Le parlement malien a adopté un nouveau code minier le 8 août. Il permet notamment à l’Etat d’augmenter sa participation dans les mines d’or du pays, générant ainsi 500 milliards de francs CFA de recettes annuelles supplémentaires pour le trésor public.
Les sociétés minières maliennes sont optimistes après l’adoption d’un code minier début août. Bien que les nouvelles règles introduisent une plus grande part de l’Etat dans les projets miniers, les sociétés canadiennes B2Gold et Barrick estiment que le statu quo devrait être maintenu pour leurs mines d’or dans le pays.
Un projet minier existant tel que la mine Fekola, qui respecte les règles minières en vigueur au moment de la signature de l’accord, ne devrait pas être affecté par le nouveau code minier, a déclaré B2Gold à Reuters.
Un porte-parole du deuxième producteur d’or mondial, Barrick Gold, a déclaré à l’agence de presse britannique que les discussions avec les gouvernements successifs du Mali avaient été constructives et qu’une solution mutuellement acceptable serait trouvée pour permettre à la société de poursuivre ses activités. Barrick exploite le complexe Loulo-Gounkoto, qui sera la plus grande mine d’or du Mali avec 684 000 onces d’ici 2022.
Parmi les entreprises étrangères présentes dans le pays, citons l’australienne Resolute Mining, Allied Gold Corp et la britannique Hummingbird Resources. Pour l’instant, les implications réelles du nouveau code minier pour ces entreprises sont inconnues. Il faudra au moins attendre la promulgation de la loi, une fois signée par le Président Assimi Goita, et l’adoption des décrets d’application, pour avoir une meilleure idée de la portée des nouvelles règles.
Y a-t-il un impact sur les nouveaux projets ?
Avec plus de 72 tonnes d’or produites en 2022, le Mali est le deuxième producteur d’or d’Afrique de l’Ouest et le troisième du continent. Avec d’importantes réserves inexploitées et de nombreux projets à différents stades de développement, les prévisions récentes annoncent une augmentation de la production d’or dans les années à venir. Toutefois, la modification du code minier, qui pourrait faire passer la part des citoyens et des investisseurs locaux de 20 à 35 %, pourrait entraver les ambitions du pays.
La nouvelle législation devrait rendre les sociétés minières plus prudentes quant aux nouveaux investissements dans le pays. Un porte-parole de Hummingbird a déclaré qu’il faudra en tenir compte dans toute décision d’investissement future pour des projets potentiels dans le cadre de la nouvelle loi minière.
La nouvelle loi minière risque de n’être que la partie émergée de l’iceberg. []. Elle découragera probablement les opérateurs existants de développer de nouveaux projets et les mineurs étrangers d’investir au Mali », déclare Mucahid Durmaz, analyste principal pour l’Afrique chez Verisk Maplecroft.
En Zambie, par exemple, l’adoption d’un nouveau régime fiscal en 2018 a sérieusement affecté le climat des affaires, motivant notamment le plus grand producteur de cuivre du pays (First Quantum Minerals) à bloquer un investissement de plus d’un milliard de dollars pendant plusieurs années.
Emiliano Tossou
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