Le projet de nouvelle constitution du Mali continue de diviser l’opinion nationale. La Ligue malienne des imams et savants pour la solidarité islamique au Mali (Limama) a appelé le mardi 7 mars 2023, lors d’un point de presse, les musulmans du pays à voter contre le projet de nouvelle Constitution dans sa forme actuelle. Les imams ont appelé à la suppression totale de la laïcité dans le projet de nouvelle Constitution du Mali.
Selon le secrétaire général de Limama, Gaoussou Sidiki Mainta, dans le projet de nouvelle Constitution du Mali, le terme « laïcité » devrait être remplacé par « État multireligieux ».
« La laïcité est une ruse que les gouvernants utilisent à leur guise pour enfermer les religions. Cette pratique a été utilisée par la puissance coloniale et tous les régimes de l’ère de l’indépendance qui ont gouverné notre pays », a-t-il expliqué.
Pour Baila Amadou Bah, secrétaire administratif de la Ligue malienne des imams et savants pour la solidarité islamique au Mali, le mot laïcité sous toutes ses formes doit être retiré du texte fondamental et remplacé par l’Etat multiconfessionnel. « Nous faisons confiance aux autorités de transition, nous faisons confiance à leur esprit patriotique, à leur intelligence, pour percevoir les souhaits de 95 % des Maliens, en acceptant la demande que nous avons formulée », a-t-il déclaré.
Selon Mohamed Kimbiri, premier secrétaire du Haut Conseil Islamique et président du Collectif des Associations Musulmanes du Mali, la laïcité selon la mentalité française n’est rien d’autre que le rejet de la religion. « La réalité française et la réalité malienne ne sont pas les mêmes, alors comment faire de notre Constitution une copie conforme du modèle français ? C’est ce qui nous a choqués », a-t-il déclaré.
Plusieurs voix s’étaient déjà élevées contre le projet. Des partis politiques (FARE AN KA WULI, CNAS FASO HÈRÈ, ADEMA, PARENA…) et plusieurs organisations de la société civile (CMAS DE MAHMOUD DICKO, ESPERANCE NOUVELLE JIGIYA KOURA, RÉFÉRENCE SYNDICALE DES MAGISTRATS…) demandent l’abandon du projet, faute de consensus.
Le 4 mars, le Parti de la renaissance nationale (PARENA) a décidé de se dissocier de toute démarche visant à l’adoption d’un projet non consensuel. Selon le PARENA, les autorités doivent « concentrer les énergies du peuple sur la sécurisation du territoire et le renforcement de la cohésion nationale, afin d’organiser les élections dans les meilleures conditions possibles pour garantir la légalité constitutionnelle ».
Le 1er mars 2023, le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA) a déclaré qu’une constitution n’a pas vocation à régler les moindres détails en lieu et place de la loi. Le SYLIMA attire l’attention du chef de l’Etat sur les « conséquences néfastes de tout affaiblissement du pouvoir judiciaire ». A cet effet, il recommande l’indépendance de tous les magistrats, le respect de « l’indépendance du pouvoir judiciaire ».
M. K. Diakité