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Mali-Russie : Les obstacles d’une route commerciale

Les ports européens sont interdits aux navires russes, alors que, jusqu’à preuve du contraire, les produits importés au Mali passent par ces ports. Le Mali, qui a signé des contrats d’achat de produits russes, rencontre donc d’énormes difficultés pour livrer ces produits, dont certains sont bloqués en Europe. On peut comprendre pourquoi les hydrocarbures restent chers au Mali, malgré le fait que la Russie soit devenue le principal fournisseur de produits pétroliers du pays. En septembre dernier, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé ce blocus.

À l’époque, le président russe avait affirmé que les ports européens bloquaient 300 000 tonnes d’engrais, que la Russie proposait de transférer gratuitement aux pays qui en ont le plus besoin. Il a accusé l’UE de bloquer le don de 300 000 tonnes d’engrais russes aux pays qui en ont le plus besoin, tout en se plaignant des obstacles occidentaux aux exportations. M. Poutine a déclaré que le comble du cynisme était le fait que même l’offre de la Russie de transférer gratuitement 300 000 tonnes d’engrais bloquées dans les ports européens en raison des sanctions aux pays qui en ont besoin n’a pas été acceptée.

Au même moment, Poutine avait déclaré vouloir donner ces tonnes d’engrais gratuitement aux pays dans le besoin. On sait que le Mali a eu beaucoup de difficultés à obtenir des engrais en 2022 à cause de cette mesure de l’UE. Cela a eu un impact sur les rendements des agriculteurs, l’État ayant été contraint de réduire la quantité d’engrais distribuée aux agriculteurs en attente d’aide. La Russie, premier producteur mondial de céréales, ne peut pas vendre sa production et ses engrais en raison des sanctions occidentales qui touchent notamment les secteurs financier et logistique.

Selon les statistiques, en 2021, la Russie était le premier exportateur d’engrais azotés et le deuxième fournisseur d’engrais potassiques et phosphatés. Vladimir Poutine a critiqué les sanctions illégitimes adoptées par certains pays occidentaux pour renforcer leur position, mais qui ont des conséquences négatives pour eux-mêmes. Ces sanctions touchent également des Etats totalement innocents qui souffrent de cette politique, principalement des pays en développement et des pays pauvres. Ce sont les pays d’Afrique, d’Asie du Sud et d’Amérique latine qui ont été principalement touchés par les restrictions occidentales sur la fourniture d’énergie, de nourriture et d’engrais russes aux marchés mondiaux.

Les Maliens attendent des explications des autorités de transition sur le suivi des accords commerciaux signés avec la Russie. Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que les produits que la Russie vend à bas prix aux pays amis restent chers au Mali. A Bamako, le prix du pain et des hydrocarbures a augmenté en raison des restrictions imposées à la Russie par les pays européens. Ce prix élevé devrait être contré par des accords commerciaux, comme on le voit dans certains pays qui importent des produits russes.

Les Russes ont promis de transporter eux-mêmes les produits que le Mali achète après la signature de l’accord commercial. Le Mali a donc acheté pour 100 millions de dollars de produits. Mais les gens regardent l’horizon dans l’espoir que ces produits atteignent le marché. Quelques tonnes de blé et de clinker ont été expédiées au Mali via le port de Conakry au début de la saison des pluies, pour les usines de production de ciment et de farine de blé. Mais les gens sont encore confus quant à la route commerciale entre le Mali et la Russie.

Soumaïla Diarra

Source : LE PAYS

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