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Mali : les anciens rebelles touaregs quittent Bamako, nouveau signe de tension avec la junte

L’ex-rébellion touareg du nord du Mali a ordonné à tous ses représentants de quitter la capitale, creusant un peu plus le fossé avec la junte au pouvoir, qu’elle accuse d’agir contre l’accord de paix de 2015, a déclaré jeudi l’un de ses chefs.

Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) à Bamako, a déclaré qu’il avait été le dernier à quitter la capitale jeudi sur instruction de l’organisation. « Notre direction estime que nous ne sommes plus en sécurité dans la capitale et que les raisons de notre présence au nom de la CMA sont complètement compromises », a déclaré M. Attaye Ag Mohamed à l’AFP.

La CMA, alliance de groupes indépendantistes et autonomistes dominés par les Touareg entrés en rébellion contre l’État malien dans le nord en 2012, est l’une des parties à l’accord de paix d’Alger signé en 2015 avec le gouvernement malien. La mise en œuvre de cet accord est jugée essentielle par les partenaires étrangers, alors que les djihadistes continuent de lutter contre l’État sous la bannière d’Al-Qada ou de l’organisation État islamique, et que le pays reste plongé dans une crise profonde. Le départ des représentants de la CMA de Bamako est un nouveau coup porté à la détérioration des relations entre les anciens rebelles et le gouvernement depuis l’arrivée au pouvoir des colonels en 2020. Cette détérioration fait craindre pour l’accord, qui est en mauvaise posture depuis des années. La CMA reproche à la junte d’avoir approuvé en juin une nouvelle constitution qui remet en cause l’accord d’Alger, selon Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation des ex-rebelles. La CMA contrôle de vastes zones de tension dans le nord. Elle accuse la junte de vouloir prendre le contrôle des bases que la mission de l’ONU (Minusma) s’apprête à quitter. Une telle prise de contrôle serait contraire aux termes du cessez-le-feu conclu en 2014, selon elle. La junte a poussé le Conseil de sécurité à se prononcer en juin sur le retrait de la Minusma d’ici la fin de l’année. L’ancien groupe rebelle accuse également l’armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner d’une attaque au cours de laquelle deux de ses hommes ont été tués la semaine dernière. Cette attaque est « la provocation de trop », a déclaré Attaye Ag Mohamed. L’insoumission à l’autorité centrale dans le nord est une irritation majeure pour la junte. La junte a fait de la souveraineté son mantra depuis qu’elle a pris le contrôle du pays par la force, rompu avec la France et ses partenaires contre le djihadisme, et s’est tournée militairement et politiquement vers la Russie.

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