois pays représentent une importante réserve de richesse. La Guinée dispose d’un important potentiel minier, qui est considéré comme l’un des leviers de l’économie nationale. Pour cette raison, le secteur minier a été placé au centre d’un vaste et profond processus de réforme visant à renforcer son impact sur l’économie nationale et, plus généralement, sur le développement socio-économique du pays.
Soumaila Diarra
Source : LE PAYS