Une influenceuse malienne a été condamnée mercredi à un an de prison après avoir dénoncé les militaires au pouvoir et leur « échec », selon elle, face à l’enregistrement et à l’inflation, a indiqué son avocat.
Elle doit également payer une amende d’un million de francs CFA (1 500 euros). « Nous avons fait appel », a déclaré par téléphone à l’AFP Me Kassoum Tapo, l’avocat de Rokia Doumbia. Il est difficile pour les voix dissidentes de se faire entendre sans risquer d’être contestées sous le régime colonial au pouvoir au Mali depuis 2020, un pays sahélien confronté à la violence sous toutes ses formes, y compris les attaques jihadistes. Rokia Doumbia, connue au Mali pour son engagement dans la lutte contre la pauvreté et très suivie sur les réseaux sociaux, est accusée d' »outrage au chef de l’État », d' »incitation à la révolte » et de « troubles à l’ordre public par l’utilisation des technologies de l’information et de la communication ». « Sous son gouvernement, les choses ne vont pas bien », a-t-elle déclaré en mars dans une émission diffusée en direct sur TikTok et adressée au chef de la junte, le colonel Assimi Gota, avant de s’effondrer. « Cette transition est un échec avec 0% (de résultats). Je ne donnerais même pas 1%, mais 0% », avait-il dit, en référence à la période de régime militaire qui devait précéder le retour, annoncé pour 2024, des civils à la tête du pays. « Aucun Malien ne vit en paix », a-t-il ajouté, alors que les autorités affirment régulièrement avoir repris l’initiative face aux djihadistes. « L’insurrection gagne du terrain partout », a-t-il ajouté. Un proche de Rokia Doumbia, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat comme beaucoup de ses interlocuteurs, a indiqué qu’elle avait été dénoncée aux autorités par le Collectif pour la défense des militaires (CDM). Les appels de cette organisation, l’un des soutiens les plus agressifs de la junte, sont souvent suivis.