Le samedi 25 mars 2023, à la Bibliothèque nationale, dans le cadre de la Journée internationale des droits de la femme, le Club des lecteurs du Mali a organisé un débat sur le thème : Le féminisme contribue-t-il à l’épanouissement de la femme malienne ? Le débat s’est déroulé en présence des responsables, membres et sympathisants du club des lecteurs, d’Amadou Ba de la librairie Donko Ba et de Sekou Fofana, directeur des publications SAWA.
Le débat s’est déroulé entre deux équipes composées chacune de trois femmes, toutes membres du club. La première équipe, A, composée d’Aminata Barry, Fatoumata Malikit et Esther Prou, a défendu la thèse affirmative selon laquelle le féminisme contribue à l’épanouissement de la femme malienne. La deuxième équipe, B, composée de Nana Bah, Rokiatou Ascofar et Madina Ciss, a défendu la thèse négative : le féminisme ne contribue pas à l’épanouissement de la femme malienne.
L’équipe A, qui a soutenu l’affirmation, après avoir défini les mots clés du sujet, a fait l’historique du féminisme, dont l’objectif fondamental est de lutter pour l’amélioration des conditions de vie des femmes dans le monde entier. Elle a affirmé que le féminisme a contribué à l’épanouissement des femmes maliennes sur les plans politique, économique, social et intellectuel. Pour preuve, elle a rappelé les luttes menées par les femmes maliennes, de 1991 à nos jours, qui ont abouti à l’occupation des postes de responsabilité par certaines femmes, notamment Adame Ba Konar, Sira Diop, Awa Keita, Aminata Dramane Traor, Mariam Kadama Ciss. Elle a également évoqué la loi N2015- 052/ du 18 décembre 2015 portant mesures de promotion du genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits et devoirs. L’article 2 de la Constitution du 25 février 1992 dispose que tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs », a déclaré la capitaine de l’équipe A, Aminata Barry. Cela signifie, ajoute-t-elle, que les femmes doivent se battre pour prendre leur place. C’est pourquoi, selon elle, le féminisme leur permet d’atteindre cet objectif. L’équipe A a rappelé que c’est grâce aux luttes des femmes que les femmes ont obtenu le droit de vote, avant de souligner que le salut du monde dépend des femmes.
L’équipe B, quant à elle, a rejeté les arguments de l’équipe A, car pour elle, le féminisme est un concept occidental et non africain. Pour eux, nos sociétés traditionnelles ont donné aux femmes tout ce dont elles ont besoin pour leur développement. Dans son argumentation, elle souligne que l’accent est mis sur le rôle que les femmes peuvent jouer dans une société pacifique. L’équipe B soutient que le féminisme n’existe que pour une minorité de femmes intellectuelles, car il exclut la situation des femmes à la campagne et des servantes qui sont exploitées par ceux qui luttent pour les droits des femmes. La charte du kurukan fuga, considérée comme la première déclaration des droits de l’homme, stipule dans ses articles 14, 15 et 16 : Ne jamais défendre les femmes, nos mères ; Ne jamais porter la main sur une femme mariée avant qu’elle n’ait défié son mari sans succès ; En plus de leurs occupations quotidiennes, les femmes doivent être impliquées dans tous nos gouvernements. Telle est la place des femmes dans nos sociétés traditionnelles. Le féminisme ne correspond pas à notre culture, a conclu l’équipe B. Après délibération du jury, l’équipe A a été déclarée gagnante.
Les échanges avec le public nombreux ont porté sur les droits des femmes au Mali. Enfin, Amadou Ba de la librairie Donko Ba a offert deux exemplaires du livre L’Engagement au fminin aux deux équipes.
Siaka Coulibaly