La Conférence nationale de refondation (ANR) devrait être le tremplin pour créer les conditions du retour de l’administration afin de pallier le drame de la population lié à l’absence de l’État dans certaines parties du territoire national, y compris le contrôle au-delà des centrale électrique de contrôle. Les conséquences de ces situations, en plus de priver les citoyens de l’exercice de certains droits fondamentaux comme l’éducation et la santé, alimentent également la violence.
Après un retour au calme, les nouvelles autorités de transition, selon leur promesse, doivent créer les conditions du retour de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, dont une partie échappe encore à son contrôle. C’est essentiellement le cri du cœur des populations qui attendent les dividendes de la paix depuis 6 ans malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Youssouf Diallo fait partie des milliers de citoyens qui ont fui leur terre pour se protéger de l’insécurité et des diktats des terroristes. Cet habitant de la commune de Ouatagouna, déplacé à Gao depuis plusieurs mois, déplore l’absence de services administratifs chez lui, comme beaucoup d’autres communes du pays.
« En raison de l’insécurité, les écoles sont fermées à Ouatagouna. Les terroristes se sont longtemps opposés à l’ouverture des classes », dit le jeune Diallo, la gorge nouée. Conséquences : Des dizaines d’enfants sont privés du droit fondamental à l’éducation.
De plus, il dit qu’il espère que certains d’entre eux auront l’opportunité d’étudier cette année. « Nous sommes ravis de voir que la montée en puissance de l’armée nationale a des effets positifs. De plus en plus, la peur change de camp. Pour cette raison, des efforts sont en cours pour que les élèves du deuxième cycle de Ouatagouna puissent poursuivre l’année scolaire à Labbezenga qui dispose d’un camp militaire pour sécuriser la ville », il a déclaré.
Si des efforts restent à faire, notamment au niveau scolaire et sécuritaire, il accueille des actions au niveau de la santé avec l’appui des organisations non gouvernementales (ONG) qui équipent les structures de santé.
Situation presque similaire. Hamidou Guirou et sa famille de 4 personnes ont déménagé à Bamako craignant des représailles pour les conflits intercommunautaires dans la région de Mopti. Deux de ses enfants étaient écoliers. Ils ne sont plus scolarisés depuis qu’ils ont déménagé à Bamako. Le chef de famille, qui entre-temps tente de s’intégrer dans sa nouvelle société, espère un jour retourner dans son village natal dès que les conditions de sécurité seront réunies.
« Maintenant, dans notre village, les défis sont énormes. En raison de l’insécurité, il n’y a presque rien. Pas d’école. Nos femmes et leurs compagnons sont souvent agressés sur le chemin des centres de santé. Une situation qui a obligé les femmes à accoucher dans des villages dans des conditions très difficiles », disait M. Guirou il y a quelques semaines.
Il s’est dit convaincu que la présence de l’Etat, à travers son armée, auprès de la population allégera leur calvaire. Et cette absence est une raison pour les fonctionnaires de reprendre leurs fonctions. Ces faits sont confirmés dans le dernier rapport de l’ONU sur le Mali publié en octobre dernier.
« Aucun membre des autorités judiciaires n’a été relocalisé dans le centre du pays en raison de l’insécurité qui y règne encore, confirme ainsi la nouvelle que l’absence ou la faiblesse des services administratifs de l’Etat dans les zones touchées », confirme le rapport de l’ONU.
Le document de l’ONU précise également que les vols à main armée à Ménaka doivent être exacerbés en raison de l’absence persistante des autorités judiciaires. Une autre implication du manque de présence de l’État dans certaines zones est l’augmentation du nombre d’attaques contre des civils dans la région de Mopti, qui est passé de 307 entre fin mars et fin mai à 326 dans la période du 26 au 26 mai. Août, au cours duquel 181 personnes ont été tuées, 145 blessées et 178 kidnappées.
Face à ces situations, pour de nombreux observateurs, l’une des grandes priorités de l’État malien doit être le rétablissement de la présence et des fonctions régaliennes des instances dirigeantes constituées par les branches de l’État central et des collectivités locales, afin de rétablir la prestation de services.base, de contribuer au retour de la paix et d’organiser le redressement économique de ces communes.
« Sans la présence de l’État, il sera impossible de maintenir la stabilité. Car c’est à l’Etat d’imposer l’ordre, la justice et de créer les conditions d’un retour à une vie normale. En revanche, son absence est synonyme d’anarchie où le plus fort l’emporte sur le faible », a déclaré Séga Diallo, homme politique.
Selon lui, si la transition a réussi à tenir l’Assemblée nationale, il ne devrait y avoir aucun blocus pour que l’administration retourne dans les zones où elle n’est pas présente. Il doit être considéré comme le premier signe d’un nouveau départ (Mali Kura) pour permettre à la population de ressentir la présence de l’Etat à ses côtés.
Le préalable à cette présence de l’administration doit passer par la sécurité des communes par l’armée nationale. Car sans elle il est difficile de réaliser les autres aspects de la délocalisation de l’administration publique. A ce titre, l’assemblée nationale de la refondation en cours doit être un tremplin pour demander au pouvoir central de collecter les moyens du retour de l’administration dans les zones où elle est absente. Parmi les conditions figure la construction ou la rénovation de certains bâtiments qui ont été endommagés.