L’ancien ministre Mohamed Aly Bathily, membre du Comité stratégique M5-RFP Mali Kura, s’est exprimé sur les questions liées à la justice et à l’exercice des libertés fondamentales au Mali. Fervent défenseur des libertés, M. Bathily s’est indigné de l’utilisation de l’Etat pour interdire l’expression des opinions. Il a également réitéré son opposition au projet de nouvelle Constitution. Je ne tricherai pas, je ne voterai pas pour cette Constitution et je voterai non ! a déclaré Mohamed Aly Bathily. Ces propos de l’ancien ministre ont été tenus le samedi 3 juin 2023 en marge d’une conférence de presse du Comité stratégique M5-RFP Mali Kura.
Mohamed Aly Bathily, membre du barreau du Mali et homme politique, n’hésite jamais à s’élever contre des situations qu’il juge injustes. Il considère que les règles établies sont violées sous les yeux de tous Nous nous sommes donné des lois au Mali, et ce n’est pas moi qui les ai données. C’est nous tous, après les résultats du référendum de 1992, je crois que la Constitution a été adoptée à l’époque par 99% des Maliens. C’est cette Constitution qui nous a dit qu’à l’issue d’une crise très grave en 1992, il y avait des martyrs dont les tombes sont à Niarla, le pont des martyrs est là, des gens ont été tués, des enfants ont été tués, nous nous sommes donné ces règles. A l’époque, c’était une question de règles », a-t-il expliqué.
Selon M. Bathily, chacun a le devoir de respecter ces règles. Quand ces règles nous disent de ne pas faire certaines choses, je ne vois pas d’autre légitimité. Je ne vois rien d’autre. On dira que vous êtes contre la transition dans un manichéisme noir ou blanc insupportable. Un esprit scientifique dirait que c’est binaire, que c’est a ou que ce n’est pas. Mais ce n’est pas le cas ! Nous ne sommes pas contre la transition, mais nous ne permettons pas que la transition viole notre Constitution. Quelle logique voulez-vous que le Mali suive ? La logique de l’esthétisme. Le Mali défend sa Constitution, pas l’amour des Assimi. Mais pourquoi avons-nous peur de le dire ? Pourquoi ne prenons-nous pas la responsabilité de le dire ? a demandé l’avocat Mohamed Aly Bathily.
Défendant la position du Comité stratégique M5-RFP Mali Kura, l’ancien ministre Bathily a réitéré qu’il ne soutiendra pas le projet de nouvelle Constitution. Selon lui, tous les partis voteront et appelleront comme ils le souhaitent. Mais je ne tricherai pas, je ne voterai pas pour cette Constitution et je voterai non’, a-t-il dit.
Abordant les questions de justice et d’exercice des libertés fondamentales au Mali, l’éminent juriste a évoqué les menaces qui pèsent actuellement sur la liberté d’opinion. Ces menaces, a-t-il dit, sont intolérables. Elles sont intolérables. Quoi de plus normal que deux magistrats qui expriment leurs opinions en dehors de leur travail ? Peut-on dire qu’il est interdit aux magistrats d’exprimer leurs opinions ? Non ! Dans ce qu’ils font, dans leurs sentences, oui », a-t-il déclaré.
Selon M. Bathily, ces questions de menace ne doivent pas être prises à la légère. Je pense qu’il s’agit simplement d’un manque d’information. Que le ministre de la Justice mente, toutes les démarches qui ont été faites sont fausses. Lorsqu’un juge exprime son opinion, il ne porte pas de jugement.
Parlant comme un professeur qui donne des leçons de droit, M. Bathily rappelle que l’inspecteur n’intervient que dans le travail du magistrat et non dans son opinion. Chrif Kon et Dramane Diarra ont eu raison de refuser d’être entendus par l’inspecteur. L’inspecteur n’est pas un contrôleur de l’opinion des magistrats, mais de leur façon de travailler. Donc, on détourne le sens des choses, on utilise l’Etat pour restreindre la liberté. L’inspection, c’est l’État. À travers elle, l’État opprimera Chrif Kon et Dramane Diarra. Nous devons les soutenir, coûte que coûte », a conseillé M. Bathily.
Convaincu de la nécessité de préserver le droit à la liberté, M. Bathily estime qu’il est urgent d’agir ensemble au-delà des discours. Je propose que les 10, 11 et 12 juillet, date à laquelle nos jeunes ont été tués, nous sortions et manifestions notre attachement à nos libertés », a-t-il déclaré.
Sidiki Adama Dembl