Les sécheresses récurrentes ont contribué à modifier les caractéristiques et la composition de la végétation au Mali. Les agriculteurs et les éleveurs, généralement situés dans les zones arides et semi-arides du nord où les précipitations sont inférieures à 400 mm par an, sont particulièrement vulnérables à l’impact des chocs climatiques. Ces dernières années, le Mali a été confronté à des sécheresses récurrentes, des inondations et des invasions de criquets, qui ont toutes un impact économique et social important ; le dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du pays fournit des informations approfondies sur ces chocs climatiques.
La Note sur la situation conomique du Mali 2023 révèle que la sécheresse a un impact sévère sur le secteur de l’élevage, l’un des secteurs économiques les plus importants au Mali et dans la région. L’élevage représente 40 pour cent du PIB du secteur primaire et environ 15 pour cent du PIB national. Il fait vivre 85 pour cent des agriculteurs et génère des revenus pour environ 30 pour cent de la population (environ six millions de personnes). Le Mali possède également le deuxième plus grand cheptel des pays de la CEDEAO après le Nigéria, avec 60,1 millions de têtes de bétail en 2019.
Selon l’étude, le Mali a connu pas moins de 40 chocs climatiques majeurs entre 1970 et 2020. La sécheresse, par exemple, aurait affecté environ 400 000 personnes par an, réduisant les revenus agricoles liés aux cultures de 9,5 millions USD par an. Les invasions acridiennes de 1985-1988 et de 2003-2005 ont détruit des millions d’hectares de cultures, mais l’impact sur la population n’a pas été mesuré.
En termes d’impacts négatifs, le rapport souligne que la sécheresse peut également conduire à des conflits, ou exacerber des conflits existants, lorsque les éleveurs migrent vers des régions utilisées par d’autres, telles que les terres cultivées ou les pâturages. L’escalade des insurrections djihadistes depuis 2017 a accru les tensions et les violences ethniques, en particulier dans les régions centrales, et exacerbé la vulnérabilité des éleveurs. La perte d’intrants et les pillages combinés à la violence et aux incidents sécuritaires ont perturbé les marchés et les moyens de subsistance des familles dans les zones touchées.
Pour faire face aux effets de la sécheresse, les agriculteurs ont dû abandonner leurs villages touchés par la sécheresse à la recherche d’autres ressources en eau et en pâturages. L’analyse de la Banque mondiale mentionne également que, bien que la mobilité soit une stratégie efficace pour les éleveurs afin de protéger leurs biens, en particulier pendant la sécheresse, elle peut conduire à des conflits avec les agriculteurs des systèmes agricoles sédentaires. Il a été noté que dans de nombreux cas, les éleveurs optent pour la vente rapide de leurs animaux à bas prix afin d’acheter de la nourriture comme principale stratégie d’adaptation. Cette stratégie est préjudiciable, car elle fait appel à des actifs clés qui sont difficiles à récupérer après une sécheresse, ce qui accroît la vulnérabilité du bétail à une nouvelle sécheresse.
En réponse, le rapport préconise l’introduction d’instruments pour protéger les secteurs clés tels que le pastoralisme et l’agriculture, et suggère que la résilience financière peut être renforcée de cette manière. [du pays] face à la sécheresse. L’introduction de ces instruments de financement et d’assurance contre les risques de catastrophes pourrait réduire les impacts socio-économiques négatifs des chocs climatiques et fournir un financement opportun et ciblé en réponse ou en prévision d’un choc. Selon l’étude de la Banque mondiale, environ 15 % de la superficie du Mali se prête idéalement au financement et à l’assurance des risques de catastrophe basés sur l’indice (IBDRFI) pour les éleveurs, tandis que 10 % supplémentaires pourraient convenir après une analyse plus approfondie.
En ce qui concerne les perspectives macroéconomiques du pays, le rapport indique que le Mali a connu une croissance résiliente du PIB malgré plusieurs chocs en 2022, notamment les sanctions de la CEDEAO, l’inflation des denrées alimentaires et les attaques de ravageurs affectant la production de coton. La croissance du PIB est estimée à 1,8%, soutenue par la reprise de l’agriculture vivrière et la résilience de l’or et des télécommunications. L’inflation annuelle moyenne a atteint 9,7 % en 2022, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires.